
Médecins sans frontières a annoncé, vendredi, suspendre ses activités dans un hôpital de la capitale haïtienne Port-au-Prince après que des hommes armés y ont fait irruption et en ont sorti un patient pour le tuer à quelques mètres.
Médecins sans frontières de nouveau contrainte de réduire ses activités en Haïti. L'ONG a annoncé, vendredi 27 janvier, suspendre ses activités dans un hôpital de la capitale haïtienne Port-au-Prince après que des hommes armés y ont fait irruption et en ont sorti un patient pour le tuer à quelques mètres.
"Ils ont sorti un patient blessé par balle de la salle d'urgence et l'ont exécuté froidement d'une balle dans la tête", a déclaré l'ONG dans un communiqué de presse.
Les faits, qui se sont produits jeudi en plein après-midi, constituent le deuxième drame du genre en moins de six mois dans cet hôpital situé en banlieue de Port-au-Prince, à proximité de zones sous contrôle total des gangs.
"À partir du moment où on ne peut pas garantir la sécurité, ni de nos patients ni de nos équipes, on ne peut pas continuer de travailler", a déploré auprès de l'AFP le chef de mission MSF en Haïti, Benoît Vasseur. "C'est triste mais il y a des moments où on n'a plus le choix: un médecin mort ne soigne plus".
#Haïti : le 26/01 des hommes armés sont entrés dans l’hôpital public Raoul Pierre Louis que soutient #MSF dans la commune de #Carrefour. Ils ont sorti & tué un patient blessé p/balle. #MSF se voit forcée de suspendre toutes ses activités dans cet hôpital. https://t.co/RnH3Yzt38P
— MSF France (@MSF_france) January 27, 2023Présente depuis plus de 30 ans dans le pays de la Caraïbe, l'ONG constitue très souvent l'unique offre de soins pour des centaines de milliers d'Haïtiens qui n'ont pas les moyens de payer les honoraires de structures privées.
Un arrêt de services qui devrait impacter près de 800 000 personnes
L'arrêt des services de MSF dans cet hôpital de la commune de Carrefour, dans l'ouest de la capitale, signifie qu'il n'y aura plus de soins d'urgences, de qualité et gratuits pour près de 800 000 personnes, a estimé Benoît Vasseur.
Les gangs armés, qui contrôlent plus de la moitié du territoire haïtien, usent de leur puissance grandissante en multipliant ces derniers jours enlèvements crapuleux et exécutions.
Mercredi, des membres de bandes armées ont tué six policiers lors d'une attaque d'ampleur sur un commissariat dans le nord du pays.
Et les centres de santé ne constituent pas des sanctuaires. Quatre des agents décédés mercredi avaient été blessés plus tôt dans la journée, puis "sortis" par les membres de gangs de la clinique où ils étaient soignés "afin de les exécuter", selon la police.
Malgré cette recrudescence de violence, MSF n'envisage pas pour l'heure de quitter le pays. "En Haïti, on jouit tout de même d'une excellente acceptation de la part de la population et des différents acteurs et, grâce à ça, on arrive à travailler," explique Benoît Vasseur.
Avec AFP