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Moscou est officiellement sorti jeudi du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), un traité qu'elle avait signé en 2000 mais qui n'est jamais entré en vigueur, faute d'États suffisants à l'avoir ratifié.

La Russie a révoqué, jeudi 2 novembre, sa ratification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), en vertu d'une loi promulguée par Vladimir Poutine sur fond de conflit en Ukraine et de crise avec les Occidentaux.

C'est "un grand pas dans la mauvaise direction", a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken – dont le pays n'a quant à lui jamais ratifié ce document –, exhortant Moscou à ne pas reprendre de tels essais.

Ouvert à la signature en 1996 et ratifié par la Russie en 2000, ce traité n'est cependant jamais entré en vigueur car il n'a été jusqu'à présent ratifié que par un trop faible nombre d'États, parmi les 44 pays qui détenaient des installations nucléaires au moment de sa rédaction.

Début octobre, le président russe avait déjà évoqué l'hypothèse d'une telle révocation, en réponse à Washington.

"Je ne suis pas prêt à dire si nous devons ou pas reprendre les essais", avait ajouté Vladimir Poutine, tout en vantant la mise au point de nouveaux missiles surpuissants pouvant transporter des ogives nucléaires.

Des armes nucléaires tactiques déployées en Biélorussie

La promulgation de la loi russe est "très décevante et profondément regrettable", a commenté Robert Floyd, le secrétaire exécutif de l'organisation onusienne chargée du traité (OTICE, CTBTO en anglais).

Robert Floyd a cependant relevé qu'en dépit de cette décision, la Russie s'était dite "encore attachée" au traité, "y compris au fonctionnement de toutes les stations de surveillance de l'OTICE sur son territoire" qui permettent de détecter en temps réel la plus petite explosion.

De son côté, la France a "déploré" la décision. "Depuis l'ouverture à la signature de ce traité, l'interdiction des essais nucléaires s'est établie comme une norme commune, que seule la Corée du Nord a violée au XXIe siècle", a noté le ministère français des Affaires étrangères, estimant que "la décision de la Russie compromet le travail d'universalisation du traité".

Depuis le début du conflit en Ukraine en février 2022, le président russe a soufflé le chaud et le froid quant au recours à l'arme nucléaire, déployant à l'été 2023 des armes nucléaires tactiques en Biélorussie, le plus proche allié de Moscou.

Préparer les forces russes à une "frappe nucléaire massive" de riposte

La loi sur la révocation de la ratification du Traité d'interdiction des essais nucléaires avait d'abord été votée par la Douma d'État, la chambre basse du Parlement russe, avant de l'être à l'unanimité par la chambre haute, le Conseil de la Fédération, fin octobre.

Le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, avait qualifié ce vote de "réponse à une attitude odieuse des États-Unis envers leurs obligations sur le maintien de la sécurité mondiale".

Fin octobre, la Russie a également procédé à des tirs d'essai de missiles balistiques en vue de préparer ses forces à une "frappe nucléaire massive" de riposte.

La doctrine nucléaire russe prévoit un recours "strictement défensif" à l'arme atomique, en cas d'attaque de la Russie avec des armes de destruction massive ou en cas d'agression avec des armes conventionnelles "menaçant l'existence même de l'État".

En février, la Russie avait aussi suspendu sa participation au traité de désarmement nucléaire New Start conclu avec les États-Unis en 2010, le dernier accord bilatéral liant Russes et Américains.

Avec AFP