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Les Parisiens votent contre les trottinettes en libre-service

Les électeurs parisiens se sont prononcés, dimanche, à près de 90 % "contre" le maintien des trottinettes électriques en libre-service dans la capitale française qui disparaitront donc à partir du 1er septembre. Cette consultation reste toutefois marquée par une très faible participation.

Une très faible participation, mais une opposition écrasante : les Parisiens ont voté, dimanche 2 avril, à 89,03 % contre le maintien des trottinettes électriques en libre-service dans la capitale, un rejet sans surprise qui n'a toutefois pas mobilisé les foules.

Un peu plus de 100 000 personnes (103 084), inscrites sur les listes électorales, ont voté contre ces deux-roues. La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, s'était engagée "à respecter purement et simplement le résultat", quel qu'il soit. Elle-même avait fait campagne pour le vote "contre", en soulignant que l'éviction de ces trottinettes réduirait "les nuisances" sur le bitume et les trottoirs de la capitale.

Après les avoir accueillies en 2018, Paris va donc devenir la première capitale européenne à complètement interdire les trottinettes en libre-service, à la fin des contrats liant la ville aux trois opérateurs privés Lime, Tier et Dott.

"Le 1er septembre prochain, il n'y aura plus de trottinettes en libre-service à Paris", a confirmé Anne Hidalgo en proclamant les résultats devant la presse, après 23 h. Elle a salué une "belle journée pour la démocratie participative, qui vaut beaucoup mieux que la démocratie d’opinion et la démocratie sondagière".

Faible participation

Le scrutin a cependant été marqué par une très faible participation, à 7,46 %, ce que n'ont pas manqué de relever les opposants à la municipalité. "Les Parisiens ont marqué leur profond désintérêt pour la votation (...) organisée par Anne Hidalgo", a raillé la droite municipale dans un communiqué. Le conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel (Horizons) a pour sa part dénoncé "le manque d'engagement de l'exécutif municipal" pour cette consultation.

Déplorant que le scrutin ne soit organisé que dans une vingtaine de lieux de la capitale, les opérateurs de trottinettes avaient réclamé, en vain, un vote électronique, plus mobilisateur chez les jeunes, leur première clientèle.

"La mobilisation aurait pu être plus large et représentative si les modalités de la votation avaient été différentes : plus de bureaux de vote, scrutin électronique, information municipale", ont estimé les trois exploitants privés dans un communiqué commun. "Le résultat de cette votation aura un impact direct sur les déplacements de 400 000 personnes par mois", ont-ils prévenu. Sans omettre de préciser qu'il aura aussi des conséquences sur les finances de la ville, puisque les trois loueurs lui versaient annuellement quelque 930 000 euros.

Conséquences économiques

Ces sociétés, qui gèrent 15 000 trottinettes à elles trois, ont tout tenté pour échapper à l'éviction, craignant qu'elle n'envoie un signal négatif aux villes moyennes hésitant à autoriser ce service. Y compris avec des méthodes controversées, comme l'offre d'une course gratuite dimanche et le recours à des influenceurs sur les réseaux sociaux pour mobiliser leur jeune clientèle. "En toute légalité", s'est défendu Nicolas Gorse, directeur général de Dott France.

Les opérateurs ont aussi alerté des conséquences économiques d'une interdiction, l'activité de location de trottinettes à Paris représentant 800 emplois. "À partir de maintenant, notre priorité en tant qu'employeurs responsables est d'assurer l'avenir de nos salariés", ont souligné dimanche soir les trois opérateurs.

La mairie va "travailler avec eux les aspects sociaux" du dossier, a assuré de son côté le maire-adjoint aux transports, David Belliard.

Les trottinettes électriques sont accusées par leurs détracteurs d'être abandonnées n'importe où dans l'espace public, de frôler à toute vitesse les piétons sur les trottoirs, ou encore de présenter un mauvais bilan carbone. Dangereux quand ils sont mal conduits, ces deux-roues - en libre-service ou non - ont été impliqués dans 408 accidents à Paris en 2022, dans lesquels trois personnes sont mortes et 459 ont été blessées, selon les autorités.

"On est satisfait. Le libre-service est très accidentogène et très polluant (...), et incompatible avec des villes denses comme Paris, dans les conditions actuelles", a déclaré dimanche soir à l'AFP Arnaud Kielbasa, cofondateur d'Apacauvi, une association qui défend les victimes d'accidents de trottinettes.

Avec AFP