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L'ayatollah Khamenei promet une "réponse sévère" après une double explosion meurtrière en Iran
Au moins 95 personnes ont été tuées dans une double explosion survenue mercredi à Kerman, en Iran, lors de la cérémonie en mémoire de l'ancien chef de la Force Al-Qods Qassem Soleimani. Celui-ci avait été tué en 2020 par une frappe américaine à l'aéroport de Bagdad. Le guide suprême iranien a promis une "réponse sévère". Mais pour l'heure, cette attaque n'a pas été revendiquée.

L'ayatollah Ali Khamenei a promis une "réponse sévère" après la double explosion qui a fait au moins 95 morts et 211 blessés, mercredi 3 janvier, à Kerman. Cette attaque, qualifiée d'attentat par des responsables et des médias d'État, a eu lieu dans cette ville du sud-est de l'Iran, où se déroulait une cérémonie en mémoire de l'ancien chef de la Force Al-Qods Qassem Soleimani, tué le 3 janvier 2020 par une frappe américaine à l'aéroport de Bagdad.

"Les ennemis diaboliques et criminels de la nation iranienne ont une nouvelle fois provoqué un désastre et transformé en martyrs un grand nombre de personnes de notre peuple à Kerman", a déclaré dans un communiqué le guide suprême de la Révolution islamique : "Cette catastrophe connaîtra une réponse sévère, si Dieu le veut".

Les deux explosions ont fait 95 morts et 211 blessés, a déclaré à la télévision publique le ministre de la Santé, Bahram Eynollahi, alors qu'un précédent bilan faisait état de 103 morts.

Selon l'agence semi-officielle Nournews, plusieurs bonbonnes de gaz ont explosé sur la route conduisant au cimetière durant la cérémonie d'hommage pour les quatre ans de la mort de Qassem Soleimani . "On ne sait pas encore si les explosions ont été provoquées par les bonbonnes de gaz ou par une attaque terroriste", a déclaré un responsable local cité par les médias officiels. 

The aftermath of deadly blasts in the Iranian city of Kerman on the 4th martyrdom anniversary of Gen. Soleimani pic.twitter.com/CJ4BOadC4N

— Press TV (@PressTV) January 3, 2024

La double explosion a eu lieu près de la mosquée Saheb al-Zaman, où se trouve la tombe du général Soleimani. Une foule compacte composée de représentants du régime et d'anonymes y était rassemblée pour une cérémonie.

Le président iranien Ebrahim Raïssi a condamné un attentat "odieux" et les autorités iraniennes ont décrété pour jeudi une journée de deuil national dans tout le pays en mémoire des victimes.

Cette attaque survient dans un contexte régional très tendu depuis le début du conflit il y a près de trois mois entre Israël et le Hamas à Gaza, et au lendemain de l'élimination d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien dans une frappe aérienne près de Beyrouth.

À Moscou, le président russe Vladimir Poutine, allié de Téhéran, a condamné un attentat "choquant par sa cruauté", a fait savoir le Kremlin.

À Beyrouth, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a qualifié les personnes qui ont péri dans les attaques de "martyrs qui sont morts sur la même route, pour la même cause et dans la même bataille que celle menée par" le général Qassem Soleimani.

L'Union européenne a également réagi, condamnant "dans les termes les plus forts" un "acte terroriste". "L'UE exprime sa solidarité avec le peuple iranien", a indiqué un porte-parole du service diplomatique de l'UE dans un communiqué, dénonçant un "nombre choquant" de victimes civiles. Les auteurs de cet attentat "devront rendre des comptes", ajoute le texte.

Dans la soirée, le chef de l'ONU a "condamné avec force" à son tour la double explosion en Iran. "Le secrétaire général (Antonio Guterres) appelle à ce que les responsables soient traduits" en justice, a déclaré sa porte-parole adjointe Florencia Soto Nino dans un communiqué.

Bombes télécommandées

L'agence de presse iranienne Tasnim, citant des sources informées, a déclaré que "deux sacs contenant des bombes ont explosé" sur le site. "Les auteurs de cet incident ont apparemment fait exploser les bombes à l'aide d'une télécommande", a ajouté Tasnim.

"Nous marchions vers le cimetière lorsqu'une voiture s'est soudainement arrêtée derrière nous et qu'une poubelle contenant une bombe a explosé", a indiqué un témoin cité par l'agence de presse Isna

Les autorités ont indiqué que certaines personnes avaient été blessées en tentant de s'enfuir après la première explosion. Les images de l'attaque suggèrent que la seconde explosion s'est produite environ quinze minutes après la première. 

Selon l'agence de presse officielle iranienne Irna, la première explosion est survenue à 700 mètres de la tombe de Soleimani et la seconde un kilomètre plus loin.

Parmi les personnes tuées figurent trois secouristes qui se sont précipités dans la zone après la première explosion, selon le Croissant-Rouge iranien.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des participants tentant désespérément de quitter le site alors que le personnel de sécurité bouclait la zone. Sur d'autres vidéos, on peut voir des personnes courant, paniquées et désorientées.

Peu après les explosions, des secouristes étaient à pied d'œuvre sur place. De nombreuses ambulances étaient également sur les lieux.

Pas de revendications

Aucun groupe n'a revendiqué la responsabilité de cette attaque. Si Israël a déjà mené des attaques en Iran, il a procédé à des assassinats ciblés et non à des attentats à la bombe ayant fait de nombreuses victimes.

Des groupes extrémistes sunnites, dont le groupe État islamique, ont en revanche mené par le passé des attaques de grande envergure qui ont tué des civils dans l'Iran à majorité chiite, mais pas à Kerman, une ville relativement paisible.

Le porte-parole du département d'État américain Matthew Millet a jugé "absurde" toute suggestion que les États-Unis ou Israël seraient impliqués. Il n'a pas précisé à qui il faisait référence, parlant simplement d'avoir vu "des allégations qui circulent" et indiqué ne pas disposer d'informations "indépendantes" sur l'attentat.

Cette attaque est la plus meurtrière en Iran depuis 1978, quand un incendie criminel avait fait au moins 377 morts dans un cinéma d'Abadan selon les archives de l'AFP.

Avec AFP, Reuters et AP