Plus de 300 prisonniers de la guerre au Yémen ont été libérés vendredi au premier jour d'un vaste échange de prisonniers entre entre les rebelles Houthis et le gouvernement yéménite soutenu par l'Arabie saoudite, au lendemain de discussions sur une trêve dans le pays. L'opération, supervisée par le Comité international de la Croix-Rouge, doit durer trois jours.
Plus de 300 détenus de la guerre au Yémen ont été libérés, vendredi 14 avril, au premier jour d'une vaste opération d'échange entre les camps ennemis qui s'affrontent depuis huit ans : d'un côté, les rebelles Houthis proches de l'Iran, au pouvoir depuis 2014 à Sanaa ; de l'autre, le gouvernement appuyé par l'Arabie saoudite, siégeant à Aden, au sud du pays, depuis qu'il a été chassé de la capitale.
Soixante-neuf personnes ont pris un avion de Sanaa à Aden, la capitale provisoire du gouvernement, dans le sud du pays, et 249 autres ont fait le trajet inverse au premier jour d'une opération devant s'achever dimanche et se dérouler dans plusieurs villes, a indiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un communiqué.
Des nombreuses personnes s'étaient rassemblées dans les deux aéroports pour accueillir un ou plusieurs proches.
Le processus d'échange de prisonniers doit se dérouler sur trois jours dans diverses régions du Yémen et de l'Arabie saoudite, a précisé le (CICR) qui supervise l'opération.
Des milliers d'autres familles séparées
À Sanaa, des dizaines de prisonniers sont descendus d'un avion, brandissant le poing en l'air en signe de victoire. Yahia Abou Korra a dit avoir attendu le retour de son fils "depuis cinq ans". Et à l'approche des célébrations de la fin du ramadan la semaine prochaine, il se réjouit de cette "double fête". Des dizaines de personnes se sont même rassemblées sur le tarmac à l'approche de l'avion de la compagnie Yemenia.
À Aden, des cris de joie ont retenti quand sont sortis du premier avion l'ancien ministre de la Défense, Mahmoud al-Subaihi, et le frère de l'ancien président, le général Nasser Mansour Hadi. Le père d'un détenu, Nasser Al-Dhalei a parlé de "sentiments indescriptibles".
L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a salué vendredi le début de l'échange tout en rappelant que "des milliers d'autres familles attendent toujours d'être réunies".
La dernière opération de cette ampleur remonte à octobre 2020, lorsqu'un millier de détenus avait été libéré. Fin mars, au début du ramadan, le gouvernement et les rebelles avaient conclu un accord à Berne, en Suisse, pour échanger près de 900 prisonniers.
Négociations "sérieuses et positives"
Cette opération intervient dans un contexte d'apaisement régional : l'Arabie saoudite et l'Iran ont décidé de réchauffer leurs relations après des années de tension diplomatique et d'opposition par fronts interposés au Moyen-Orient. Ce revirement diplomatique a suscité des espoirs d'un apaisement de la situation au Yémen.
Jeudi, une délégation saoudienne a quitté Sanaa avec un "accord préliminaire" de trêve et la promesse de "nouveaux pourparlers", selon un responsable rebelle qui a souhaité garder l'anonymat.
Les discussions à Sanaa ont été "sérieuses et positives" avec des "progrès sur certaines questions", a assuré sur Twitter le négociateur en chef des Houthis, Mohammed Abdelsalam.
Selon des sources au sein du gouvernement yéménite, qui ont requis l'anonymat, les discussions portent sur une trêve de six mois ouvrant la voie à une période de pourparlers de trois mois.
L'année dernière, les parties avaient déjà observé une trêve de six mois. Si elle n'a pas été officiellement reconduite après son expiration début octobre, la situation est restée relativement calme sur le terrain.
L'Arabie saoudite voisine intervient au Yémen depuis 2015 pour appuyer les forces pro-gouvernementales contre les Houthis, des rebelles soutenus par l'Iran, et qui, en huit ans de conflit, se sont emparés de vastes pans du territoire du Nord et de l'Ouest de ce pays le plus pauvre de la péninsule arabique.
La guerre au Yémen a provoqué l'une des pires crises humanitaires au monde, avec des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, dans un contexte d'épidémies, de manque d'eau potable et de faim aiguë. Plus des trois quarts de la population dépendent d'une aide internationale qui ne cesse de diminuer.
Avec AFP