Le président équatorien Guillermo Lasso a annoncé, vendredi, l'état d'urgence dans trois provinces du pays, dont celle comprenant la capitale Quito. Une décision qui intervient après des violences survenues lors de manifestations d'indigènes contre les prix du carburant. Ces derniers ont promis de poursuivre samedi le mouvement de protestation.
Confronté depuis plusieurs jours à des violences lors de manifestations d'indigènes contre les prix du carburant, le président de l'Équateur Guillermo Lasso a annoncé, vendredi 17 juin, l'état d'urgence dans trois provinces du pays.
"Je m'engage à défendre notre capitale et à défendre le pays. Cela m'oblige à déclarer l'état d'urgence à Pichincha (où se trouve Quito, NDLR), Imbabura et Cotopaxi à partir de minuit ce soir (5 h GMT samedi)", a-t-il déclaré dans une allocution télévisée. "J'ai appelé au dialogue et la réponse a été plus de violence. Il n'y a aucune intention de chercher des solutions", a-t-il déploré.
L'état d'urgence permet au président de mobiliser les forces armées pour maintenir l'ordre, de suspendre les droits des citoyens ou d'instaurer des couvre-feux.
Le mouvement de protestation a été lancé lundi par la Confédération des nationalités indigènes de l'Équateur (Conaie), plus grande organisation de peuples indigènes qui réclame notamment une baisse du prix des carburants. En réaction à l'annonce de l'état d'urgence, la Conaie a affirmé samedi que le mouvement se poursuivrait tant que ses revendications n'auront pas été entendues.
"Nous ratifions la lutte au niveau national, indéfiniment", a lancé Leonidas Iza, le chef de cette organisation qui a contribué au renversement de trois présidents équatoriens entre 1997 et 2005 et avait déjà mené les violentes manifestations de 2019 (11 morts). "Dès maintenant, nous préparons la mobilisation" des indigènes à Quito pour maintenir les protestations, a-t-il ajouté tout en appelant à la fin de la violence et du vandalisme.
La communauté indigène du pays représente plus d'un million des 17,7 millions d'habitants de l'Équateur.
Plusieurs revendications et des aides pour les plus pauvres
L'Équateur, pays producteur de pétrole, est frappé par l'inflation, le chômage et la pauvreté, des éléments exacerbés par la pandémie de Covid-19. Les prix du carburant y ont fortement augmenté depuis 2020, passant de 1 à 1,90 dollar par gallon (3,8 litres) pour le diesel et de 1,75 à 2,55 dollars pour l'essence.
La Conaie exige que le gouvernement réponde à une liste de dix demandes. Elle réclame que les prix soient ramenés à 1,50 dollar pour le diesel et à 2,10 dollars pour l'essence, une demande rejetée par Quito. Parmi ses autres revendications figurent le contrôle des prix des denrées alimentaires et la renégociation des prêts bancaires personnels de quelque quatre millions de familles.
Initié lundi, le mouvement de protestation, auquel se sont joints depuis des étudiants et travailleurs, a entraîné le blocage de l'accès à deux principaux marchés d'approvisionnement de Quito, et celui de nombreuses routes dans 15 des 24 provinces du pays.
Avec des lances à la main, des indigènes amazoniens ont aussi occupé temporairement les sièges des gouvernements locaux dans les provinces de Pastaza et Morona Santiago (sud-est), proches du Pérou.
À Quito, près de 1 000 manifestants ont tenté d'arracher les clôtures métalliques entourant le siège présidentiel.
Pour tenter de désamorcer la crise, le président conservateur – au pouvoir depuis un an – a reçu vendredi une petite délégation de représentants indigènes, mais les discussions ont apparemment donné peu de résultats. Dans la soirée, outre l'état d'urgence, il a annoncé l'augmentation d'une aide mensuelle de 50 à 55 dollars pour "améliorer la situation difficile" des familles les plus pauvres, ainsi que des aides en faveur des agriculteurs.
Les producteurs de fleurs, l'un des principaux produits d'exportation de l'Équateur, se sont plaints vendredi qu'en raison des barrages routiers, leurs produits étaient en train de pourrir.
Les protestations ont jusqu'à présent causé quelque 50 millions de dollars de dommages à l'économie, selon le ministère de la Production.
Avec AFP