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Emmanuel Macron compte sur le Sénat pour "enrichir" la réforme des retraites

Au Salon de l'agriculture samedi, Emmanuel Macron a défendu le texte sur la réforme des retraites qui sera examiné dans quelques jours au Sénat. Le président a affirmé vouloir que le Sénat, situé à majorité à droite, "puisse enrichir" le projet de loi du gouvernement sur les retraites. 

"Je souhaite que le Sénat puisse enrichir" le texte sur la réforme des retraites "avec ce qui lui paraît utile", a indiqué samedi 25 février Emmanuel Macron, trois jours avant l'examen du projet de loi par la chambre haute.

"J'ai vu (que) le Sénat voulait faire avancer les choses sur la politique familiale et les droits des femmes. Je pense que le gouvernement abordera (ce débat) avec de l'ouverture et de la volonté d'engager pour bâtir une majorité derrière ce texte", a poursuivi le chef de l'État.

"Je souhaite que le Sénat puisse enrichir ce texte avec ce qui lui paraît utile. (...) Le Sénat, qui d'ailleurs a plusieurs fois porté des réformes qui étaient assez proches de celle qui est aujourd'hui portée par le gouvernement", a ajouté Emmanuel Macron. 

Les Républicains veulent "voter" le texte

Dans un entretien au Parisien paru samedi soir, le patron du groupe Les Républicains à la chambre haute, Bruno Retailleau, a indiqué "souhaiter voter (le texte), après l'avoir modifié", afin notamment de "ne pas creuser les déficits, mais parvenir à les combler".

"Nous comptons proposer au gouvernement deux options : soit une surcote de 5 % pour les mères de famille qui auraient atteint à la fois une carrière complète et l'âge légal, soit un départ anticipé à 63 ans", a ajouté Bruno Retailleau, évoquant également l'idée d'un "contrat de fin de carrière qui serait exonéré de cotisations familiales" pour les salariés âgés d'au moins 60 ans. 

Le texte, qui n'a été examiné que très partiellement à l'Assemblée nationale lors de débats houleux, sera étudié à partir du 2 mars au Sénat où Les Républicains, dont l'exécutif espère le soutien pour faire aboutir son projet, sont majoritaires.

Si les deux chambres s'entendent ensuite au sein d'une commission mixte paritaire, un vote est possible. En cas de désaccord, le gouvernement peut recourir à l'article 49.3 de la Constitution qui permet d'adopter un texte sans vote. Mais l'exécutif espère pouvoir éviter ce cas de figure.

Le président de la République, qui s'exprimait en marge d'une visite au Salon de l'agriculture à Paris, a ainsi mis fin à une discrétion médiatique observée depuis le début des débats sur la réforme.

Il a au contraire longuement défendu son projet, toute la journée de samedi, auprès des nombreux badauds qui l'ont interrogé sur le sujet, parfois de manière vive.

Une nouvelle journée de grève le 7 mars

"Il faut le faire parce qu'il faut que le régime s'équilibre par le travail et pas par l'impôt, sinon, vous ne pouvez plus investir dans l'éducation (...) dans la santé", a réaffirmé le président de la République.

"Je n'ai pas trouvé de colère chez nos compatriotes", a-t-il toutefois assuré, en disant percevoir "de l'inquiétude".

"C'est aussi ça qui s'exprime dans les manifestations sur les retraites : quand on écoute les gens, c'est pas la retraite, le sujet. C'est le travail et les conditions de travail", a poursuivi Emmanuel Macron, en estimant que "beaucoup de gens qui manifestent, c'est la perspective de leur carrière, c'est 'est-ce que mon travail me paye assez ou pas ?'". "Il y a un sentiment d'injustice", a-t-il encore considéré.

Les organisations syndicales appellent unanimement à une nouvelle journée de mobilisation le 7 mars et menacent de mettre la France à l'arrêt pour empêcher l'adoption du texte.

Avec AFP et Reuters