"Nous avons des aveux qui prouvent que les services français sont derrière la tentative d'assassinat du président", affirme le porte-parole de la junte. Par ailleurs, la junte a décidé de suspendre sa participation aux négociations à Ouagadougou.
La junte militaire au pouvoir en Guinée, qui refuse désormais de participer aux négociations sur la crise à Ouagadougou avant le rétablissement de son chef, a accusé mardi la France d'être impliquée dans la tentative d'assassinat du capitaine Moussa Dadis Camara.
"Plusieurs personnes ont été arrêtées et interrogées. Je confirme que nous avons des aveux qui prouvent que les services français sont derrière la tentative d'assassinat du président", affirme Idrissa Chérif, ministre guinéen chargé de la communication de la présidence et du ministère de la Défense. "Ils ont eu des complices aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur et nous en avons les preuves. Dans les prochains jours, vous serez édifiés", ajoute Chérif.
Négociations suspendues
Des accusations rejetées avec force par les autorités françaises. "Il n'y a pas de temps à perdre en polémiques stériles. Les efforts doivent porter sur les élections que le peuple guinéen attend. C'est cela la priorité et c'est aussi l'attente de la communauté internationale", a réagi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.
Dimanche, le Groupe international de contact sur la Guinée, mise en place après le massacre d'opposants par l'armée le 28 septembre dernier à Conakry et chargé de sortir le pays de la crise politique, devrait se réunir à Ouagadougou. Mais les militaires au pouvoir en Guinée ne veulent plus participer à ces négociations tant que leur chef n’a pas repris ses fonctions.
"Nous savons que c'est dans la négociation, certainement, que le peuple ou la nation aura son salut. Mais, pour le moment, ce qui préoccupe le CNDD et le gouvernement, c'est la santé du président, c'est la quiétude interne", a justifié le colonel Keïta, ministre secrétaire permanent du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte), dans une interview diffusée à plusieurs reprises dans les médias guinéens dans la soirée de mardi.
Les Guinéens s'interrogent
Le chef de la junte militaire, qui s'est emparé du pouvoir il y a près d'un an, à la mort du président Lansana Conté, a été victime d'une tentative d'assassinat le 3 décembre dernier. Blessé à la tête par son aide de camp, le lieutenant Aboubacar "Toumba" Diakité - actuellement en fuite -, il a été évacué vers l'hôpital militaire de Rabat, au Maroc, où il a été opéré.
En cours de rétablissement, il devrait, selon le ministre guinéen de l'Information Idrissa Chérif, s'adresser à la nation sous peu. "Le président va bien. Je pense qu'il s'adressera à la nation et à son peuple soit ce soir, soit demain", a déclaré Chérif à Reuters.
Malgré cette version officielle, les Guinéens s'interrogent sur l'état de santé réel du capitaine. Surtout, nombreux sont ceux qui, en Guinée comme dans les pays voisins et dans la communauté internationale, souhaitent qu'il ne rentre pas à Conakry.