Bobby Crimo, l'homme armé suspecté d'avoir tué sept personnes et blessé une trentaine d'autres, lundi, près de Chicago, bénéficiait encore la veille d'une modeste renommée en ligne, sous son nom de scène "Awake the Rapper". Selon la police, il avait préparé son attaque "pendant des semaines". Il a été inculpé mardi soir.
On en sait un peu plus, mardi 5 juillet, sur le profil de la personne suspectée d'avoir tué sept personnes et blessé une trentaine d'autres lundi près de Chicago. Son nom : Bobby Crimo. Nom de scène : "Awake the Rapper". Âge : 21 ans.
Le jeune homme a été inculpé de sept meurtres, a annoncé le procureur général du comté de Lake, au nord de Chicago. S'il est reconnu coupable il pourrait être condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle. "Ce ne sont que les premiers des nombreux chefs d'inculpation qui seront retenus contre Bobby Crimo", a ajouté le procureur.
C'est dans les clips de ses chansons aux quelques milliers de vues sur YouTube que le jeune homme – sans emploi après avoir renoncé à mener des études supérieures – laisse entrevoir la violence qui l'habite.
Le protagoniste de l'une de ces vidéos, qui sont désormais indisponibles, tire au fusil sur des personnes, dans un style de dessin animé aux traits grossiers, avant de se trouver lui-même couché dans une flaque de sang, abattu par la police. "Je veux juste crier/Que ce monde aille se faire foutre/Je vis mon rêve", rappe Bobby Crimo sur ces images.
Dans une autre chanson, publiée il y a huit mois selon le journal local Chicago Tribune, il lâche sombrement : "J'ai besoin de tout simplement le faire", puis "C'est mon destin. Tout m'a mené à cela. Rien ne peut m'arrêter, pas même moi-même."
"Comment quelqu'un peut-il devenir si haineux ?"
La maire de Highland Park, ville cossue du nord des États-Unis, a raconté l'avoir connu lorsqu'il était jeune scout et qu'elle encadrait son groupe. "C'était juste un petit garçon", a raconté Nancy Rotering à la chaîne NBC, en ajoutant : "Et on se demande : qu'est-ce qui s'est passé ? Comment quelqu'un peut-il devenir si furieux, si haineux, pour s'en prendre à des gens innocents qui passaient juste une journée dehors en famille ?"
Robert Crimo a utilisé un "fusil puissant similaire à un AR-15" pour tirer vraisemblablement au hasard sur la foule qui assistait au défilé du 4-Juillet du haut du toit d'un commerce, a précisé Christopher Covelli, un responsable de la police. "Nous pensons qu'il a préparé cette attaque pendant des semaines", a-t-il dit.
Il s'était "habillé en femme" pour cacher son identité et pourrait avoir porté une perruque de cheveux longs pour cacher ses tatouages au visage, a-t-il précisé, ajoutant qu'il avait ensuite abandonné son arme et s'était fondu dans la masse des gens qui fuyaient.
Cinq personnes sont mortes sur place, une autre est décédée à l'hôpital, une autre mardi et des dizaines de spectateurs du défilé ont été blessés par balle.
Bobby Crimo a été interpellé "sans incident" lundi en fin d'après-midi après une brève course-poursuite.
Selon le policier, le jeune homme avait fait une tentative de suicide en avril 2019 et avait été suivi par un médecin. En septembre 2019, des agents étaient intervenus au domicile familial après un signalement prévenant qu'il "allait tuer tout le monde". La police avait alors saisi 16 couteaux, une dague et une épée. Il n'avait pas été arrêté car personne n'avait porté plainte, a souligné Christopher Cavelli.
Ce frêle homme blanc, aux longs cheveux noirs, a le visage marqué de plusieurs tatouages, comme un "47" sur la tempe droite et un "Awake", son nom de rappeur, au-dessus de l'arcade sourcilière gauche.
Photo avec un drapeau Trump autour des épaules
Son oncle, Paul Crimo, avec lequel il vit dans la ville voisine de Highwood, l'a décrit comme un "gamin très discret", un "rappeur YouTube" qui "ne s'exprime pas, reste assis devant son ordinateur" et avec lequel il n'avait "pas d'interactions".
La nature des relations entre Bobby Crimo et son père Bob, un épicier qui avait mené une infructueuse campagne électorale en 2019 pour devenir maire de Highland Park, n'était pas immédiatement claire mardi.
Un de ses amis dont il s'était récemment éloigné, Bennett Brizes, a confié au Washington Post que Bobby Crimo était "toujours apolitique". "Je sais pas, mec", répondait-il invariablement lorsqu'on lui demandait son avis sur les affaires du monde.
Il avait pourtant publié sur son compte Twitter désormais bloqué une photo le montrant avec un drapeau Trump autour des épaules, ainsi qu'un dessin modifié de "Pepe la grenouille", personnage devenu un symbole de ralliement de l'extrême droite américaine.
Dans un autre clip qu'il a réalisé, des images glaçantes le montrent seul dans une salle de classe, affublé d'un casque et d'un gilet pare-balle, avec d'inquiétants rires sardoniques en fond sonore. Dans une autre vidéo, repérée par le Washington Post, il disait "détester quand les autres attirent davantage l'attention que (lui) sur Internet".
Avec AFP