
Il y a un an, la Russie lançait une offensive de grande ampleur contre l'Ukraine, après celle de 2014. Dans cette édition, Olga Stefanishyna, vice-Première ministre ukrainienne à l’intégration européenne, nous parle du recul des droits humains et de la place des femmes dans le conflit, sur le front ou derrière les lignes. On évoque aussi la question des viols avec Marine Courtade. La journaliste est allée à la rencontre de victimes, avec la coréalisatrice du documentaire "Viols en Ukraine, documenter l'horreur", Ilioné Schultz, et elles ont suivi les enquêtes du bureau du procureur.
Le conflit affecte profondément la population civile : des millions de personnes se sont retrouvées sur les routes de l'exil, des femmes et des enfants, en particulier. Pour celles et ceux restés sur place, la vie quotidienne est très difficile. Le conflit prive la population de l’accès à l’eau, l’électricité, l’éducation…
Malgré une société encore très patriarcale, Olga Stefanishyna décrit des Ukrainiennes qui occupent des places moins traditionnelles. Désormais, plus de 40 000 femmes combattent dans les rangs dans l’armée ukrainienne. Pour celles qui ne manient pas les armes, elles ont grossi les rangs des quelque huit millions de personnes qui ont fui leur domicile, accompagnant les plus âgés et les enfants pour les mettre à l’abri des combats.
Mais la vice-Première ministre accuse aussi Moscou d’exactions contre la population civile ukrainienne : bombardements d’immeubles d’habitation, pillages, crimes sexuels contre des femmes, des hommes, des personnes âgées et des enfants. Elle affirme que la Russie se rend coupable d’actes de type génocidaire, en déplaçant une partie de la population des régions occupées, des enfants notamment, vers des lieux inconnus ou en pratiquant la torture.
Parmi les actes déjà documentés ou encore en cours d’enquête, il y a de très nombreux viols commis sur les civils – hommes, femmes, enfants ou personnes âgées. Les journalistes Marine Courtade et Ilioné Schultz ont suivi les équipes du procureur, des associations et rencontré des victimes. La libération de la parole est difficile, en particulier dans les régions de l’est du pays, où les troupes russes sont parfois accueillies avec joie par une partie de la population.
L’enjeu des enquêtes menées actuellement est de déterminer si ces viols sont systémiques ou s’ils sont le fait isolé de soldats qui agissent de leur propre chef. Si les investigations déterminent qu’il s’agit d’un ordre donné aux troupes, alors ils ne seront pas qualifiés de crimes de guerre, mais peuvent relever de crimes contre l’humanité ou de pratiques génocidaires.
