Après sa visite d'une journée à Kinshasa, Antony Blinken doit se rendre à Kigali, mardi, pour la dernière étape de sa tournée africaine et sans doute l'une des plus délicates. À Kinshasa, le secrétaire d'État américain s'est dit préoccupé par le soutien du Rwanda au groupe rebelle M23, auteur de massacres en RD Congo. Il a demandé davantage de "transparence".
Attendu au Rwanda dans la soirée du mercredi 10 août dans la cadre de sa tournée africaine, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a évoqué, la veille, en République démocratique du Congo la préoccupation des États-Unis après des informations "crédibles" faisant état d'un soutien de Kigali au M23, une rébellion qui a resurgi dans l'est congolais.
"Tous les pays doivent respecter l'intégrité territoriale de leurs voisins", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue d'un tête-à-tête avec le président congolais Félix Tshisekedi.
Le M23 est une ancienne rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013, qui a repris les armes en fin d'année dernière en reprochant à Kinshasa de n'avoir pas respecté des accords sur la démobilisation et réinsertion de ses combattants. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir le M23, ce que dément Kigali.
Dans un rapport de 131 pages au Conseil de sécurité de l'ONU, consulté la semaine dernière par l'AFP, des experts missionnés par cette institution ont déclaré que les troupes rwandaises étaient intervenues militairement à l'intérieur de la RDC depuis novembre 2021.
Demande de transparence auprès de Kigali
Le Rwanda a également "fourni des renforts de troupes" pour des opérations spécifiques du M23, selon le rapport des experts, "en particulier lorsque celles-ci visaient à s'emparer de villes et de zones stratégiques".
"Nous demandons que le Conseil de sécurité publie [ce] rapport dans son intégralité", a déclaré Christophe Lutundula, ministre congolais des Affaires étrangères lors de la conférence de presse conjointe avec Antony Blinken. "Toute entrée de forces étrangères en RDC doit se faire de manière transparente et avec le consentement de la RDC. C'est la raison principale pour laquelle je suis ici", a indiqué son homologue américain.
"Il est juste de dire que nous ne fermons certainement pas les yeux", a ajouté le chef de la diplomatie américaine, qui a affirmé que les États-Unis apportent un soutien aux "très importants efforts de médiation menés par l'Afrique".
Rencontre attendue avec le président rwandais Paul Kagamé
L'est de la RDC est infesté par une centaine de groupes armés qui sèment la mort depuis près de 30 ans. Le M23 est l'un des plus actifs actuellement.
"Antony Blinken devrait clairement affirmer que les États-Unis imposeront des sanctions ciblées aux responsables gouvernementaux et aux autres personnes qui soutiennent des groupes armés qui commettent des abus" dans l'est de la RDC, demandent 19 organisations congolaises et américaines.
"Le secrétaire d'État Blinken devrait informer le président rwandais Paul Kagame que les États-Unis ne toléreront aucun soutien au M23, comme l'a fait le président Barack Obama en 2012", a déclaré le Père Rigobert Minani Bihuzo du Centre d'études pour l'Action sociale (CEPAS), un des signataires.
Pour la restauration de la paix dans cette partie du territoire congolais, deux initiatives diplomatiques africaines sont en cours. Elles sont menées par les présidents kenyan Uhuru Kenyatta - pour le désarmement de la centaine de groupes armés actifs - et angolais Joao Lourenco, pour obtenir la désescalade entre Kinshasa et Kigali, accusé de soutenir le M23. Ce que dément le Rwanda.
Avec AFP