
Elles sont présentes en sourdine mais bien là. Dans la musique, même si les femmes occupent parfois une plus petite place dans la partition, elles font entendre leur voix. Pendant longtemps, elles ont été oubliées, privées de la pratique des instruments à vent ou de ceux qui nécessitaient d’avoir les jambes écartées. Dans le rap, elles s’imposent de plus en plus. En Chine, c’est comme DJ qu’elles commencent à percer.
En plus de dix années de conservatoire, Chloé Thibaud a soudainement réalisé, à l’âge adulte, qu’elle n’avait jamais étudié d'œuvres d'une femme compositrice. Devenue journaliste, elle s’est demandé pourquoi.
Mais de nombreux interdits persistent autour de la pratique musicale par les femmes. Aujourd’hui encore, il est interdit aux Iraniennes de chanter en public. Pour elles, le sens de la voix est double : celle qui permet de fredonner, mais aussi de s’exprimer dans l’espace public pour faire entendre son opinion. Pour Chloé Thibaud, le mythe des sirènes qui tentèrent de séduire Ulysse et ses compagnons est longtemps resté dans les esprits. Mais cela n’a pas empêché certaines femmes de s’emparer de chansons écrites par des hommes, pour des hommes, pour critiquer les femmes et d’en faire des hymnes féministes… Comme "Respect" interprété par Aretha Franklin ou "Girls just want to have fun" repris par Cindy Lauper.
Dans certains styles musicaux, les femmes restent encore peu présentes, comme le rap. En France, 95 % des albums sont signés par des hommes. Les femmes, présentes en coulisses, sont plutôt prises pour les "compagnes de" que pour des artistes qui attendent leur entrée en scène. Dans l’encadrement des musicien·nes aussi, elles sont moins nombreuses dans ce genre que dans d’autres secteurs de la musique.
Chez les DJ aussi, les femmes sont moins nombreuses. En Chine, elles constituent une extrême minorité. Même si elles évoluent dans un milieu underground, elles se plaignent d'y être souvent réduites à leur apparence.