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Le mix énergétique français sous tension
Audio 12:10

Avec la guerre en Ukraine, l’Europe traverse la pire crise énergétique depuis les années 1970. Au moment où l’indépendance énergétique n’a jamais été aussi nécessaire, la moitié des réacteurs nucléaires sont à l’arrêt et la production des centrales hydroélectriques est mise à l’épreuve des épisodes de sécheresses. Au point que certains pays se tournent de nouveau vers les centrales à charbon.

Le 30 mars, à 10 h 30, la centrale à charbon Émile Huchet de Saint-Avold, en Moselle, a arrêté sa production et fermé ses portes. Mais, à peine quelques mois plus tard, les travailleurs ont été rappelés et la centrale se prépare à reprendre l’exploitation de quelque 300 000 tonnes de charbon. Dans le contexte de la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, la France ne veut pas se priver des 600 mégawatts d’électricité que peut produire cette centrale. "C’est un mal nécessaire", assure Thomas About, chef de quart de la centrale. "On a besoin de ce charbon en France aujourd’hui". 

Comme partout en Europe, l’accès au gaz est limité. En France, l’autonomie énergétique est surtout mise à mal par deux facteurs. D'abord, l’arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires, alors que cette source d’énergie représente 70 % de l’électricité du pays. En septembre 2022, seule la moitié des 56 réacteurs français étaient en fonctionnement en raison de problèmes de corrosion ou de travaux de maintenance. Ensuite, les barrages hydroélectriques, qui fournissent habituellement 10 % de l'électricité du pays, n'étaient remplis qu'à 62 % en raison de la sécheresse et des canicules. 

Une centrale de pointe pour répondre à la crise de l'hydroélectricité

Pour pallier cette crise, la première centrale photovoltaïque flottante de France a été installée au bord du lac du Lazer, dans les Hautes-Alpes. Cinquante mille panneaux solaires y côtoient une centrale hydroélectrique : une même surface pour deux types de production d’énergie. Cette configuration permet, d'une part, de limiter l'évaporation de l'eau grâce à la présence des panneaux solaires flottants, et d'autre part, d'augmenter la puissance produite par un rafraîchissement des panneaux grâce à l'eau, explique le chargé d’affaires réalisation pour EDF Renouvelables Jonathan Delattre.

Le future de l'énergie nucléaire 

Des innovations ont également lieu dans le domaine de l'énergie nucléaire. Contrairement à l'énergie de fission, qui est récupérée par le processus de cassage des noyaux, l'énergie de fusion nucléaire est obtenue par le processus de jonction des noyaux atomiques. "Les grands avantages c’est que c’est une source sûre, et que c’est décarboné. Ça ne génère aucun gaz à effet de serre", explique Alain Bécoulet, chef du domaine ingénierie du projet ITER. Aussi attrayante que soit la perspective d'une énergie nucléaire sûre et propre, elle reste malheureusement loin dans l'avenir. "La fusion pourra commencer à devenir un élément pour l’économie dans les années 2050 ou 2060", dit Alain Bécoulet, affirmant que d’autres outils sont nécessaires aujourd’hui pour lutter contre le réchauffement climatique.

Paris donne l'exemple en sobriété énergétique

L’urgence, c’est donc de réduire la consommation d’énergie. Le maître mot, c’est la sobriété. La ville de Paris, par exemple, vise à économiser 10 % d’énergie pour éviter une trop forte hausse des dépenses des factures énergétiques. Les températures dans les bâtiments municipaux et les piscines sont revues à la baisse et l’éclairage des monuments et de l’Hôtel de ville sont éteints plus tôt dans la soirée. Les services municipaux représentent à peu près 2 % de la consommation énergétique totale du territoire parisien, mais pour Dan Lert, maire adjoint chargé de l'énergie de la Ville de Paris, l’important est de montrer l'exemple.