Le président Emmanuel Macron a prononcé, lundi, un grand discours à l'Élysée consacré à la stratégie diplomatique et militaire de la France en Afrique, continent sur lequel son influence est contestée. Mercredi, il s'envolera pour une tournée dans quatre pays d'Afrique centrale.
Un discours et une tournée dans quatre pays d'Afrique. Emmanuel Macron amorce, lundi 27 février, une importante séquence africaine avec un grand discours à l'Élysée consacré à la stratégie diplomatique et militaire de la France sur ce continent.
Le chef de l'État doit préciser sa "vision du partenariat avec les pays africains" et "le cap" qu'il entend se donner durant son second mandat, selon la présidence française. Il présentera "ses priorités et sa méthode pour approfondir le partenariat entre la France, l'Europe et le continent africain", a-t-elle ajouté.
Il enchaînera mercredi avec une tournée dans quatre pays d'Afrique centrale : le Gabon, l'Angola, le Congo et la République démocratique du Congo. Lors de la première étape, à Libreville, il participera à un sommet sur la préservation des forêts du bassin du fleuve Congo.
En juillet, Emmanuel Macron avait déjà effectué une tournée au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau. Il entend poursuivre ses visites sur le continent "quasiment tous les six mois, voire davantage".
Des précisions sur l'évolution du dispositif militaire français
Lors de son discours à Paris lundi, le président devrait également aborder la question très sensible de l'évolution du dispositif militaire français sur le continent après la fin de l'opération antiterroriste Barkhane au Sahel et le retrait forcé des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso. Ces deux pays sont désormais contrôlés par des juntes militaires et un sentiment d'hostilité à l'égard de la France y est vivace.
La France déploie encore quelque 3 000 militaires dans la région, notamment au Niger et au Tchad, après y avoir compté jusqu'à 5 500 hommes, mais elle entend réarticuler son dispositif vers des pays du golfe de Guinée gagnés par la poussée jihadiste et être moins visible sur le terrain.
Dans cette région, et sur l'ensemble du continent, l'influence de la France et des Occidentaux est contestée par la Chine ou la Russie. Ainsi, trois des quatre pays que visitera le président français – Gabon, Congo et Angola – se sont abstenus jeudi dernier lors du vote d'une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU exigeant le retrait russe d'Ukraine.
"Plus d'écoute et d'humilité"
Le discours de lundi fera écho à celui de Ouagadougou en 2017, dans lequel Emmanuel Macron avait marqué sa volonté de tourner la page avec la politique africaine postcoloniale de Paris, la "Françafrique", empreinte de collusions politiques et de liens sulfureux, et tendu la main à une jeunesse africaine de plus en plus méfiante vis-à-vis de la France.
Le président, qui se présentait comme le dirigeant d'une nouvelle génération, avait alors dénoncé devant 800 étudiants les "crimes incontestables" de la colonisation et appelé à une "relation nouvelle" avec l'Afrique, un pacte qu'il entend élargir à l'Europe.
Cette nouvelle approche, plus en retrait, est confirmée par la secrétaire d'État chargée du Développement, Chrysoula Zacharopoulou, qui accompagnera le président français dans sa tournée.
"Aujourd'hui, les pays africains choisissent leurs partenaires librement et souverainement, et c'est tant mieux", souligne-t-elle. Elle estime en outre que le sentiment antifrançais en Afrique francophone pousse Paris à faire évoluer sa "posture vers plus d'écoute et d'humilité".
Avec AFP