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Une base des forces kurdes et de la coalition en Syrie frappée par un drone turc

Une base conjointe des forces kurdes et de la coalition internationale antijihadiste en Syrie a été frappée par un drone turc, mardi. En parallèle, face à la menace d’Ankara d’envoyer des troupes terrestres contre les Kurdes en Syrie, la Russie et les États-Unis ont multiplié les appels au calme.

Un drone turc a bombardé, mardi 22 novembre, en Syrie, une base conjointe des forces kurdes et de la coalition internationale antijihadiste, menée par les États-Unis, faisant deux morts parmi les combattants kurdes, ont indiqué les forces kurdes et une ONG.

"Une base commune de planification et de lancement d'opérations conjointes contre le groupe jihadiste État islamique (EI) a été visée par un drone turc" dans un secteur au nord de la ville de Hassaké dans le nord-est syrien, a déclaré à l'AFP Farhad Shami, un porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition dominée par les Kurdes. Il a par ailleurs indiqué que deux combattants des FDS avaient péri dans cette frappe et que trois avaient été blessés

La coalition internationale, principal soutien des FDS et qui déploie des soldats dans les zones contrôlées par les forces kurdes dans le nord et le nord-est de la Syrie, n'a pour l'heure pas commenté cette attaque.

La Turquie, quant à elle, qualifie de "terroriste" la principale composante des FDS, les YPG (Unités de protection du peuple) qu'elle considère comme une extension des rebelles kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Elle l'accuse d'avoir commandité l'attentat qui a fait six morts et 81 blessés le 13 novembre à Istanbul. Le YPG et le PKK ont tous deux démenti toute implication.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé que la base conjointe avait été touchée, de même que la mort de deux combattants. Il n'était pas en mesure de dire si des soldats de la coalition étaient présents dans la base au moment de la frappe. Des centaines de soldats de la coalition internationale, notamment américains, sont déployés dans les zones sous contrôle kurde en Syrie, pays morcelé en raison de la guerre déclenchée en 2011.

L'opération terrestre "commencera bientôt"

Cette frappe de drone intervient trois jours après que l'aviation turque a lancé l'opération "Griffe Épée" avec une série de raids aériens samedi soir et dimanche avant l'aube qui ont visé des positions du PKK et des YPG dans le nord de la Syrie et de l'Irak voisin. Des raids qui ont fait au moins 37 morts, selon l'OSDH.

Dans la foulée, mardi matin, le président Recep Tayyip Erdogan a assuré qu'une opération terrestre de l'armée turque en Syrie commencera "bientôt si Dieu veut". "Nous avons survolé les terroristes pendant quelques jours avec notre aviation et nos drones. Si Dieu veut, nous allons les éliminer bientôt avec nos soldats, nos canons et nos chars", a-t-il déclaré lors d'une allocution dans le nord-est du pays.

Face à cette menace, Washington et Moscou, également impliqués dans la guerre en Syrie qui a fait près d'un demi-million de morts depuis 2011, ont appelé Ankara à la retenue. 

"Nous appelons à la désescalade en Syrie pour protéger les civils et soutenir l'objectif commun de vaincre l'État islamique", a plaidé mardi soir le porte-parole du département d'État américain Ned Price. "Nous continuons à nous opposer à toute action militaire non coordonnée en Irak qui viole la souveraineté [du pays]", a-t-il ajouté dans un communiqué. 

La Russie a également indiqué mardi "espérer" que la Turquie fasse preuve de "retenue" et se garderait de "tout usage excessif de la force" en Syrie. "Nous appelons toutes les parties à se garder de toute initiative qui pourrait mener à une grave déstabilisation de la situation globale", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Lundi, Berlin et Paris avaient eux aussi appelé respectivement Ankara à agir de façon "proportionnée" et à "manifester davantage de retenue". En réponse, la Turquie exige mardi que ses alliés, États-Unis en tête, "cessent tout soutien" aux combattants des YPG qu'elle considère comme terroristes.

Avec AFP