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Riad Sattouf, l'auteur de "l'Arabe du futur", remporte le Grand Prix du Festival d'Angoulême

L'auteur de bandes dessinées et réalisateur Riad Sattouf, a remporté mercredi le Grand Prix du Festival d'Angoulême, l'une des plus grandes distinctions mondiales dans le domaine. 

Le Franco-Syrien Riad Sattouf, auteur de "L'Arabe du futur", a remporté, mercredi 25 janvier, le Grand Prix au Festival d'Angoulême, plus haute récompense du monde de la bande dessinée.

Le dessinateur de 44 ans, élu par ses pairs auteurs de BD à l'occasion de la 50e édition du célèbre festival, a reçu la distinction lors de la cérémonie d'ouverture au Théâtre d'Angoulême. "C'est très impressionnant", a-t-il déclaré après une ovation debout.

Le Grand Prix #FIBD2023 est décerné à... @RiadSattouf !
Né en 1978, il est auteur de bandes dessinées et réalisateur. Son enfance se déroule entre la Libye, la Syrie et la Bretagne. Il étudie les arts appliqués à Nantes, puis le cinéma d’animation à Paris, à l’école des Gobelins. pic.twitter.com/18w1LP23rU

— Festival d'Angoulême (@bdangouleme) January 25, 2023

Il a rendu hommage à sa grand-mère maternelle, celle qui a cru en son talent la première. "J'ai voulu faire une bande dessinée en imaginant qu'elle voudrait la lire, elle qui n'aimait pas ça", a expliqué le dessinateur au sujet de "L'Arabe du futur". "Je suis profondément honoré et ému (...) C'est la pièce maîtresse qui manquait en haut de la pyramide de mon ego", a-t-il lancé. "Faites des livres, et encore des livres. D'ailleurs c'est ce que je vais faire moi aussi". 

Riad Sattouf a devancé deux femmes. Pour la Française Catherine Meurisse, c'est la quatrième fois consécutive qu'elle est battue en finale. Elle peut se consoler avec son entrée à l'Académie des Beaux-Arts en novembre. L'Américaine Alison Bechdel avait quant à elle reçu une forme de reconnaissance, moins visible mais plus rare, quand "Les Secrets de la force surhumaine" avait été retenu par le prix Médicis dans sa première sélection en littérature étrangère en septembre.

Le Grand Prix de la Ville d'Angoulême est remis depuis 1974, avec, à son palmarès, tous les grands noms de la bande dessinée, particulièrement franco-belge. Celui-ci ne s'est que peu ouvert aux autres continents, en primant quelques auteurs venus des États-Unis et du Japon, malgré la forte tradition de bande dessinée dans ces pays.

Le succès planétaire de "L'Arabe du Futur"

Il aura fallu beaucoup d'exigence au dessinateur depuis une jeunesse modeste en Syrie jusqu'à la consécration avec ce Grand Prix à Angoulême, mais à 44 ans, il a trouvé une popularité qui dépasse le monde de la BD.

Il est le fils d'un Syrien, docteur en histoire qui souffrit de ne jamais trouver la même reconnaissance, et d'une Française qui fut un soutien précieux dans sa vocation. Cette histoire de la naissance d'un artiste est racontée en détail dans "L'Arabe du futur", autobiographie dessinée en six tomes (2014 à 2022), qui avait dépassé les trois millions d'exemplaires vendus, avant l'arrivée en librairie du dernier volet.

"Quand j'habitais dans mon petit village en Syrie, il n'y avait aucune librairie, aucune bibliothèque. J'avais une vie de confiné", expliquait-il à l'AFP à l'occasion de la publication du tome 5. "Cet intérêt pour les livres et la bande dessinée, je le dois à ma grand-mère bretonne, qui m'envoyait des livres par la Poste", ajoutait-il.

Cette série, traduite dans plus de 20 langues, a trouvé un succès international. Et ce tome 6, avec seulement un peu plus d'un mois en rayon après sa sortie le 22 novembre, a été le 12e livre le plus vendu en France en 2022.

L'adolescence dessinée

Mais Riad Sattouf dessine aussi la vie d'une jeune Parisienne d'aujourd'hui, depuis ses 10 ans, dans "Les Cahiers d'Esther" (7 tomes depuis 2016), et s'est lancé dans celle du comédien Vincent Lacoste ("Le Jeune Acteur", 1 tome pour l'instant).

Pourquoi lui ? Parce que Riad Sattouf, cinéaste, a lancé sa carrière. Il a réalisé deux longs-métrages, "Les Beaux Gosses" (2009) et "Jacky au royaume des filles" (2014). Et il en prépare un troisième, aux côtés d'idoles de jeunesse : le trio comique des Inconnus.

Ce travailleur acharné, méticuleux, jongle avec les projets avec une aisance qui n'est qu'une façade. En vérité, il se remet tout le temps en question. Il dit avoir été marqué, au lycée, par un professeur qui lui avait lancé : "Sattouf, vous avez des facilités, mais vous savez ce qui arrive à ceux qui ont des facilités et qui ne travaillent pas ?" 

Avec AFP