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En Éthiopie, les rebelles et le gouvernement ouvrent de nouvelles zones de combats

Gouvernement éthiopien et rebelles de la région du Tigré se sont mutuellement accusés, mercredi, d'avoir ouvert de nouveaux fronts dans le nord de l'Éthiopie, une semaine après la reprise de combats ayant fait voler en éclats une trêve de cinq mois.

La situation continue de se dégrader en Éthiopie. Alors que les combats ont repris il y a une semaine après cinq mois de trêve, gouvernement et rebelles de la région du Tigré se sont mutuellement accusés, mercredi 31 août, d'avoir ouvert de nouveaux fronts dans le nord du pays.

Cette extension possible du conflit intervient au lendemain d'un nouveau raid aérien contre la capitale du Tigré, Mekele, le deuxième depuis la reprise des hostilités le 24 août, dans des zones des régions de l'Amhara et de l'Afar entourant la pointe sud-est du Tigré.

Dans un communiqué publié mercredi matin, le gouvernement éthiopien a accusé les rebelles d'avoir "étendu leur offensive à d'autres zones" du nord de l'Éthiopie, dans la zone administrative de Wag (nord-est de l'Amhara), dans le Wolkait, un district de l'ouest du Tigré, et dans des zones de l'ouest de l'Amhara frontalières du Soudan.

Interrogé par l'AFP, Getachew Reda, porte-parole des autorités rebelles du Tigré, a en retour accusé le "régime Abiy" d'avoir "lancé une offensive dans ces zones".

Aucune confirmation de combats dans celles-ci n'a pu être obtenue dans l'immédiat de source indépendante. Les journalistes n'ont pas accès au nord de l'Éthiopie, rendant impossible toute vérification indépendante et les réseaux de télécommunications y fonctionnent de manière aléatoire.

Revendiquée par les Tigréens et les Amhara – deuxième population ethno-linguistique du pays –, la zone administrative du Tigré occidental est occupée depuis fin 2020 par les forces régionales d'Amhara, qui prêtent main forte à l'armée fédérale dans le conflit.

Dans son communiqué, le gouvernement éthiopien n'évoque pas cette nouvelle frappe qu'il n'a ni confirmée ni démentie. Une source humanitaire ayant requis l'anonymat a toutefois confirmé à l'AFP, mercredi, la frappe aérienne nocturne sur Mekele, sans d'autres détails.

Quelque 18 000 personnes déplacées par la reprise des combats

Les autorités rebelles du Tigré ont indiqué dans un communiqué que le raid avait "causé des blessures légères à graves à des civils ainsi que des dégâts matériels", sans autres détails.

Une frappe aérienne avait déjà frappé la ville le 26 août, tuant au moins quatre personnes, dont deux enfants, selon le Dr Kibrom, un responsable de l'hôpital Ayder, le principal de Mekele. Les rebelles et l'Unicef ont affirmé qu'un "jardin d'enfants" avait été touché, le gouvernement rétorquant que son aviation ne ciblait que des "sites militaires".

Getachew Reda a affirmé que le nouveau "raid de drone nocturne sur Mekele" ne visait aucune "cible militaire" et accusé le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, de "tuer des enfants et des civils innocents". Mardi, Getachew Reda avait expliqué que les rebelles tigréens, après avoir initialement "défendu (leurs) positions", avaient lancé une contre-offensive au-delà de la frontière sud du Tigré.

Dans son communiqué, le gouvernement affirme que l'armée s'est "vaillamment défendue contre les attaques lancées" par les rebelles "dans l'est de l'Amhara".

Ces derniers jours, selon des sources diplomatique, humanitaire et des habitants, les rebelles ont progressé d'une cinquantaine de kilomètres à l'intérieur de l'Amhara, s'approchant de la ville de Woldiya, ainsi qu'en Afar.

Mardi, l'APDA, une ONG active en Afar, a indiqué y avoir déjà recensé 18 000 personnes déplacées par la reprise des combats dans la région et dit craindre que leur nombre n'augmente face à "l'avancée des rebelles" en direction de l'Amhara.

Gouvernement et rebelles toujours prêts à négocier

Rapidement défaits en novembre 2020 par les troupes envoyées par Abiy Ahmed pour déloger l'exécutif du Tigré, qui contestait son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires, les rebelles tigréens ont repris mi-2021 la quasi-totalité de la région à la faveur déjà d'une contre-offensive qui les a vus s'approcher d'Addis Abeba.

Ils se sont ensuite repliés vers le Tigré, accusant depuis le gouvernement "d'assiéger" la région, ce que ce dernier dément.

La communauté internationale a multiplié ces derniers jours les appels au dialogue. Depuis juin, les deux parties répètent être disposées à négocier, sans cesser de s'opposer sur les modalités des futures discussions.

Malgré la reprise des combats, le gouvernement a assuré mercredi "n'avoir pas encore écarté les possibilités de paix" et les rebelles assuraient la veille rester "ouverts à toute négociation".

La trêve décidée fin mars avait permis la reprise de l'acheminement par la route de l'aide humanitaire vers le Tigré, interrompu alors depuis trois mois et qui semble de nouveau désormais menacé.

Le bilan de cette guerre meurtrière est inconnu. Mais elle a déplacé plus de deux millions de personnes et plongé des centaines de milliers d'Éthiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU. Le Tigré est en outre privé depuis plus d'un an d'électricité, de télécommunications, de services bancaires ou de carburant.

Avec AFP