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Après avoir connu un week-end chaotique, les Eurostar circuleront, comme mardi, de façon réduite. Non sans fracas. Eurotunnel, l’exploitant du tunnel, et Eurostar se rejettent la responsabilité d’un fiasco retentissant.

La compagnie Eurostar, dont la SNCF est l’actionnaire majoritaire, et le groupe privé Eurotunnel, en charge de l’exploitation du tunnel sous la Manche, sont au cœur d’une polémique après l'arrêt au milieu du tunnel de cinq TGV transportant 2 000 personnes au total. Un incident qui a retardé le départ de 70 000 autres voyageurs à Paris comme à Londres. La reprise partielle du trafic n’a pu reprendre que mardi matin. En total désaccord, les deux compagnies se renvoient, par voie de communiqués, la responsabilité de ce fiasco retentissant.
La première anicroche porte sur l’origine de l’accident. Pour Eurostar, elle est d’ordre météorologique. En se condensant à l’entrée du tunnel, la neige poudreuse a bloqué les systèmes de ventilation provoquant l’arrêt des moteurs. Eurotunnel rétorque que ce sont les TGV qui n’ont pas résisté à la neige puisque leurs navettes de transport de marchandises ont continué à fonctionner normalement.
Le groupe précise que, malgré les conditions climatiques, "son infrastructure n'a jamais cessé d'être opérationnelle au cours des quatre derniers jours et qu'elle a permis l'évacuation en toute sécurité de 1 364 passagers des trains Eurostar tombés en panne au cours de la nuit". L'exploitation de son service de transport, les navettes, a repris dès samedi à 5h30, ajoute Eurotunnel.
Problème de communication sous la Manche
Le deuxième point de désaccord entre les deux sociétés concerne l’information des passagers. Qui aurait dû assurer la communication auprès des usagers bloqués pendant plusieurs heures dans le tunnel ? Pour Eurostar, c’est au gérant de le faire lorsque que le TGV se trouve sous la Manche. "Il va falloir voir quelles sont les responsabilités pour Eurostar, bien entendu, mais aussi pour Eurotunnel qui est en charge de l'évacuation des trains et de la communication auprès des clients dans le tunnel", a déclaré Nicolas Petrovic, lors d'une conférence de presse, lundi. Un point de vue irrecevable pour Eurotunnel pour qui Eurostar est censé garder le contact avec ses clients. "Nous n’avons aucun moyen technique pour communiquer avec les passagers, qui sont les clients d’Eurostar. En cas de panne, notre centre de contrôle ferroviaire n’est en contact qu’avec le conducteur du train", précise à France24.com, Hélène Cargo, responsable de communication à Eurotunnel.
L’évacuation des passagers est également au cœur du débat. Pour Eurostar, c’est à Eurotunnel qu’incombe l’évacuation lorsque les passagers sont bloqués dans le tunnel. Jointe par l'AFP, une porte-parole d'Eurotunnel, a répondu que la demande d'évacuation devait être faite par le personnel à bord d'Eurostar, et que cela n'avait pas été le cas concernant un des trains bloqués dans le tunnel.
Ces différents points de discorde restent à éclairer pour comprendre les responsabilités de chacun. Mardi, Jean-Louis Borloo, ministre de tutelle des Transports, a renvoyé les deux sociétés dos-à-dos lors de la séance de questions d'actualité à l'Assemblée nationale, mettant en cause des problèmes inhérents aux trains et au tunnel et aux rapports entre les deux entités. Le ministre a annoncé que des travaux destinés à améliorer l'information des passagers en cas d'incident dans le tunnel avaient été décidés et que des "trains d'évacuation" allaient être mis en place de chaque côté du tunnel.