logo

Air India veut prendre son envol en commandant 250 avions à Airbus

La compagnie aérienne indienne Air India, privatisée il y a un an, a signé, mardi, une lettre d'intentions géante pour acquérir 250 avions auprès d'Airbus afin de répondre à la croissance attendue de l'immense marché indien.

Un engagement à plusieurs dizaines de milliards de dollars. La compagnie aérienne indienne Air India a signé, mardi 14 février, une lettre d'intentions pour acquérir 250 avions auprès d'Airbus. Ce contrat doit rapidement se doubler d'une autre commande similaire (220 avions) au profit de Boeing, selon des informations de presse.

Les dirigeants d'Airbus et du groupe Tata, propriétaire de la compagnie, ont annoncé l'accord lors d'une cérémonie par visioconférence, en présence du Premier ministre indien Narendra Modi et du président français Emmanuel Macron, à l'occasion du salon AeroIndia à Bangalore.

La compagnie nationale indienne, privatisée l'an passée, a commandé 210 A320neo et 40 gros-porteurs A350 assurant à l'avionneur européen plusieurs mois de production.

Le montant de la transaction n'a pas été dévoilé mais le dernier prix catalogue rendu public par Airbus en 2018 – jamais appliqué en raison des ristournes consenties – la valorise à plus de 36 milliards de dollars.

"Approfondissement constant des relations entre l'Inde et la France"

Négociée depuis près de deux ans, cette intention de commande, qui doit être prochainement concrétisée par de premiers versements pour devenir une commande ferme, comprend également un "nombre significatif d'options" pour des appareils supplémentaires à mesure qu'Air India se développe pour devenir "une compagnie de classe mondiale", selon Shri N. Chandrasekaran, le patron du groupe Tata.

"Notre ambition pour le pays est d'y produire des avions commerciaux à l'avenir", a-t-il ajouté.

Addressing a virtual meeting with President @EmmanuelMacron on agreement between Air India and Airbus. https://t.co/PHT1S7Gh5b

— Narendra Modi (@narendramodi) February 14, 2023

"Cet accord important témoigne non seulement de l'approfondissement constant des relations entre l'Inde et la France, mais aussi des succès et des attentes de l'Inde dans le secteur de l'aviation civile", a abondé le Premier ministre indien Narendra Modi.

L'avionneur européen dispose déjà d'un centre d'ingénierie dans le pays et se fournit auprès de fournisseurs indiens pour certains composants d'avions, a rappelé son président Guillaume Faury pour qui "l'Inde est à l'aube d'une révolution du transport aérien international".

"Il y a un engagement profond en France pour fournir les technologies les plus efficaces disponibles à l'Inde et pour faire partie de votre stratégie du 'Made in India'", a insisté le président français, tandis que le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'est félicité dans un communiqué d'un accord qui allait contribuer à créer des emplois au Royaume-Uni, où sont fabriqués certains éléments des avions comme les ailes ou les réacteurs Rolls Royce de l'A350.

L'Inde est le troisième marché du transport aérien au monde

Cette lettre d'intentions marque une opération reconquête pour Air India, qui opère actuellement une flotte de 115 appareils et n'avait pas acheté d'avions neufs depuis 2006.

Nationalisée en 1953, la compagnie avait été soutenue par les gouvernements indiens successifs qui avaient injecté 15 milliards de dollars jusqu'en 2009 sans empêcher son déclin face à l'explosion des compagnies à bas coûts dans le sous-continent. Le gouvernement a fini par céder Air India à Tata, conglomérat du thé et de l'acier, pour 2,4 milliards de dollars.

Depuis sa prise de contrôle en janvier 2022, Tata entend renouveler la flotte du transporteur national pour répondre à la croissance attendue du marché indien et capter une partie du trafic long-courrier au dépens des compagnies du Golfe. Celles-ci assurent la liaison entre l'importante diaspora indienne et leur pays d'origine.

La compagnie reste le premier transporteur du pays sur les lignes internationales mais n'avait plus qu'une part de marché de 8,7 % sur les lignes intérieures, distancée notamment par la compagnie à bas coûts IndiGo, qui en captait à elle seule 56 %, selon l'aviation civile indienne. Son patron Campbell Wilson vise une part de marché de 30 % sur le marché intérieur indien ces cinq prochaines années et compte ouvrir davantage de liaisons internationales. 

L'Inde est le troisième marché du transport aérien au monde et, selon les prévisions d'Airbus, son trafic aérien devrait connaître une croissance annuelle moyenne de 6,6 % au cours des deux prochaines décennies, un rythme presque deux fois plus élevé que la moyenne mondiale. Le nombre de passagers transportés en Inde devrait donc passer de 165 millions en 2019 à 641 millions en 2041, selon les prévisions de l'avionneur européen.

Avec AFP