
Les auditeurs chargés d'enquêter sur les dysfonctionnements à la Fédération française de football (FFF) rendent mercredi leur rapport définitif aux principaux intéressés. À commencer par Noël Le Graët, patron du football français, sur un siège éjectable depuis plusieurs semaines. Le Comex, comité exécutif de la fédération, aura ensuite la charge de tirer les conclusions de cette mission d'audit.
L'heure du verdict sur les de la FFF. Les auditeurs chargés d'enquêter sur ses dysfonctionnements rendent leur rapport définitif, mercredi 15 février, aux principaux intéressés – dont Noël Le Graët, patron du football français, sur un siège éjectable.
Il s'agit de la dernière étape pour la mission d'inspection diligentée par le ministère des Sports, après d'ultimes auditions et deux semaines accordées à Noël Le Graët, à la directrice générale Florence Hardouin (mise à pied) et au comité exécutif de la FFF pour répondre aux accusations. Après l'épilogue de la mission d'audit viendra le temps des conclusions à tirer pour le Comex, le gouvernement du football français composé de quatorze personnes – dont Noël Le Graët.
La balle est d'abord dans le camp du président, mis en retrait depuis le 11 janvier et poussé à la démission par certains de ses proches. Un départ ou un retour aux affaires ? Le dirigeant de 81 ans devrait faire connaître sa position lors d'un Comex extraordinaire bientôt convoqué.
"La situation est intenable. La solution la plus honorable serait qu'il démissionne", explique un élu de l'instance sous couvert d'anonymat. À la FFF, d'autres voix décrivent un "Prez" (son surnom) sonné par les événements, s'estimant innocent et peu enclin à lâcher la barre.
"Une parodie procédurale" pour les avocats de Noël Le Graët
Le président du football français, en poste depuis 2011, se trouve pourtant dans la tempête depuis plusieurs semaines, fragilisé par ses déclarations maladroites sur l'icône Zinedine Zidane et par des témoignages de femmes lui imputant un comportement inapproprié.
Depuis mi-janvier, il est d'ailleurs visé par une enquête pour harcèlement moral et sexuel, ouverte à la suite d'un signalement fait par les inspecteurs. Ces derniers ont indiqué qu'ils transmettraient des éléments d'information supplémentaires à la justice.
Le pré-rapport de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) s'est révélé accablant : Noël Le Graët, écrivent les inspecteurs, n'a "plus la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français" compte tenu de "son comportement envers les femmes, ses déclarations publiques et les défaillances de la gouvernance" à la FFF.
Dans leurs observations, les avocats du président de la FFF, Mes Florence Bourg et Thierry Marembert, pilonnent un texte "émaillé de subjectivité, de jugements de valeur et d'interprétations à charge" et l'impossibilité, pour eux, "d'apporter une contradiction" face à des "extraits de témoignages anonymes, parcellaires, tronqués, imprécis".
"Les méthodes utilisées par les inspecteurs, les manipulations médiatiques, les ingérences politiques confèrent à cette procédure les aspects d'une parodie procédurale", dénoncent-ils encore, pointant des "pressions ministérielles à charge et sans réserve".
La possibilité d'une procédure disciplinaire contre le président de la FFF
La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, n'a pas ménagé ses critiques à l'endroit de "NLG". Après les premiers éléments du rapport, elle a cependant volontairement arrêté de répondre aux questions sur la FFF et son président. Elle tiendra une conférence de presse sur le sujet mercredi à 18 h au ministère.
Cette épineuse question pourrait figurer au menu de la rencontre entre Emmanuel Macron et le patron de la Fédération internationale de football (Fifa) Gianni Infantino, ce mercredi après-midi à Paris.
Le prochain Comex de la FFF s'annonce dans tous les cas animé, avec le retour de Noël Le Graët lui-même, une première depuis un mois. Sa mise en retrait était prévue pour durer jusqu'au Comex suivant la remise du rapport.
Le Breton peut décider de rendre son tablier, sous la pression de ses anciens colistiers, ou de s'accrocher à son poste, ce qui placerait alors sa garde rapprochée dans l'embarras. Pour le faire partir, les membres du Comex n'auraient pas d'autre choix que de démissionner eux-mêmes pour provoquer des élections, une hypothèse radicale que certains n'excluent plus.
Le Comex peut par ailleurs engager une procédure disciplinaire à l'encontre de Noël Le Graët. Ce levier, mis en exergue par la mission d'audit, peut déboucher sur la "radiation" d'un licencié ou d'un dirigeant se rendant coupable d'un "comportement contraire à la morale, à l'éthique ou portant atteinte à l'honneur, à l'image ou à la considération de la FFF (...) ou, plus généralement, du football français", selon les règlements fédéraux.
Avec AFP