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Le géant américain de l'informatique IBM a annoncé jeudi suspendre ses publicités sur le réseau social racheté par Elon Musk après un rapport les montrant proches de publications pro-nazis. La Commission européenne a de son côté annoncé vendredi suspendre ses campagnes publicitaires sur X du fait de la "hausse alarmante de la désinformation et des discours de haine".

L'oiseau bleu version Elon Musk n'en finit pas de dérouter. Johannes Bahrke, porte-parole de la Commission européenne, a indiqué vendredi 17 novembre que l'institution a demandé à ses services de suspendre leurs campagnes publicitaires sur X (anciennement Twitter) en raison de la "hausse alarmante de la désinformation et des discours de haine".

"Nous avons constaté une hausse alarmante de la désinformation et des discours de haine sur plusieurs réseaux sociaux ces dernières semaines, et cela concerne bien entendu X", a déclaré ce porte-parole. "Nous avons donc recommandé aux services de s'abstenir de faire des campagnes publicitaires" sur la plateforme, a-t-il ajouté, précisant que cette décision ne remet pas en cause la présence des services de la Commission européenne sur X.

En octobre, l'exécutif européen a ouvert une enquête visant ce réseau social pour la diffusion présumée de "fausses informations", "contenus violents et à caractère terroriste" et "discours de haine" dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas. Cette démarche s'inscrit dans le cadre de l'application de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA), imposant des obligations renforcées aux plateformes.

L'instruction de suspendre toute publicité sur X de la part de la Commission fait aussi suite à une polémique entourant une campagne faite en septembre sur ce réseau social par les services de la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Yiva Johansson, pour faire la promotion d'un projet de législation. Cette campagne est accusée d'avoir utilisé des techniques de microciblage en se basant sur les opinions politiques et religieuses des personnes visées, en violation des règles européennes sur les données personnelles.

L'association autrichienne Noyb, militant pour la protection de la vie privée, a porté plainte jeudi contre la Commission européenne auprès du Contrôleur européen de la protection des données, au nom d'un internaute néerlandais destinataire d'un des messages des services de l'UE. L'ONG réclame une enquête fouillée et l'imposition d'une amende.

⚠ noyb filed a complaint against the EU Commission

👉 The EU Commission used micro-targeting on X to promote its chat control legislation

👉 This violated the EU GDPR and undermined established democratic procedures between EU institutions

read more:https://t.co/BcvaaZXFtW

— noyb (@NOYBeu) November 16, 2023

Une "situation totalement inacceptable"

Outre-Atlantique, X est également pointé du doigt sur la question du placement des publicités. Jeudi, le géant américain de l'informatique IBM a annoncé suspendre ses publicités sur X après un rapport les montrant proches de publications pro-nazis sur la plateforme.

Des publicités pour les grandes entreprises de la tech (Apple, Oracle et IBM) sont apparues près de publications favorables à Hitler et aux nazis, selon un rapport publié jeudi de l'ONG Media Matters, qui lutte contre la désinformation.

"IBM applique une tolérance zéro pour les discours de haine et les discriminations, et nous avons suspendu immédiatement toutes nos publicités sur X pendant que l'on enquête sur cette situation totalement inacceptable", a déclaré l'entreprise à l'AFP.

Un responsable de X a dit à l'AFP avoir "passé un coup de balai" sur les comptes cités par Media Matters, qui ne pourront plus monétiser des publicités sur le réseau. Et les publications elles-mêmes seront marquées "contenu sensible", a-t-il ajouté.

La Maison Blanche accuse Elon Musk

Depuis qu'Elon Musk a racheté Twitter fin octobre 2022 avant d'en changer le nom, la plateforme a assoupli ses règles sur la désinformation, réduit ses équipes de modération des contenus et permis le retour de nombreuses personnalités controversées.

Plusieurs associations ont constaté une hausse de la désinformation et du harcèlement. Une analyse de la plateforme internationale contre la désinformation NewsGuard indique ainsi que les utilisateurs "certifiés" sur X produisent 74% des affirmations fausses ou sans fondement les plus virales liées à la guerre entre Israël et le Hamas.

Dans le même temps, Elon Musk a provoqué la polémique mercredi en soutenant sur X une publication aux relents antisémites et conspirationnistes, puis a ensuite vivement critiqué l'organisation de lutte contre l'antisémitisme Anti Defamation League, qui avait dénoncé une hausse notable de la désinformation et des insultes homophobes et racistes sur le réseau social depuis que les règles ont changé.

La polémique est remontée jusqu'à la Maison Blanche vendredi, celle-ci accusant directement Elon Musk d'avoir fait une "promotion abjecte de la haine antisémite et raciste".

Avec AFP