Les Espagnols ont défilé par milliers, samedi, à Madrid pour protester contre la multiplication des licenciements dans le pays. Les syndicats redoutent la mise en place d'un projet de dérèglementation du marché du travail.
AFP - Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi à Madrid pour la défense de l'emploi, à l'appel des deux grands syndicats espagnols, l'UGT et la CCOO, alors que l'Espagne est durement touchée par la crise avec un taux de chômage à près de 18%.
Rassemblés sous les slogans: "le travail d'abord", "pour le dialogue social", "pour qu'ils ne profitent pas de la crise", les manifestants entendaient adresser une mise en garde aux patrons et au gouvernement.
Ce dernier a annoncé son intention de réformer le marché du travail en s'inspirant de la flexibilité du modèle allemand.
"Nous sommes en situation d'urgence, avec quatre millions de chômeurs. La priorité c'est de lutter contre le chômage. Les gens d'abord!" s'est exclamé le patron de l'UGT, Candido Mendez, lors de cette première grande manifestation organisée à Madrid depuis le début de la crise fin 2008 en Espagne.
Il s'agit "d'une mise en garde au pouvoir central et régional pour que dans une stratégie de sortie de crise, ils n'utilisent pas des expédients pour créer des emplois", a expliqué dans une interview à El Pais le secrétaire général de la CCOO, Ignacio Fernandez Toxo.
"Depuis le début de la crise, on a résisté à la tentation d'une réforme structurelle qui aboutirait (...) à une réduction des droits des travailleurs" a-t-il dit. "Maintenant nous voyons un accroissement de la pression en ce sens".
De nombreux manifestants réclamaient samedi dans le centre de Madrid une "grève générale", mais cette forme d'action n'est pas privilégiée par les centrales syndicales espagnoles.
Ces dernières se préparent surtout à une reprise début 2010 d'un dialogue social en panne avec les entreprises, avec pour objectif la conclusion en avril d'un accord pluriannuel.
Le chef du gouvernement socialiste, José Luis Rodriguez Zapatero, a demandé début décembre aux partenaires sociaux une réforme du marché du travail qui s'inspirerait du modèle allemand.
Le gouvernement allemand a mis en place un système permettant aux entreprises de mettre au chômage partiel leurs employés, avec une prise en charge par les pouvoirs publics de 65% du salaire pendant deux ans.
Malgré la crise, le taux de chômage en Allemagne n'était que de 7,6% en novembre, contre 17,9% au troisième trimestre en Espagne, où la procédure pour mettre au chômage partiel des salariés passe par une négociation avec les syndicats et des autorisations administratives.
M. Mendez a aussi réclamé samedi un "changement du modèle productif" qui soit moins axé sur l'immobilier.
Il faisait écho à M. Zapatero, qui a réaffirmé fin novembre sa volonté d'orienter le pays vers une "économie durable", axée sur les secteurs générateurs de croissance à long terme.