L'Union européenne a confirmé avoir trouvé un accord avec les pays d'Amérique latine sur les taxes douanières imposées aux importations de bananes. Un compromis qui met fin à la plus longue bataille commerciale de l'histoire contemporaine.
L’Europe et les pays d'Amérique latine se sont mis d'accord, mardi, sur la baisse des tarifs douaniers européens sur l’importation des bananes. Un accord qui pose le premier jalon vers la fin du plus ancien conflit commercial au monde, connu sous le nom de "guerre de la banane".
Un peu plus tôt dans la journée, l’Union européenne (UE) avait rendu publique, à Genève, la proposition qu’elle avait soumise aux pays d’Amérique latine. Selon cet arrangement, les taxes douanières imposées sur une tonne de bananes passeraient, dans un premier temps, de 176 euros à 148 euros pour atteindre 114 euros dans sept ans.
Depuis 16 ans, les pays d’Amérique latine se battent contre les tarifs douaniers instaurés en 1993 par l’UE et dont les anciennes colonies en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique (ACP) sont exemptées. L’Équateur a été le premier pays à monter au créneau en déposant une plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1996.
Carotte contre banane
L’institution internationale a, par deux fois (en 1999 et en 2008), jugé ce régime de faveur illégal. En 1999, elle a même donné le droit aux Etats-Unis, où sont implantées les principales entreprises qui exportent les bananes d’Amérique latine, d’imposer des sanctions tarifaires de près de 200 millions de dollars sur les biens européens. Un record absolu. En 2008, le conflit atteint son paroxysme lorsque le commissaire européen au commerce menace de revenir sur tous les accords signés sous l’égide de l’OMC.
L’accord trouvé ce mardi montre que tout le monde est revenu à des sentiments plus pacifiques. Alors pourquoi tout ce foin pour une banane ? En termes de volume, ce fruit remporte la palme d’or des échanges commerciaux. Et arrive en deuxième place en termes de valeur, juste derrière les agrumes. Sans compter que le marché européen reste le principal débouché pour les exportations. Selon l’institut européen Eurostat, 5,4 millions de bananes se sont vendues dans l’UE, soit un tiers du total mondial. De quoi aiguiser l’appétit de n’importe quelle économie émergente, qu’elle soit d’Afrique ou d’Amérique latine.
Les pays ACP n’ont donc pas de quoi se réjouir de l’accord. D’autant moins que 75 % des bananes vendus en Europe proviennent déjà d’Amérique latine. Pour ces pays, cette baisse des taxes ne fera, au final, qu’accroître les bénéfices des grosses entreprises installées aux Etats-Unis. Les Vingt-Sept ont d’ailleurs prévu, via l’accord, de débloquer 200 millions d’euros pour compenser les pertes à venir. La ménagère européenne pourra aussi profiter de l’entente puisqu’à terme, estime l’UE, le prix de la banane pourrait baisser de 12 %. A terme ? Si tout le monde semble d’accord, encore faut-il que l’arrangement soit entériné par le Parlement européen…