Mobilisée dans les rues du Mexique dimanche, l'opposition a dénoncé une réforme électorale approuvée par le Congrès mercredi dernier. Celle-ci affecterait selon elle l'indépendance de l'INE, en charge de l'organisation du prochain scrutin présidentiel en 2024.
Le Zocalo à Mexico, la plus grande place du Mexique, a vibré sous le slogan "On ne touche pas à mon vote", dimanche 26 février. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans le pays contre une réforme électorale approuvée par le Congrès le 22 février qui menace, selon l'opposition, l'Institut national électoral (INE) en charge d'organiser le prochain scrutin présidentiel en 2024.
Selon les autorités de la ville de Mexico, quelque 90 000 manifestants vêtus de blanc et de rose (les couleurs de l'INE) ont participé à la manifestation, bien loin des 500 000 manifestants avancés par Marko Cortés, chef du Parti action nationale (PAN, droite), parti d'opposition. D'autres manifestations ont eu lieu à travers le pays.
Une première manifestation de l'opposition contre la réforme avait rassemblé le 13 novembre des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Mexico.
Recours devant la Cour suprême
Définitivement approuvée mercredi, la réforme électorale réduit le budget et les emplois à l'INE, que le président de la République, Andres Manuel Lopez Obrador, accuse d'avoir couvert des fraudes dans le passé et de coûter cher aux finances publiques.
"Des éléments-clés (...) du système électoral mexicain qui a permis la rénovation pacifique et périodique des pouvoirs à travers le vote libre et secret peuvent courir le risque de se voir affectés", selon l'INE. L'institution et les partis de l'opposition ont annoncé un recours contre la réforme devant les juges de la Cour suprême.
"Nous leur faisons confiance (...) pour préserver la vie démocratique du pays", a déclaré un orateur, José Ramon Cossio Diaz, lui-même ex-magistrat à la Cour suprême. Il accuse l'actuel président de vouloir "s'approprier le système électoral".
Un président toujours populaire
Adepte du clivage politique, Andres Manuel Lopez Obrador a qualifié ses adversaires de "corrompus" voulant revenir au pouvoir. Il a estimé que les manifestants défendaient également l'ex-secrétaire (ministre) de la Sécurité, Genaro Garcia Luna, qui vient d'être reconnu coupable de trafic de drogue par un tribunal aux États-Unis. Genaro Garcia Luna avait été ministre sous le président de droite Felipe Calderon (2006-2012).
"Ils viennent dire 'On ne touche pas à l'INE', mais aussi 'On ne touche pas à Garcia Luna', et dans le fond 'On ne touche pas au régime corrompu et conservateur'", a déclaré mercredi Andres Manuel Lopez Obrador.
Le président, toujours populaire après plus de quatre ans de mandat, a annoncé une manifestation le 18 mars pour le 85e anniversaire de la nationalisation de la production et de l'exploitation du pétrole par son prédécesseur Lazaro Cardenas. Élu en 2018, Andres Manuel Lopez Obrador quittera le pouvoir à l'issue de son mandat unique de six ans prévu par la Constitution.
Son ministre des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, et surtout la maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, tous deux du parti au pouvoir Morena, sont les favoris dans la course à la succession d'Andres Manuel Lopez Obrador, d'après les enquêtes d'opinion.
Avec AFP