
Le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti a été élu, dimanche, président du parti Les Républicains avec 53,7 % des voix. Très marqué à droite, ce défenseur d'une ligne dure sur la sécurité et l'immigration prend les rênes d'une formation en crise profonde après la débâcle de la présidentielle.
Il prend la tête d'un parti qui peine à trouver sa place. Le député Éric Ciotti a été élu président des Républicains (LR) au terme du second tour de scrutin interne qui l'opposait au sénateur Bruno Retailleau, a annoncé, dimanche 11 décembre, la présidente par intérim du parti, Annie Genevard.
Les 91 000 adhérents revendiqués de LR étaient invités à départager les deux hommes, qui ont respectivement rassemblé 53,7 % et 46,3 % des voix. Le taux de participation au second tour s'est élevé à 69,75 %, selon les instances du parti.
Le troisième homme de cette élection, le député Aurélien Pradié, avait été éliminé dès le premier tour après avoir rassemblé un peu plus de 22 % des suffrages.
Éric Ciotti, qui disposait d'une avance de neuf points sur son adversaire après le premier tour, succède ainsi à Christian Jacob qui a démissionné en juin, après des élections qui ont acté l'affaiblissement du parti de droite.
Huit mois après le faible score de leur candidate Valérie Pécresse à l'élection présidentielle (4,78 %), le nouveau président aura la délicate mission de remettre sur les rails sa famille politique, qui a porté naguère au pouvoir les présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.
Un goût de revanche sur la primaire de 2021
"Grâce à toi, ce soir un espoir se lève pour que la France reste la France ! Tous ensemble, rassemblons la Droite et en route vers une nouvelle espérance", a réagi sur Twitter son porte-parole Éric Pauget.
🔵⚪️🔴𝐕𝐢𝐜𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 !
Ce soir la #Droite est de retour dans notre pays.
Grâce à toi @ECiotti, ce soir un espoir se lève pour que la France reste la France ! 🇫🇷
Tous ensemble, rassemblons la Droite et en route vers une nouvelle espérance.#ElectionLR2022 #AvecCiotti pic.twitter.com/Cb5Z3dC1Td
Majoritaire au Sénat et doté d'une soixantaine de députés à l'Assemblée nationale, LR peine à trouver sa place dans le paysage politique, tiraillé entre le Rassemblement national et les appels du pied du camp présidentiel d'Emmanuel Macron.
Député de la première circonscription des Alpes-Maritimes depuis 2007, président du conseil départemental des Alpes-Maritimes de 2008 à 2017, questeur de l'Assemblée depuis quatre ans, Éric Ciotti est âgé de 56 ans.
L'élu avait créé la surprise en arrivant en tête du premier tour de la primaire LR de l'an dernier, finalement remportée par Valérie Pécresse.
"Je suis de droite" et "je ne m'en excuserai jamais"
Éric Ciotti assume des positions fermes en matière sécuritaire et identitaire, au point d'avoir dit préférer le polémiste d'extrême droite Éric Zemmour à Emmanuel Macron lors de la dernière campagne présidentielle.
"Je veux rassembler sur des idées de droite", a-t-il affirmé, dimanche, à TF1, en promettant de "travailler dans la clarté".
"Je suis de droite" et "je ne m'en excuserai jamais", a-t-il ajouté, estimant que "la question est d'abord celle de la survie de la France" alors que "notre pays est frappé de déclin" voire "d'une sorte de décadence".
Félicitant son adversaire Bruno Retailleau, ainsi qu'Aurélien Pradié, il a plaidé pour "une droite ferme, qui rétablisse l'ordre dans la rue" mais aussi une droite "du travail, de l'autorité, de l'identité, qui nous permette de vivre comme nous avons toujours vécu".
Sur le plan économique, il a aussi promis "une droite de la liberté, qui fasse diminuer les impôts, les charges et les normes qui paralysent notre pays".
Il n'a pas exclu de voter la réforme des retraites actuellement préparée par le gouvernement. Éric Ciotti a connu une campagne agitée, qui l'a vu notamment rejeter des accusations d'emplois fictifs concernant son ex-épouse, Caroline Magne.
En fin de campagne, le questeur de l'Assemblée a aussi abordé des thèmes sociétaux tels que violences conjugales, handicap et égalité hommes-femmes, dépeignant "une droite ouverte sur la société, sur la liberté, qui parle sur ces sujets".
Son programme propose notamment de "réhabiliter la valeur travail, lutter contre la violence et le désordre dans les rues, stopper l'invasion migratoire et la montée de l'islamisme".
Dans une tribune au Figaro vendredi soir, il promettait aussi d'instaurer "dès les premiers jours" de son mandat "un contre-gouvernement à l'égal du 'shadow cabinet' britannique".
Dépourvu d'ambition présidentielle personnelle pour l'instant, il souhaite que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, s'engage rapidement dans la course à l'Élysée de 2027.
Face à lui, le Vendéen Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat âgé de 62 ans, s'était présenté en chantre de la "rupture" et de la lutte contre "les idéologies de la déconstruction que sont l'islamisme et le wokisme." Lui souhaite attendre les élections européennes de 2024 pour engager LR sur la route de l'Élysée.
Avec AFP et Reuters