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Selon un sondage YouGov mené dans cinq pays européens et aux États-Unis, plus de la moitié des personnes interrogées estiment que l'action climatique doit prendre le pas sur l'économie ou les menaces nucléaires russes. Cependant, les sondeurs relèvent d'importantes disparités dans les résultats en fonction du pays.
Devant l'inflation, la crise énergétique et les menaces nucléaires russes, l'action des États pour contrer l'impact du dérèglement climatique devrait être une priorité, assure un sondage YouGov publié exclusivement par l'AFP et mené dans cinq pays européens et aux États-Unis avant la COP27 en Égypte.
Plus de la moitié des personnes interrogées - entre 1 000 et 2 000 par pays - plaident pour que la question climatique devienne "une priorité" quelle que soit la situation économique, tandis que seulement 30 % veulent qu'elle soit "mise en suspens" le temps de régler les autres problèmes.
"Ce sondage prouve qu'il y a un consensus sur le changement climatique et les moyens de lutter contre dans les opinions publiques, beaucoup plus large que ce qu'on voit trop souvent à la télévision ou sur Twitter", a commenté Luke Tryl, responsable de l'ONG More in Common en Grande-Bretagne.
Les résultats diffèrent toutefois radicalement d'un pays à l'autre : les plus touchés par des événements climatiques extrêmes dus au réchauffement voient le problème comme plus urgent.
Plus de 60 % des personnes interrogées en France, en Espagne et en Italie estiment que contrer le dérèglement climatique devrait être en tête des priorités, contre seulement 40 % en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis.
Les Américains moins concernés par le changement climatique
L'Allemagne et la Grande-Bretagne n'ont pas été épargnées par pluies diluviennes et canicules, mais le bassin méditerranéen - l'un des endroits les plus vulnérables du globe, selon l'ONU - subit beaucoup plus fréquemment sècheresses, vagues de chaleurs et feux de forêts, des phénomènes qui vont encore augmenter à l'avenir.
De fait, 48 à 58 % des sondés en Espagne, en Italie et en France disent avoir subi de telles catastrophes, contre 44 % en Grande-Bretagne, 38 % aux États-Unis et 36 % en Allemagne.
Dans les six pays, les sondés sont deux à trois fois plus nombreux à juger que le changement climatique aura "un gros impact" sur la planète que ceux qui estiment que les effets les toucheront eux-mêmes.
Un écart qui semble indiquer à quel point les habitants des pays riches sont préservés des conséquences les plus dures du dérèglement climatique.
Les Américains sont régulièrement en queue de peloton dans ce sondage, alors même qu'ils viennent de vivre une sécheresse inégalée depuis 500 ans dans le sud-ouest, des feux d'une ampleur inédite dans le nord-ouest, des inondations et des sécheresses dans le centre et des cyclones dévastateurs sur la côte est.
À peine la moitié d'entre eux pensent que l'activité humaine est à l'origine du changement climatique, contre 80 % en moyenne en Europe et même 84 et 88 % en Espagne et en Italie.
Les Américains divergent sur la question climatique selon leur âge, leur genre ou leur appartenance communautaire, mais aussi et surtout, selon leur orientation politique.
Plus de 80 % de ceux ayant voté pour le démocrate Joe Biden en 2020 pense que le changement climatique est le fait de l'homme contre seulement 25 % pour ceux qui ont voté pour Donald Trump.
Un manque de confiance dans l'action des gouvernements
L'ensemble des sondés disent toutefois que les dirigeants du monde n'en font pas assez pour la planète.
Près de 40 % estiment que des politiques gouvernementales pour réduire les émissions de carbone auront un "impact positif" sur le long terme et 14 % sur le court terme.
Mais quand on demande à ceux qui croient que le climat est effectivement en train de changer, soit 90% des sondés, si leurs Etats "sont prêts à prendre les mesures nécessaires pour arrêter le réchauffement climatique", deux tiers répondent "non".
"Il y a un manque de confiance qui semble partagé sur la capacité des gouvernements à s'attaquer à la crise", décrypte Luke Tryl.
Pour Ameira Sawas, de l'ONG britannique Climate Outreach, "les politiciens ne suivent pas toujours" et ce, alors même qu'"il y a sûrement des idées plus progressives qui émergent dans les opinions publiques".
Pour la majorité des sondés, la première raison pour laquelle il faut prendre des mesures climatiques est de protéger les futures générations : 40 à 50 % des personnes interrogées la citent.
La deuxième raison est la protection des écosystèmes nécessaires à la vie humaine.
Ces écosystèmes seront au cœur d'un sommet de l'ONU sur la biodiversité début décembre à Montréal.
Avec AFP