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Réforme des retraites : nuit incandescente à Paris et dans plusieurs villes de France

Le conflit sur la réforme des retraites s'est poursuivi, jeudi, avec un regain de mobilisation et des images de violences inédites au neuvième jour de mobilisation. Des incidents ont éclaté à Paris et dans plusieurs grandes villes françaises.

Une mobilisation en hausse et des scènes de violences dans plusieurs villes françaises : voici le bilan après la 9e journée nationale, jeudi 23 mars, contre la réforme des retraites et avant de nouvelles manifestations prévues pour le 28 mars.

Entrée dans son troisième mois, la contestation contre la loi controversée de l'exécutif a rassemblé entre 1,089 million (Intérieur) et 3,5 millions (CGT) de manifestants jeudi. Signe que le 49.3 décidé par le gouvernement et l'intervention, la veille, du président de la République n'ont pas refroidi les ardeurs des opposants. 

Dans le cortège brestois, Aurélie Thieffry, 35 ans, animatrice périscolaire dans le Finistère, s'est dite convaincue de pouvoir faire reculer l'exécutif : "Ça va être compliqué mais avec un peu d’organisation, c’est possible d’y arriver".

"On sent qu'il y a un élan extrêmement fort de la population, une opinion publique qui est largement convaincue et donc voilà tant qu'il y a un calendrier qui nous permet d'agir, on est mobilisés", a commenté Marylise Léon, n°2 de la CFDT à l'issue de l'intersyndicale qui a donné à nouveau rendez-vous mardi aux manifestants et grévistes, avec des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end.

Les syndicats, rassurés par les chiffres de la mobilisation, ont été aussi ragaillardis par des cortèges où les jeunes sont manifestement venus plus nombreux.

Tout sauf une surprise tant son irruption avait été pronostiquée depuis le début de la mobilisation : la violence, qui n'avait jusqu'ici été que sporadique, a également fait une entrée en scène spectaculaire dans le jeu entre le gouvernement et les syndicats.

Porte de la mairie de Bordeaux incendiée, "scènes de chaos" dénoncées par la maire de Rennes, canons à eau à Lille et Toulouse, manifestante avec un pouce arraché à Rouen, commissariat pris pour cible à Lorient (Morbihan)... Les violences sont montées d'un cran. Presque partout dans les métropoles. "Inacceptables", a jugé la Première ministre, Élisabeth Borne.

Réforme des retraites : nuit incandescente à Paris et dans plusieurs villes de France

L'exécutif reste inflexible sur la réforme des retraites

À Paris, des violences ont éclaté en tête de la manifestation avec leur lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit, et des incidents se sont poursuivis en soirée dans le sillage de cortèges dits "sauvages". À rebours d'un défilé où la grande majorité des manifestants a marché pacifiquement.

Réforme des retraites : nuit incandescente à Paris et dans plusieurs villes de France

Feux de poubelle, sirènes et gyrophares ont strié une nuit où des grappes de manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l'ordre. 

Le ministre de l'Intérieur a fait état de 172 interpellations en France, et de 149 blessés dans les rangs des forces de l'ordre, selon un bilan provisoire donné vers 22 h. La préfecture de police de Paris a fait état de 103 personnes interpellées dans la capitale. Gérald Darmanin a dénoncé la violence de "casseurs souvent venus de l'extrême gauche".

La stratégie de l'exécutif, "c'est une stratégie minoritaire de faire pourrir un mouvement social et de faire peur aux gens en employant la violence, et j'ose parler de violences policières", selon Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT.

La police procède à de nombreuses charges et matraque les manifestants dans le cortège parisien.#manif23mars #reformedeseetraites pic.twitter.com/CfBHJ4G4pz

— Amar Taoualit (@TaoualitAmar) March 23, 2023

Les mobilisations anti-bassines dans les Deux-Sèvres ce week-end et la venue du roi Charles III la semaine prochaine en France, en pleine crise sociale, promettent en tout cas un sacré défi pour un exécutif décidé à jouer l'ordre. Ce dernier reste inflexible sur sa réforme. Emmanuel Macron avait défendu bec et ongles, mercredi, une réforme "nécessaire" pour les finances publiques, assumant son "impopularité".

À l'issue de ce nouvel épisode d'un conflit dont aucun camp ne semble chercher une sortie, les responsables politiques de gauche ont invité, jeudi, les Français à amplifier encore la contestation contre la réforme des retraites, Fabien Roussel appelant à "mettre le pays à l'arrêt", et Jean-Luc Mélenchon à "jeter toutes les forces dans la bataille".

Pour Marine Le Pen, finaliste malheureuse de la dernière présidentielle, "Emmanuel Macron ne peut plus gouverner seul, il doit désormais en revenir au peuple".

Avec AFP