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JO-2024 : le CIO ouvre la porte au retour des Russes, pas de la Russie

Le Comité international olympique (CIO) a dessiné mercredi une feuille de route pour réintégrer les athlètes russes et biélorusses dans le sport mondial, avec en ligne de mire les JO de Paris en 2024.

Les athlètes russes et biélorusses ne devraient pas rester au ban du sport mondial. Le CIO, l'instance olympique, a tracé la voie mercredi 25 janvier à une réintégration des athlètes issus de ces deux pays en vue des JO-2024. Un sujet politiquement sensible : la veille, le président ukrainien Volodymyr Zelensky exigeait auprès de son homologue français Emmanuel Macron que les Russes soient d'ores et déjà bannis des Jeux olympiques à Paris

"Aucun athlète ne devrait être interdit de compétition sur la seule base de son passeport", a cependant réaffirmé dans un communiqué l'exécutif de l'instance olympique, après avoir consulté des représentants des sportifs, fédérations internationales et comités nationaux olympiques.

Derrière cette proclamation de principe, une série de manœuvres en coulisses engagées à l'automne dernier pour ramener dans le giron de l'olympisme les Russes et Biélorusses, exclus de la plupart des compétitions internationales depuis l'invasion de l'Ukraine fin février 2022.

Bannière neutre et strict contrôle antidopage

Le droit de participer aux JO dépend des 28 fédérations internationales régissant les sports olympiques d'été, et non du CIO, qui tente de son côté de trouver une cohérence entre "mission unificatrice" du sport et forte indignation antirusse, en particulier en Europe.

L'instance olympique, en deuxième rideau, joue donc un rôle crucial depuis un an : "le cœur lourd", elle avait "recommandé" l'exclusion des Russes et Biélorusses, pour "protéger" leur intégrité et celle des compétitions internationales, et balise désormais leur retour.

Sa commission exécutive a ainsi exhorté mercredi à "étudier plus avant la manière" dont les sportifs concernés pourraient réintégrer les événements sportifs "dans des conditions strictes", offrant pour la première fois une feuille de route aux fédérations.

Dans le détail, Russes et Biélorusses s'aligneraient "en tant qu'athlètes neutres", à condition de n'avoir "pas activement soutenu la guerre en Ukraine" et de se conformer "entièrement au Code mondial antidopage", "vérifications" à la clé.

Si un sportif ne s'y conforme pas strictement, "la fédération internationale et/ou les organisateurs de la manifestation sportive en question devraient immédiatement l'exclure (...) et signaler l'incident au CIO afin qu'il envisage d'autres mesures ou sanctions", poursuit l'organisation.

Le CIO, comme les représentants des sportifs et du monde olympique qu'il a consultés, réaffirme en revanche son attachement aux "sanctions" frappant Russie et Biélorussie : aucune compétition internationale ne sera tenue sur leur sol, aucun drapeau, hymne, symbole ou représentant officiel ne sera présent lors d'événements internationaux.

Aide aux Ukrainiens

Par ailleurs, l'organisation basée à Lausanne, qui a mandaté en mars 2022 l'ex-légende de la perche Sergueï Bubka pour coordonner l'aide humanitaire destinée aux sportifs ukrainiens, insiste sur la "solidarité" avec la communauté olympique ukrainienne, pour que le pays ait "une délégation forte aux JO-2024 de Paris comme aux JO-2026 de Milan".

Mais toute la question, désormais, va être de savoir comment les fédérations internationales vont s'emparer des nouvelles recommandations, elles qui avaient été très promptes à suivre les directives du CIO à la fin de l'hiver 2022.

Mi-décembre dernier, le président de la Fédération internationale d'athlétisme, Sebastian Coe, avait rappelé que les Russes demeuraient bannis "pour l'avenir proche", d'autant que leur cas est plus complexe dans cette discipline olympique majeure : indépendamment du dossier ukrainien, la Fédération russe est suspendue depuis 2015 pour avoir mis en place un système de dopage institutionnalisé, et les progrès sur ce plan doivent être réévalués en mars.

Selon le mode de qualification pour les JO retenu dans chaque sport, le temps presse déjà : ainsi, les qualifications pour l'épreuve de marathon ont débuté depuis le 20 novembre dernier, alors qu'elles commenceront le 1er juillet prochain pour la plupart des 47 autres épreuves d'athlétisme.

Côté organisateurs, on attend "les règles qui seront édictées", soulignait mercredi soir Tony Estanguet, le président du comité d'organisation des JO de Paris. "On souhaite que le rôle universel des JO puisse être préservé en 2024, on ne sait pas trop exactement quel sera l'état géopolitique des relations internationales."

La maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, a quant à elle souhaité jeudi la participation des athlètes russes, mais sous bannière neutre. "Je pense que c'est un moment pour les sportifs et qu'il ne faut pas priver les athlètes de leur compétition. Mais je pense et je plaide, comme une grande partie du mouvement sportif, pour qu'il n'y ait pas de délégation sous bannière russe", a-t-elle déclaré sur France 2.

Avec AFP