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Taïwan appelle Pékin à "respecter les résultats de l'élection" présidentielle
Taïwan a demandé dimanche à la Chine de regarder "la réalité" en face et de "respecter le résultat" des élections, après que les électeurs ont choisi le candidat pro-souveraineté Lai Ching-te comme président. Une délégation informelle envoyée par les États-Unis est attendue dimanche à Taipei. Pékin dit "déplorer fortement" la déclaration américaine de félicitations à Lai Ching-te après sa victoire.

Taïwan a appelé, dimanche 14 janvier, la Chine à "respecter les résultats de l'élection" présidentielle remportée la veille par Lai Ching-te. L'issue de ce scrutin réaffirme que l'île est de facto indépendante et que ses citoyens souhaitent la défendre face aux menaces de réunification chinoises.

"Le ministère des Affaires étrangères appelle les autorités de Pékin à respecter les résultats de l'élection, à faire face à la réalité et à renoncer à réprimer Taïwan", selon un communiqué du ministère taïwanais.

Affirmant avoir reçu les félicitations de "plus de 50 pays dont 12 alliés diplomatiques", le ministère a dénoncé les "commentaires absurdes et erronés" des autorités chinoises.

Plus tôt dimanche, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères avait réaffirmé sur le réseau social X (ex Twitter) que, malgré le vote, "Taïwan fait partie de la Chine".

La Chine annonce une réunification "inévitable"

Dès samedi soir, le pays communiste, qui considère Taïwan comme l'une de ses provinces à réunifier par la force si nécessaire, avait assuré que ce vote "n'entravera[it] pas la tendance inévitable d'une réunification avec la Chine". 

Au terme d'une campagne marquée par une forte pression diplomatique et militaire de la Chine, le vice-président sortant, Lai Ching-te, 64 ans, a remporté l'élection présidentielle à un tour avec 40,1 % des voix. Il prendra ses fonctions le 20 mai.

Issu du Parti démocrate progressiste (DPP), comme la présidente sortante Tsai Ing-wen – qui ne pouvait se représenter après deux mandats –, Lai Ching-te a promis de "protéger Taïwan des menaces et intimidations continuelles de la Chine".

Celui qui, par le passé, s'était défini comme "un artisan pragmatique de l'indépendance de Taïwan", a depuis adouci son discours : désormais, comme Tsai Ing-wen, il adopte une position plus nuancée, affirmant qu'un processus d'indépendance n'est pas nécessaire car l'île est indépendante de facto, avec son propre gouvernement et ses élections.

Mais il reste perçu par Pékin comme un promoteur d'"activités séparatistes liées à l'indépendance" et "un grave danger" pour les relations entre la Chine et Taïwan.

Une délégation informelle des États-Unis à Taïwan dimanche

Le statut de Taïwan est l'un des sujets les plus explosifs de la rivalité entre la Chine et les États-Unis.

Dès dimanche, une délégation informelle composée de l'ancien conseiller à la Sécurité nationale, Stephen Hadley, de l'ex-secrétaire d'État adjoint, James Steinberg, et de la présidente de l'Institut américain à Taïwan, Laura Rosenberger, arrivera à Taïwan.

Cette délégation rencontrera lundi "une série de personnalités politiques de premier plan et transmettra les félicitations du peuple américain à Taïwan pour le succès des élections", selon le communiqué de l'Institut.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a félicité Lai Ching-te ainsi que les Taïwanais pour leur "solide système démocratique". Mais "nous ne soutenons pas l'indépendance", a assuré de son côté le président Joe Biden.

Des propos qui ont fait vivement réagir Pékin dimanche. La déclaration américaine "envoie un signal profondément erroné aux forces séparatistes en faveur de 'l'indépendance de Taïwan'", a indiqué dimanche le ministère chinois des Affaires étrangères. "Nous le déplorons vivement et nous y opposons fermement", a-t-il ajouté.

Les États-Unis ne reconnaissent pas Taïwan comme un État et considèrent la République populaire de Chine comme seul gouvernement légitime, mais apportent néanmoins à l'île une aide militaire importante.

La France, par ailleurs, a félicité les élus taïwanais, appelant au respect du statu quo. "Les élections à Taïwan ont à nouveau démontré l'attachement profond des citoyens taïwanais aux valeurs démocratiques, à l'état de droit et aux droits de l'Homme", a déclaré le Quai d'Orsay dans un communiqué.

Avec AFP