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L’armée ukrainienne progresse dans la région de Kharkiv, Moscou regroupe ses forces à l'est

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi que les forces de Kiev ont repris une trentaine de localités aux troupes russes dans le nord-est du pays. Une progression "très nette et très rapide", a reconnu un responsable prorusse, alors que la Russie a annoncé regrouper ses forces près de Donetsk. 

Des officiels ukrainiens ont partagé, samedi 10 septembre, des photos de leurs troupes hissant le drapeau national à Kupiansk, principale ville ferroviaire qui approvisionne les forces russes dans le nord-est de l'Ukraine. 

La veille, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, a déclaré que les forces militaires ukrainiennes étaient parvenues à reprendre une trentaine de localités aux troupes russes dans la région de Kharkiv et qu'elle poursuivait aussi ses contre-offensives dans le Donbass et dans la région de Kherson.  

Après avoir gardé le silence, Moscou a finalement reconnu que ses défenses avaient été enfoncées sur une partie de la ligne de front au sud-est de la deuxième plus grande ville d'Ukraine.  

"Nous ralentissons l'ennemi autant que possible mais plusieurs villages sont déjà passés sous le contrôle des forces armées ukrainiennes", a déclaré Vitali Gantchev, chef de l'administration prorusse dans la partie de la région de Kharkiv contrôlée par Moscou. Il a admis une "progression très nette et très rapide" des forces adverses.

An administrative building in the center of #Kupiansk, #Kharkiv region. pic.twitter.com/XQuKId2V7A

— NEXTA (@nexta_tv) September 10, 2022

La Russie abandonne le bastion d'Izioum

En parallèle, l'armée russe a annoncé avoir "retiré" ses forces présentes dans les zones de Balakliïa et d'Izioum, dans l'est ukrainien où Kiev fait état d'avancées dans sa contre-offensive, afin de les "regrouper" près de Donetsk, plus au sud.  

"Il a été décidé de regrouper les forces russes déployées dans les régions de Balakliïa et d'Izioum", a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué, en assurant y avoir procédé "afin de renforcer les efforts" autour de Donetsk, l'une des capitales des séparatistes prorusses. 

La situation est "difficile" dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, a, pour sa part, reconnu un dirigeant séparatiste prorusse, Denis Pouchiline. 

À Lyman, tombée fin mai aux mains des forces de Moscou, "la situation reste assez difficile, tout comme dans un nombre d'autres localités dans le nord de la République" populaire de Donetsk (DNR), a déclaré Denis Pouchiline, dirigeant de la DNR, dans une vidéo sur Telegram.

Plus tôt dans la journée, Vitali Gantchev avait indiqué que les forces prorusses tentaient d'évacuer les civils qui veulent fuir l'avancée ukrainienne, y compris de la ville d'Izioum, nœud logistique stratégique pour l'offensive russe dans le Donbass. 

Un conseiller de Volodymyr Zelensky, Oleksiy Arestovytch, avait, en outre, affirmé dans une vidéo diffusée sur YouTube que les troupes russes basées à Izioum étaient pratiquement isolées, ce qui constituerait un sévère revers pour Moscou. 

Des centaines de soldats russes ont été tués depuis que la ligne de front a été enfoncée cette semaine et des centaines d'autres ont été faits prisonniers, a-t-il dit, sans qu'il soit possible de vérifier ces informations, comme celles fournies par les Russes, aucun journaliste indépendant ne pouvant se déplacer librement dans la région.

L’armée ukrainienne progresse dans la région de Kharkiv, Moscou regroupe ses forces à l'est

Renforts russes dans la région de Kharkiv

Après l'avoir négligée pour renforcer le front Sud, la Russie a annoncé avoir envoyé des renforts dans la région de Kharkiv et le ministère de la Défense a diffusé une vidéo de véhicules militaires se déplaçant à grande vitesse sur une autoroute, sans que l'on puisse dire dans quelle direction.  

Les autorités ukrainiennes ont de leur côté diffusé des vidéos de soldats brandissant le drapeau national devant des panneaux signalétiques dans des villes et villages jusqu'alors contrôlés par les forces russes. 

L'une d'elles montre des soldats passant devant un panneau autoroutier souhaitant la bienvenue à Koupiansk, une ville qui était encore située il y a 72 heures à une cinquantaine de kilomètres de la ligne de front. 

Selon les experts occidentaux, la reconquête par l'armée ukrainienne de ce nœud ferroviaire couperait d'importantes lignes d'approvisionnement entre la Russie et le Donbass et fragiliserait tout le dispositif russe dans la région, des milliers de soldats risquant de se retrouver encerclés dans le secteur d'Izioum.  

Soutien occidental

L'armée ukrainienne n'avait pas enregistré de progression aussi rapide depuis que les troupes russes ont renoncé à prendre Kiev en mars et se sont retirées précipitamment en direction de la frontière.  

"Nous voyons que les Ukrainiens enregistrent des succès à Kherson, nous en voyons maintenant à Kharkiv, c'est très, très encourageant", a commenté le secrétaire à la Défense américain, Lloyd Austin, pendant une conférence de presse à Prague.  

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken était pour sa part à Bruxelles pour une réunion avec l'Otan, où il compte insister sur "l'unité" des membres de l'organisation pour "s'assurer que notre Alliance soit aussi forte que possible pour dissuader la Russie de toute nouvelle agression".

La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, est arrivée samedi à Kiev pour une visite surprise destinée à "montrer" que l'Ukraine "peut compter" sur le soutien de Berlin, a annoncé le ministère des Affaires étrangères allemand.

"Je me suis rendue à Kiev aujourd'hui pour montrer qu'ils peuvent continuer à compter sur nous. Que nous continuerons à soutenir l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra, par la livraison d'armes, par un soutien humanitaire et financier", a-t-elle indiqué, citée dans un communiqué de ses services.

L'état-major de l'armée ukrainienne a déclaré vendredi que les troupes russes tentaient d'emporter dans leur retraite à l'est de Kharkiv leurs blessés et l'équipement militaire endommagé.

L'armée russe n'en continue pas moins de bombarder la deuxième ville d'Ukraine, où dix personnes, dont trois enfants, ont été blessées vendredi par des tirs de roquettes, a déclaré le gouverneur Oleh Synehoubov.  

Un hôpital a aussi été touché dans la région de Soumy, selon les autorités locales. 

Avec Reuters