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Attentat de Strasbourg en 2018 : cinq hommes renvoyés devant la cour d'assises

Cinq hommes sont renvoyés devant la cour d’assises pour avoir apporté une aide à l’assaillant de l’attentat au marché de Noël à Strasbourg, qui avait fait cinq morts et une dizaine de blessés en 2018.

Près de quatre ans, jour pour jour, après l'attentat au marché de Noël à Strasbourg, qui avait fait cinq morts, les juges d'instruction antiterroristes chargés des investigations ont ordonné le renvoi devant la cour d'assises de cinq hommes soupçonnés d'avoir apporté une aide à l'assaillant, abattu par des policiers.

48 heures de traque 

Le 11 décembre 2018, peu avant 20 heures, Chérif Chekatt, délinquant multirécidiviste de 29 ans, fiché S pour radicalisation islamiste, avait pénétré, armé d'un revolver et d'un couteau, dans le centre historique de Strasbourg où se tenait le traditionnel marché de Noël. 

Déambulant dans les rues, il avait tué au hasard cinq personnes : un journaliste italien de 29 ans, un musicien strasbourgeois d'origine polonaise de 36 ans, une touriste thaïlandaise de 45 ans, un retraité de 61 ans et un garagiste vivant à Strasbourg, d'origine afghane, de 45 ans. 

Une dizaine de personnes avaient également été blessées. 

Blessé par les tirs de militaires, l'assaillant était parvenu à s'échapper en taxi. Après 48 heures de traque, il avait été tué par une patrouille de police dans le quartier du Neudorf, situé dans le sud de Strasbourg.  

Une vidéo d'allégeance au groupe État islamique avait ensuite été retrouvée sur une clé USB qui lui appartenait. 

La qualification terroriste retenue pour Audrey Mondjehi 

Les magistrats instructeurs n'ont retenu la qualification terroriste qu'à l'encontre d'Audrey Mondjehi, ami et ancien codétenu de l'auteur de l'attaque.  

Âgé de 41 ans et de nationalité ivoirienne, il sera jugé pour association de malfaiteurs terroriste, complicité d'assassinats et complicité de tentatives d'assassinats, notamment sur personnes dépositaires de l'autorité publique, le tout en relation avec une entreprise terroriste, a indiqué à l'AFP une source judiciaire. 

En détention provisoire depuis décembre 2018, Audrey Mondjehi est suspecté d'avoir assisté Cherif Chekatt dans ses démarches, notamment en lui permettant de se procurer l'arme utilisée lors de l'attentat. 

Sous contrôle judiciaire 

Les quatre autres suspects, âgés de 32, 36, 37 et 82 ans, sont renvoyés devant la cour d'assises pour des faits d'association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes, sans qualification terroriste, a ajouté la source judiciaire. 

Ils sont soupçonnés, à des degrés divers, d'avoir permis la fourniture de l'arme utilisée lors de l'attentat. Placés en détention provisoire après leur mise en examen, ils sont désormais sous contrôle judiciaire. Trois de ces personnes sont issues d'une même communauté de gens du voyage sédentarisée.  

La qualification terroriste n'a pas été retenue à leur encontre, les magistrats instructeurs n'ayant pu démontrer au cours des investigations qu'ils avaient eu connaissance du projet terroriste de Chérif Chekatt. Lors de l'instruction, qui a duré près de quatre ans, ils ont affirmé ignorer le profil et le projet jihadistes de l'assaillant. 

Une source proche du dossier avait relaté à l'AFP qu'ils pensaient que l'arme, un revolver de la fin du XIXe siècle, devait servir à un braquage. 

Les avocats des cinq suspects n'ont pu être joints ou n'ont pas souhaité réagir. 

Les juges d'instruction ont suivi les réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat), communiquées aux parties le 28 novembre. 

88 victimes reconnues 

En plus des cinq morts et de la dizaine de blessés, le Fonds de garantie des victimes du terrorisme (FGTI) a reconnu 88 victimes directes de cet attentat, selon l'association des victimes d'attentats (AVA). 

Une cérémonie a été organisée dimanche à Strasbourg devant une stèle commémorative, quatre ans après cet attentat qui a endeuillé la capitale alsacienne, dont le marché de Noël attire chaque année environ deux millions de visiteurs, parmi lesquels de nombreux touristes étrangers. 

Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti était présent aux côtés de la maire de la ville Jeanne Barseghian, de représentants des cultes et de familles de victimes.  

Avec AFP