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En Iran, l'état du rappeur emprisonné Toomaj Salehi nécessite des soins médicaux "urgents"

Célèbre pour ses chansons critiques du pouvoir iranien, le rappeur Toomaj Salehi, en prison depuis le 31 octobre en Iran, a été sévèrement torturé et a besoin de traitements médicaux, dénonce une ONG. Le jeune musicien qui risque la peine de mort, est non seulement privé de soins, mais aussi d'accès à un avocat de son choix. 

Le Centre pour les droits humains en Iran (CHRI) tire la sonnette d'alarme. Le rappeur iranien, Toomaj Salehi a besoin d'un traitement médical "d'urgence", a indiqué jeudi 6 avril cette ONG basée à New York. Arrêté fin octobre après avoir exprimé son soutien aux manifestations hostiles au pouvoir en Iran, ce jeune musicien risque la peine de mort en Iran.

Selon plusieurs sources en Iran proches de Toomaj Salehi, il "a demandé un traitement médical d'urgence qui ne peut être fourni à l'intérieur de la prison", a rapporté le CHRI.

Le rappeur est accusé par la justice iranienne de "corruption sur terre", ce qui le rend passible de la peine capitale en Iran. La cause ? Il a fortement soutenu les protestations anti-régime depuis la mort de Mahsa Amini, via des chansons centrées sur des problématiques sociales.

"Toomaj est le seul rappeur iranien qui parle des classes ouvrières et des défavorisés. Ses textes sont politiques et très beaux. C’est un poète dont les mots n’appellent pas à la violence mais ils appellent au réveil", estime la célèbre auteure de "Persepolis", Marjane Satrapi, qui milite pour la libération de l’artiste. "Il est devenu un symbole pour tout un pays. La libération de Toomaj voudrait dire la libération de la parole en Iran", souligne-t-elle sur France 24.

En Iran, l'état du rappeur emprisonné Toomaj Salehi nécessite des soins médicaux "urgents"

Pas d'accès à une défense équitable

Le jeune homme de 33 ans, incarcéré depuis le 31 octobre, est détenu à l'isolement à Dastgerd (centre), mais n'a pas accès à une défense équitable. Il s'est vu refuser l'avocat de son choix et n'a pas eu le droit de préparer sa propre défense, a dénoncé l'ONG. 

"Il a besoin d'urgence d'une pression internationale intense et coordonnée pour sa libération, comme le nécessitent beaucoup d'autres détenus et prisonniers politiques en Iran", a affirmé le directeur du CHRI, Hadi Ghaemi.

Immédiatement après son arrestation en octobre, une vidéo avait été diffusée par l'agence officielle Irna, montrant un homme tatoué se présentant comme Toomaj Salehi, un bandeau sur les yeux, des bleus sur le visage, qui s'excusait de son soutien au mouvement anti-régime.

"On a toutes les raisons de penser qu’il peut s’agir d’aveux extorqués", a indiqué sur France 24 son avocat français, Dylan Slama, qui a déposé une plainte devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.

Une plainte pour "sauver la vie de ce jeune homme" et aussi relancer la mobilisation internationale, commente Maître Slama. "Nous pouvons agir de l’extérieur", explique-t-il, "à un moment donné, le régime iranien ne pourra plus se permettre de rester sourd et aveugle à ce qu'il se passe".

Urgence médicale

Le rappeur a été "sévèrement torturé" les premiers jours suivant son arrestation : son œil gauche a été sérieusement blessé par des coups à la tête et sa cheville droite a été cassée, a confié une source – non citée pour des questions de sécurité – au CHRI.

Sa famille n'a pas eu la permission de l'emmener à l'hôpital, a poursuivi cette source. 

L'Iran est secoué par un mouvement de contestation depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans détenue par la police des mœurs, qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict imposant notamment aux femmes le port du voile.

Quatre hommes ont été exécutés jusqu'ici pour des faits commis en lien avec ces manifestations. 

Selon l'ONG basée en Norvège, Iran human rights (IHR), au moins 537 personnes ont été tuées par les forces de sécurité iraniennes dans la répression de ce mouvement. 

Avec AFP