Près d'une semaine après le début de la grève qui touche de nombreux musées et monuments parisiens, la presse internationale se montre compatissante avec les touristes de la ville la plus visitée au monde. Revue de presse.
La grève déclenchée le 2 décembre par l'intersyndicale du ministère de la Culture dans les musées et monuments français pour protester contre des suppressions de postes et des restrictions budgétaires n'en finit plus de faire des vagues dans la presse internationale.
"Le président Sarkozy avait lâché l’an dernier que, ‘désormais, quand il y [avait] une grève en France, personne ne s’en [apercevait]’", rappelle ainsi le correspondant du quotidien britannique "Daily Telegraph", avant de faire remarquer, non sans ironie, que les touristes présents dans la capitale française s'en étaient, eux, bel et bien aperçus ces derniers jours…
Toutefois, ce sont d'abord les conséquences du mouvement social que critiquent les médias internationaux... qui déplorent également la tristesse d’un Paris sans musées. "Le week-end prévoit d’être morose pour ceux qui visitent la France, et je ne parle pas que de la pluie qui tombe sur Paris", commentait vendredi dernier le blog Voyages du "Los Angeles Times".
Si cette grève des personnels des musées nationaux fait tant parler d’elle à l'étranger, c’est surtout parce qu’elle cause de nombreux désagréments aux visiteurs de la première destination touristique de la planète. Seize millions de visiteurs ont arpenté les couloirs des musées français en 2008, n'oublie pas de rappeller "The Guardian". Plus de la moitié ont visité le Louvre, précise de son côté le "Financial Times".
"Shocking"
Parmi les touristes étrangers qui se sont cassés le nez au centre Pompidou, au Louvre ou à la Sainte-Chapelle, beaucoup pensent en effet avoir raté leur séjour dans l'Hexagone. "
The Guardian" donne ainsi la parole à un journaliste londonien en goguette à Paris, qui a le sentiment "d’avoir été floué", et à une touriste californienne qui, après avoir "dépensé beaucoup d’argent pour [s]es vacances", pense avoir manqué "l’occasion de sa vie" en trouvant portes closes devant le musée d’Orsay…
Les touristes anglo-saxons ne sont pas les seuls à se sentir frustrés. Comme le rapporte par exemple la
BBC, les visiteurs chinois sont, eux aussi, très déçus par leur séjour dans la Ville lumière, à l'instar de ce couple du Guangzhou qui rêvait d'admirer la Joconde et la Vénus de Milo : "Il y a de superbes peintures là-dedans, des chefs-d’œuvre" déclare celui-ci devant la pyramide du Louvre fermée, avant de confier qu'il gardera de son séjour parisien un goût d'inachevé.
Les plus malheureux sont peut-être les visiteurs irlandais, tels ceux qu'a déniché "
The Guardian". Non contents de voir la qualification de leur équipe pour la prochaine Coupe du monde de football leur passer sous le nez dans les circonstances que l'on sait, Aoife Hoban et Paul Amond trouvent l'Arc de Triomphe fermé. Un incident qui ne les empêchent pas de rester philosophes : "C’est d’autant plus dommage que nous ne sommes là que pour deux jours… Mais Paris, c’est quand même pas mal", lancent-ils.
La presse espagnole trouve pour sa part quelque raison de se réjouir de la situation. D’une part, la tour Eiffel - qui est gérée par la mairie de Paris - reste ouverte, ce qui n’est pas rien pour l’un des monuments les plus visités au monde, rappelle la correspondante à Paris du quotidien "El Pais" dans un article au titre alarmiste :
"Menaces de grèves sur la culture française".
D'autre part, relève une autre plume d’
"El Pais", à l’occasion de cette grève, le billet d’entrée au musée du Louvre est "passé de 9 à 6 euros" pour "compenser les fermetures de salles". Il faut préciser que le plus célèbre musée parisien n’a fait grève que par intermittence depuis le 2 décembre, jour où le mouvement a commencé.
La première grève de Mitterrand
Reste que si la presse étrangère s’émeut des touristes houspillés, elle ne s’aventure guère à expliquer les raisons de la colère des grévistes, et encore moins à préciser qu'elle vise directement la politique de Nicolas Sarkozy et de son ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand.
La bloggeuse culturelle du
"New-York Times" prend pourtant soin de rappeler que la raison de cette grève - le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux à partir de 2010 - fera perdre 400 emplois au centre Pompidou ces dix prochaines années.
Son collègue belge de la "Libre Belgique" est l’un des rares à replacer la mobilisation dans son contexte, en la présentant comme le "nouvel épisode d’un long et vieux feuilleton" : "Les réformes de la droite ont du mal à passer dans le monde de la culture" écrit Bernard Delattre, correspondant en France du quotidien belge francophone, avant de conclure : moins de six mois après sa nomination comme ministre, Frédéric Mitterrand se voit confronté à un
"baptême du feu" au cours duquel il pourrait perdre une partie de sa légitimité...