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Au sommet de la Ligue arabe, un "soutien absolu" des dirigeants aux Palestiniens

Au moment où l'ex-Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu semble en passe de réussir son pari de retourner au pouvoir en Israël, les dirigeants arabes, réunis en sommet à Alger, ont affirmé leur "soutien absolu" aux Palestiniens, mercredi.

Les dirigeants arabes, réunis en sommet à Alger, ont affirmé mercredi 2 novembre leur "soutien absolu" aux Palestiniens, répondant à l'appel, quelques heures auparavant, du président Mahmoud Abbas, au moment où, en Israël, Benjamin Netanyahu semble en passe de revenir au pouvoir grâce à une alliance avec l'extrême droite.

Ce soutien a été exprimé dans la déclaration finale du premier sommet arabe organisé depuis que plusieurs membres de la Ligue arabe, qui compte 22 pays, ont brisé un tabou en normalisant leurs relations avec Israël, sans attendre un règlement mettent fin à son occupation des territoires palestiniens. Les Émirats arabes unis ont en effet normalisé leurs relations avec Israël en 2020 dans le cadre d'une série d'accords négociés par Washington. Bahreïn, le Maroc et le Soudan leur ont emboîté le pas.

Dénonçant les "crimes" commis selon lui contre les Palestiniens, Mahmoud Abbas a peu avant accusé l'État hébreu de "détruire systématiquement la solution à deux États et (de) se dérober aux accords signés". Il n'a pas directement évoqué les résultats des élections législatives en Israël. Mais l'ex-Premier ministre Netanyahu, qui semble en passe d'en sortir vainqueur, a depuis longtemps cessé d'affirmer son adhésion à la solution dite "à deux États", impliquant la création d'un État palestinien.

La "déclaration d'Alger" publiée à l'issue du sommet de deux jours a affirmé "la centralité de la cause palestinienne" et le "soutien absolu" au droit des Palestiniens à avoir un "État indépendant et souverain", avec Jérusalem-Est comme capitale, sur les territoires occupés par Israël en 1967.

"Sauvez la mosquée Al-Aqsa"

Dans son discours, Mahmoud a également accusé Israël de chercher à "judaïser la mosquée Al-Aqsa (à Jérusalem) et à construire le temple (juif) qui n'a jamais existé à cet endroit". "Sauvez la mosquée Al-Aqsa et l'église du Saint-Sépulcre avant qu'elles ne soient judaïsées", a-t-il lancé.

Sans évoquer explicitement le rapprochement opéré par certains de ses membres avec l'État hébreu, la déclaration finale a réitéré "l'attachement" des pays arabes au "plan de paix arabe" de 2002 conditionnant toute normalisation avec Israël à un retrait des territoires arabes occupés.

Le sommet a également proclamé son soutien aux efforts de l'Autorité palestinienne pour devenir membre "à part entière de l'ONU" et à poursuivre Israël devant la justice internationale "pour les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis contre le peuple palestinien".

Dans un éditorial consacré au sommet et reflétant le scepticisme de la rue, le principal journal palestinien, Al-Quds, a affirmé que les Palestiniens "n'ont plus besoin des résolutions verbales que nous avons beaucoup entendues, mais d'actions concrètes sur le terrain".

Interrogé à l'issue du sommet sur l'éventualité d'un retour de Benjamin Netanyahu au pouvoir, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, s'est borné à affirmer qu'Israël "commettrait une grave erreur" en bloquant la solution à deux États, en faisant valoir que les Palestiniens et arabes israéliens étaient déjà majoritaires dans les territoires contrôlés par l'État hébreu. L'Algérie, farouche soutien des Palestiniens, a parrainé à la mi-octobre un accord de réconciliation entre factions palestiniennes rivales, salué par le sommet. 

Rejet des ingérences étrangères

Outre le conflit israélo-palestinien, le communiqué final a affirmé le rejet des dirigeants arabes "des ingérences étrangères sous toutes leurs formes dans les affaires arabes", dans une apparente allusion à l'Iran et la Turquie.

Le sommet a en outre apporté son appui "aux efforts visant à régler la crise en Libye par un règlement interlibyen garantissant l'unité et la souveraineté" du pays nord-africain en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.

Les dirigeants ont par ailleurs souligné la nécessité "d'un rôle arabe collectif et capital dans les efforts visant à mettre fin" à la guerre civile en Syrie. Dans un geste de soutien à l'Arabie saoudite, ils ont salué "la politique équilibrée de l'Opep+ pour garantir la stabilité des marchés mondiaux". Le 5 octobre, l'Opep+, les 13 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) menés par Ryad et leurs 10 partenaires conduits par la Russie, a décidé de sabrer ses quotas de production.

Cette décision a suscité la colère du président américain Joe Biden, Washington accusant Ryad de faire le jeu de la Russie qui cherche à financer sa guerre contre l'Ukraine. L'Algérie avait placé ce 31e sommet de la Ligue arabe sous le signe du "rassemblement", mais plusieurs pays n'étaient pas représentés par leurs chefs d'État, notamment l'Arabie saoudite, le Maroc et les EÉmirats.

Avec AFP