Jack Teixeira, le jeune homme de 21 ans soupçonné d'être à l'origine du scandale de fuites de documents confidentiels qui secouent depuis plusieurs jours les États-Unis, devrait être présenté à la justice vendredi au lendemain de son arrestation. Portrait.
Employé subalterne de la Garde nationale aérienne américaine, Jack Douglas Teixeira est suspecté d'être à l'origine d'un des plus graves scandales de fuites de documents confidentiels depuis dix ans aux États-Unis.
L'arrestation de ce jeune homme de 21 ans, jeudi 13 avril, à Dighton, une petite ville rurale au sud de Boston (nord-est), a été retransmise en direct par les chaînes de télévision américaines.
Jack Teixeira est soupçonné d'avoir constitué un risque "très grave" pour la sécurité nationale des États-Unis, selon le Pentagone, en divulguant en ligne des documents secrets sur la guerre en Ukraine et qui suggèrent aussi que Washington collecte des renseignements sur ses proches alliés. Il pourrait comparaître vendredi devant un tribunal du Massachusetts, selon une source au sein du ministère de la Justice.
Selon la Garde nationale, le suspect s'était engagé en septembre 2019 et travaillait en tant que spécialiste informatique et communications. Il avait atteint le rang d'aviateur de première classe, le troisième le plus bas de la hiérarchie, et était affecté à la 102e escadre de renseignement, dans la base conjointe de Cape Cod, dans l'est du Massachusetts.
Issu d'une famille de militaires, son beau-père a pris sa retraite après 34 ans de service dans la base militaire où lui-même travaillait, selon le Cape Cod Times, tandis que son demi-frère y travaille également actuellement.
La mère de Jack Teixeira a travaillé dans des ONG de soutien aux anciens combattants, ainsi qu'au département des services aux anciens combattants du Massachusetts, selon les médias américains. Elle a posté des photos de la famille chaque année à l'occasion de la Journée des anciens combattants.
"Informer et impressionner"
Le Washington Post avait rapporté mercredi que la fuite était l'œuvre d'un jeune homme ayant travaillé sur une base militaire, qui a partagé ses informations sur un groupe privé en ligne du réseau social Discord. Sous le pseudonyme "OG", le suspect aurait publié pendant des mois des documents issus de la base militaire où il travaille. Il avait cependant demandé aux autres membres du groupe Discord, dont il était le leader officieux selon le New York Times, le premier média a avoir révélé son identité, de ne pas diffuser les documents secrets, assurant qu'il n'avait pas l'intention de jouer les lanceurs d'alerte.
Selon des témoignages récoltés par le quotidien américain, le jeune homme voulait simplement enseigner aux jeunes membres du groupe "ce qu'était la vraie guerre".
Son objectif, selon les membres du groupe, qui s'est formé dès 2020, en pleine pandémie, autour de leur passion mutuelle pour les armes à feu, le matériel militaire, les jeux vidéos et la religion, "était à la fois d'informer et d'impressionner".
C'est ainsi qu'à partir d'octobre au moins, que Jack Teixeira a commencé à partager des descriptions d'informations classifiées "avant de finir par mettre en ligne des centaines de pages de documents, y compris des cartes détaillées du front en Ukraine et des évaluations confidentielles de la machine de guerre russe".
Selon le Washington Post, "OG" a expliqué à ses acolytes qu'il s'agissait de documents trouvés dans une "base militaire" où il travaillait, parfois dans des locaux sécurisés où les téléphones portables et autres appareils électroniques étaient interdits.
"Tout le monde respectait OG", a déclaré Vahki, un membre du groupe cité par le New York Times. "Il était le mec, le mythe. Et il était la légende. Tout le monde le respectait".
Et d'ajouter : "Ce type était chrétien, anti-guerre, et voulait simplement informer ses amis de ce qui se passait".
À Washington, le procureur général Merrick B. Garland a annoncé que Jack Teixeira, arrêté pour "retrait, conservation et transmission non autorisés d'informations classifiées relatives à la défense nationale", en référence à la loi sur l'espionnage (Espionage Act), sera traduit devant la Cour fédérale de district du Massachusetts.
La justice, à l'instar des autorités américaines, devra notamment éclaircir les circonstances qui ont permis à un jeune aviateur de première classe d'avoir accès à des informations aussi sensibles sur la guerre en Ukraine, et aux rapports quotidiens de renseignement émanant notamment de la CIA et de l'Agence de sécurité nationale.
Avec AFP