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Attentat de Lockerbie : les États-Unis placent un suspect en détention

Après l'annonce du parquet écossais, les autorités américaines ont confirmé, dimanche, détenir Abou Agila Mohammad Massoud, suspecté d'avoir assemblé et programmé la bombe de l'attentat de Lockerbie, qui avait tué 270 personnes il y a 32 ans, en Écosse. Le suspect devrait faire sa première comparution devant un tribunal fédéral à Washington.

Un Libyen soupçonné d'avoir assemblé et programmé la bombe de l'attentat de Lockerbie en Écosse, tuant 270 personnes en décembre 1988, a été placé en détention par les États-Unis, ont indiqué, dimanche 11 décembre, les autorités américaines.

Un porte-parole du département de la Justice a confirmé, dans un email transmis à l'AFP, l'arrestation et la mise en détention d'Abou Agila Mohammad Massoud, révélée auparavant par le parquet écossais.

"Il doit comparaître devant un tribunal du district de Columbia", c'est-à-dire la capitale Washington, a précisé le porte-parole, sans indication de date. Il a ajouté que des détails sur la date de l'audience seraient bientôt communiqués.

Aucune précision n'a été donnée sur les circonstances entourant la remise de Abou Agila Mohammad Massoud aux autorités américaines. Une source militaire dans la ville libyenne de Misrata a déclaré qu'il avait été transporté par avion depuis l'aéroport de cette ville. Reuters n'a pas pu établir dans l'immédiat la date de cette extradition.

Seule une personne condamnée

"Les familles des victimes de l'attentat de Lockerbie ont appris que le suspect Abou Agila Mohammad Massoud est en détention aux États-Unis", avait indiqué auparavant le parquet écossais dans un communiqué. 

L'attentat avait visé un vol transatlantique reliant Londres à New York. L'appareil, un Boeing 747 de la Pan Am, avait explosé le 21 décembre 1988 au-dessus du village écossais de Lockerbie, tuant les 259 passagers et membres d'équipage et 11 personnes au sol. 

En 1991, deux autres agents des services de renseignement libyens ont été inculpés pour cet attentat : Abdelbaset Ali al-Megrahi et Lamen Khalifa Fhimah. Mais seul le Libyen Abdelbaset Ali Mohamed al-Megrahi, a été condamné. Il avait toujours clamé son innocence. 

"Le parquet écossais et la police, en coordination avec le gouvernement américain et les collègues américains, continueront à poursuivre cette enquête avec pour seul but de mener devant la justice ceux qui ont agi au côté d'al-Megrahi", a ajouté le parquet écossais. 

Lors d'un procès écossais devant le tribunal de Camp Zeist, aux Pays-Bas, Abdelbaset Ali Mohamed al-Megrahi a été reconnu coupable de l'attentat et a été emprisonné à vie en 2001. Il a ensuite été libéré parce qu'il souffrait d'un cancer, avant de mourir à son domicile à Tripoli en 2012. 

Fhimah a été acquitté de toutes les accusations, mais les procureurs écossais ont maintenu que Megrahi n'avait pas agi seul.

L'attentat le plus meurtrier jamais commis au Royaume-Uni

En décembre 2020, 32 ans après le drame, la justice américaine avait annoncé poursuivre Abou Agila Mohammad Massoud, ancien membre des services de renseignement de Mouammar Kadhafi et à l'époque détenu en Libye.

L'attentat de Lockerbie est le plus meurtrier jamais commis sur le territoire du Royaume-Uni, mais aussi le deuxième plus meurtrier contre des Américains (190 morts) après les attentats du 11 septembre 2001.

Le régime du dictateur libyen Mouammar Kadhafi avait reconnu officiellement sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie en 2003 et payé 2,7 milliards de dollars de dédommagement aux familles des victimes.

Les documents judiciaires décrivent Abou Agila Mohammad Massoud comme un expert en fabrication de bombes qui a rejoint les services de renseignement de l'Organisation de sécurité extérieure de la Libye dans les années 1970 et a pris part à un certain nombre d'opérations en dehors du pays, jusqu'à atteindre le grade de colonel.

L'enquête avait été relancée en 2016, quand la justice américaine avait appris qu'Abou Agila Mohammad Massoud avait été arrêté après la chute du dictateur et aurait fait une confession aux services de renseignement du nouveau régime libyen en 2012.

L'année dernière, la justice écossaise a rejeté l'appel formé par la famille de Megrahi, estimant qu'il n'y "avait pas d'erreur judiciaire".

La justice avait également balayé la défense de la famille du condamné, qui estimait que des documents liés à l'affaire, que les autorités britanniques refusent de déclassifier, auraient permis d'aboutir à un verdict différent. 

Avec AFP et Reuters