Le Premier ministre israélien Yaïr Lapid a annoncé mardi la conclusion d'un "accord historique" avec le Liban sur le contentieux autour de la délimitation de la frontière maritime des deux pays. Cet accord, s'il est confirmé par Beyrouth, pourrait lever les obstacles à l'exploitation des gisements gaziers en Méditerranée orientale.
Israël et le Liban, deux voisins techniquement en guerre, ont "conclu un accord historique" sur la délimitation de leur frontière maritime, a déclaré mardi 11 octobre le Premier ministre israélien Yaïr Lapid.
"Cet accord historique va renforcer la sécurité d'Israël, injecter des milliards [d'euros] dans l'économie israélienne et assurer la stabilité de notre frontière nord [avec le Liban]", a ajouté sur Twitter Yaïr Lapid, précisant qu'une réunion de son cabinet de sécurité était prévue mercredi sur cet "accord conclu" à l'issue d'une médiation américaine.
Les États-Unis mènent depuis deux ans une médiation entre les deux voisins, officiellement en état de guerre, pour parvenir à cet accord.
הגענו להסכם היסטורי על הקו הימי עם לבנון. מחר אכנס את הקבינט המדיני-ביטחוני ואחריו ישיבת ממשלה. טיוטת ההסכם עומדת באופן מלא בעקרונות שהציגה ישראל בתחום הביטחוני ובתחום הכלכלי.
מדובר בהישג היסטורי שיחזק את ביטחון ישראל, יכניס מיליארדים לכלכלת ישראל ויבטיח את היציבות בגבול הצפון.
Les deux pays ont signifié début octobre leur satisfaction à un projet d'accord du médiateur américain Amos Hochstein. Mais jeudi dernier, Israël a affirmé son refus d'une série d'amendements libanais au projet d'accord ce qui a douché des espoirs.
Ces derniers jours, les négociations en coulisses se sont poursuivies et, tôt mardi matin, Israël a indiqué avoir reçu une réponse favorable à ses préoccupations sur les demandes d'amendements libanais.
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"Toutes nos demandes ont été acceptées, les changements que nous avons exigés ont été corrigés. Nous avons préservé les intérêts sécuritaires d'Israël, nous sommes sur la voie d'un accord historique", a déclaré Eyal Hulata, conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre israélien Yaïr Lapid.
Dans la foulée, Elias Bou Saab, l'un des principaux négociateurs libanais, a annoncé à la presse que "le Liban a obtenu tous ses droits" dans le projet final de l'accord.
"Le Liban a obtenu tous ses droits et toutes nos remarques ont été prises en compte", a assuré le vice-président du Parlement libanais.
Le président Michel Aoun dira mardi s'il approuve ou non le document, a-t-il précisé.
Cette proposition finale du médiateur américain doit être transmise en journée au président libanais Michel Aoun, a précisé cette source sans épiloguer.
Selon des informations de presse et des responsables, le texte prévoit que le gisement offshore de Karish soit sous contrôle d'Israël et que les réserves de Cana, situées plus au nord-est, soient octroyées au Liban.
"Bénéfiques" aux populations
Mais comme une partie de ce gisement dépasse la future ligne de démarcation, l'État hébreu toucherait une part des futurs revenus de l'exploitation gazière de Cana, d'après ces sources.
En Israël, le chef de l'opposition Benjamin Netanyahu a fustigé la semaine dernière ce projet, accusant le gouvernement de "donner" un "territoire souverain d'Israël", et menacé de ne pas le respecter en cas de retour aux affaires à l'issue des législatives du 1er novembre.
Benjamin Netanyahu a aussi demandé à ce que le texte soit soumis à la Knesset (le Parlement), voire fasse l'objet d'un référendum. Mardi, le bureau du Premier ministre Lapid n'a pas détaillé le processus israélien d'approbation de l'accord.
Dans un contexte où l'Union européenne cherche à diversifier ses approvisionnements en gaz en raison de l'invasion russe de l'Ukraine, Israël mise sur le gisement de Karish, prêt à entrer en production, pour doper ses livraisons de gaz vers le Vieux continent.
Or dimanche, la société Energean, mandatée pour exploiter ce gisement, a annoncé le début de tests pour raccorder au territoire israélien sa plateforme gazière offshore, étape-clé pour le début de la production.
Le ministère français des Affaires étrangères a affirmé de son côté ce week-end contribuer "activement à la médiation américaine", soulignant qu'un accord serait "bénéfique aux deux pays et à leurs populations".
En juillet, le Premier ministre israélien Yaïr Lapid avait évoqué ce dossier sensible avec le président Emmanuel Macron, espérant voir Paris user de son influence pour faciliter un accord avec Beyrouth, d'autant que le français TotalEnergies est pressenti pour explorer le gisement de Cana.
Mais contrairement à Karish, ce gisement est encore loin de pouvoir être activé et doit faire l'objet de plus de prospection pour en déterminer les ressources gazières récupérables.
Avec AFP