logo

Des manifestations pro-Öcalan dégénèrent à Diyarbakir

Des heurts ont éclaté dans le sud-est de la Turquie, entre la police et des manifestants qui s'insurgent contre les conditions de détention du chef rebelle kurde Abdullah Öcalan. Un étudiant de 23 ans a été tué, deux autres personnes blessées.

AFP - Des manifestations dénonçant les conditions carcérales du chef rebelle kurde Abdullah Öcalan ont dégénéré en heurts avec la police dimanche dans le sud-est de la Turquie, faisant un mort et plusieurs blessés selon les médias et des sources locales.

A Diyarbakir, principale ville de cette région peuplée en majorité de Kurdes, quelque 15.000 personnes réunies à l'appel du Parti pour une société démocratique (DTP, prokurde) ont manifesté aux cris de "Ou des conditions de vie honorables, ou la guerre et la vengeance" et "Vive le président Öcalan", a constaté un correspondant de l'AFP.

Les manifestants, qui portaient en tête de cortège une maquette sensée représenter la cellule d'Öcalan, ont jeté des pierres et tiré des feux d'artifice en direction de la police quand celle-ci a tenté de bloquer leur progression. Les policiers anti-émeutes ont riposté en faisant usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau.

Un étudiant de 23 ans qui participait à la manifestation a succombé à une blessure par balle, ont affirmé des sources locales, qui ont par ailleurs fait état de deux blessés, dont un policier, et de plusieurs interpellations.

Le bilan pour l'ensemble de la région dimanche est d'un mort, trois blessés et 113 arrestations, ont indiqué des sources de sécurité.

La veille, un adolescent de 19 ans avait été gravement blessé à la tête par une grenade lacrymogène et cinq policiers avaient été plus légèrement atteints.

Le chef et fondateur du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, illégal), 61 ans, qui purgeait en solitaire depuis 1999 une peine de prison à vie sur l'île d'Imrali (nord-ouest), a été transféré à la mi-novembre dans une autre cellule du même pénitencier et il peut côtoyer maintenant d'autres détenus.

Öcalan s'est récemment plaint de ses nouvelles conditions d'incarcération, affirmant qu'elles étaient "pires qu'avant" et évoquant une "cellule de 6-7 m2". "Je ne sais pas combien de temps je pourrai résister à ces conditions qui ont fait de moi un homme mi-mort, mi-vivant", a-t-il dit.

Ces déclarations ont entraîné de nombreuses manifestations kurdes de protestation.

Vendredi, le président de la commission parlementaire des droits de l'Homme Zafer Üskül a estimé au terme d'une enquête que les conditions d'emprisonnement d'Öcalan étaient "conformes aux normes internationales et même meilleures".

Il a notamment assuré que la nouvelle cellule faisait 11,8 m2 contre 11,9 m2 auparavant.

Les autorités turques ont par ailleurs indiqué avoir invité le comité pour la prévention de la torture du conseil de l'Europe à visiter la cellule.

Les manifestations interviennent alors que le gouvernement a dévoilé en novembre un plan visant à renforcer les droits des Kurdes, et que doit débuter mardi devant la Cour constitutionnelle un procès contre le DTP, accusé de collusion avec le PKK et menacé de dissolution.
 

Tags: Turquie,