
Préparé par cinq des grandes puissances présentes au sommet, le projet de pacte contre le réchauffement climatique n'a toujours pas été approuvé par les 193 États qui y participent. Les pays les moins avancés le critiquent vivement.
REUTERS - Pays développés et émergents ont conclu in extremis vendredi soir un accord a minima sur la lutte contre le réchauffement climatique, selon certains signataires, le « meilleur possible ».
Le texte devait encore être approuvé par l’ensemble des 193 Etats participant à la conférence de Copenhague et les tractations se poursuivaient tard dans la soirée.
« Si cela passe en séance plénière d’ici quelques heures alors je le verrai comme un succès modeste », a dit Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique. « Nous aurions pu faire plus. »
La déclaration politique proposée par 26 pays industrialisés et émergents au sommet de Copenhague confirme l’objectif de limitation de la hausse des températures à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.
Mais elle ne reprend ni l’objectif global de réduction des émissions de CO2 de 50% d’ici 2050, rejeté par la Chine et l’Inde, ni l’idée d’une Organisation mondiale de l’Environnement - deux points défendus jusqu’au bout par les Européens.
itLors d’une conférence de presse, Nicolas Sarkozy s’est déclaré déçu par ces deux absences. Il a néanmoins jugé “positif” l’accord de Copenhague, même s’il “n’est pas parfait”.
Il a fait valoir que les 192 pays participants avaient accepté de prendre par écrit des engagements sur leurs objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2015-2020, qui seront annexés à la déclaration politique.
“La totalité de ces engagements chiffrés sera présentée au mois de janvier”, a précisé le président français.
Faute d’une instance internationale chargée de vérifier leur mise en œuvre, chaque pays s’engage à adapter sa législation nationale pour la rendre conforme à ces engagements.
Le président américain Barack Obama qui a réussi, comme la Chine et l’Inde, à faire prévaloir ses positions restrictives sur les ambitions européennes, a estimé que ça n’était qu’une étape. “Il nous faut aller beaucoup plus loin”, a-t-il dit.
La Commission européenne juge qu’”un accord vaut mieux qu’une absence d’accord”
mais estime que celui de Copenhague n’est pas à la hauteur de ses attentes, “et de loin”.
“Mais il maintient en vie nos objectifs et nos ambitions. Il prend en compte les besoins des pays en développement. C’était le seul accord possible à Copenhague”, a dit une porte-parole de l’exécutif européen.
Mais ce projet d’accord est "le pire de l'histoire", a estimé jeudi le délégué soudanais Lumumba Stanislas Dia-Ping, dont le pays préside le G77 (130 pays en développement).
"Pour le moment, il n'y a pas d'accord", a-t-il insisté, juste un projet de déclaration qui doit encore être entériné, soulignant que la Chine ne s'était "pas prononcée officiellement". "Si un seul pays dit +non+, il n'y aura pas d'accord et de nombreux pays ont dit qu'ils refuseraient", a-t-il affirmé.
Révision en 2015
Le projet de déclaration reprend l’idée d’un fonds de 10 milliards de dollars par an en 2010-2011-2012 pour faire face aux besoins des pays pauvres et sur la nécessité de porter cette aide à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020.
Les Etats-Unis ont obtenu que les contributions nationales pour 2010-2011-2012 puissent suivre une pente croissante plutôt que d’être la même chaque année.
Les participants, y compris les Etats-Unis, reconnaissent la nécessité de financements innovants, sur lesquels un groupe de travail sera créé début 2010. Ils pourront comprendre la taxation des transactions financières ou du fioul maritime.
Pour Washington, le projet d’accord de Copenhague est insuffisant pour combattre le réchauffement climatique.
“Aucun pays n’est pleinement satisfait (...) mais c’est un pas en avant historique et significatif et une base à partir de laquelle il faudra progresser encore”, a estimé un membre de la délégation américaine.
Pour le négociateur chinois Xie Zhenhua, en revanche, la conférence ouverte le 7 décembre, s’acheminait vers un résultat positif dont tout le monde devrait être heureux.
Selon des sources françaises, la délégation chinoise a failli quitter la conférence vendredi après-midi, au plus fort des tensions qui ont marqué les dernières négociations.
John Ashe, président des négociations onusiennes sur l’application du protocole de Kyoto, a souligné que les objectifs du sommet n’étaient pas atteints.
“Vu le point de départ et les attentes qui pesaient sur la conférence, toute autre issue qu’un accord légalement contraignant n’atteint pas l’objectif”, a-t-il estimé.
“D’un autre côté, (...) la barre était peut-être placée un peu haut, et le fait qu’il y ait à présent un accord (...) nous donne peut-être un point d’appui”, a-t-il cependant ajouté.
L’Union européenne et les Etats-Unis souhaitent que le projet d’accord de Copenhague soit transformé en traité, un instrument juridique contraignant, en 2010.
La chancelière allemande Angela Merkel organisera une conférence à Bonn dans six mois pour préparer la prochaine conférence internationale sur le climat, dans un an, à Mexico, a précisé Nicolas Sarkozy, selon qui une révision des décisions de Copenhague est d’autre part prévue en 2015.