
Trois jours après la fusillade qui a fait 21 morts dont 19 enfants au Texas, la NRA a organisé sa grand-messe annuelle en présence de Donald Trump. Si chaque nouvelle tuerie relance le débat autour de la régulation des armes à feu aux États-Unis, la loi est particulièrement permissive dans de nombreux États et la question continue de diviser les Américains. La rencontre a été marquée par la présence de manifestants.
La NRA, le puissant lobby pro-armes américain a tenu, vendredi 27 mai, son assemblée annuelle au Texas en pleine polémique, trois jours jours seulement après l'effroyable fusillade dans une école de cet État américain.
À quelques heures de route de l'école primaire d'Uvalde, où un adolescent de 18 ans a tué dix-neuf enfants et deux enseignantes mardi, la NRA a organisé sa grand-messe, en présence de l'ancien président Donald Trump.
L'ancien locataire de la Maison Blanche avait confirmé mercredi sa présence, en lançant que les États-Unis avaient "besoin de vraies solutions et de vrai leadership en cette période, pas de politiciens et de considérations partisanes".
"C'est pourquoi je respecterai mon engagement de longue date de m'exprimer à la convention de la NRA au Texas", avait-il fait savoir, promettant "un discours important au peuple américain".
Deux autres orateurs républicains, le gouverneur du Texas, Greg Abbott, et le vice-gouverneur, Dan Patrick, ont renoncé à s'exprimer en personne. Greg Abbott a, quant à lui, prévu de prononcer un discours préenregistré et se rendra à Uvalde plus tard dans la journée. Dan Patrick a déclaré, pour sa part, qu'il ne souhaitait pas infliger "une douleur ou un chagrin supplémentaire aux familles et à toutes les personnes qui souffrent à Uvalde."
L'assemblée a été marquée par la présence de manifestants tenant des pancartes et des croix arborant des photos des victimes de la fusillade survenue cette semaine dans une école primaire du Texas.
"Ils doivent changer les lois"
Environ 500 protestataires, dont certains criaient "NRA dégage !" et "Honte à toi, ça pourrait être tes enfants !" ont défié les milliers de membres du plus grand lobby des armes à feu du pays qui se pressaient dans le centre de conférence.
La fusillade mortelle de 19 élèves et de deux enseignants d'Uvalde, au Texas, par un tireur de 18 ans équipé d'un fusil d'assaut semi-automatique de type AR-15, devrait limiter la participation à la première convention de la NRA depuis trois ans.
Uvalde se trouve à environ 450 km à l'ouest de Houston. Dans le parc des expositions du centre de convention, les participants pouvaient manipuler des fusils, des armes de poing, des fusils de chasse et d'assaut dans des dizaines de stands, et s'attarder aux stands de munitions de Sierra Bullets et d'autres entreprises.
Tim Hickey, un vétéran du corps des Marines qui participait à l'événement, a rejeté les critiques. "Ces gens sont des marionnettes et des moutons pour les médias. Ils ne font changer personne d'avis", a-t-il déclaré.
À l'extérieur du bâtiment, Melinda Hamilton, 60 ans, fondatrice de l'association Mothers of Murdered Angels basée à Fort Worth, Texas, et qui a perdu sa fille et son petit-fils en raison de la violence armée, a organisé une veillée dans un parc situé en face de la convention.
"Ils doivent changer les lois et nous devons nous battre pour changer ces lois. Cela n'a aucun sens qu'un jeune de 18 ans puisse acheter une arme", a-t-elle déclaré, faisant référence à l'âge des tireurs d'Uvalde et de Buffalo, dans l'État de New York.
Johnny Mata, militant de Houston, a appelé la NRA à interrompre la convention et à organiser une cérémonie d'hommage aux victimes.
"Ils ont l'audace de ne pas annuler par respect pour ces familles", a déclaré Johnny Mata, qui représentait le groupe de défense Greater Houston Coalition for Justice. La NRA devrait "cesser de participer à l'assassinat d'enfants dans les écoles américaines".
Première rencontre annuelle depuis le Covid-19
La décision de la NRA de maintenir son plus grand rassemblement annuel s'inscrit dans une stratégie constante depuis plusieurs décennies visant à résister aux pressions en faveur du contrôle des armes à feu, qui remonte à la fusillade de la Columbine High School, au Colorado, en 1999.
Cette convention, qui se déroule tout le week-end, est la première rencontre annuelle de ce groupe de cinq millions de membres après son annulation à deux reprises en raison de la pandémie de Covid-19
Aux États-Unis, les fusillades en milieu scolaire sont un fléau récurrent que les gouvernements successifs ont jusqu'à présent été impuissants à endiguer. Le débat sur la régulation des armes à feu dans le pays tourne pratiquement à vide, étant donné l'absence d'espoir d'une adoption par le Congrès d'une loi nationale ambitieuse sur la question.
Quant à l'opinion publique, elle reste très divisée sur la question. "Selon un récent sondage, 54 % des Américains souhaiteraient plus de restrictions sur les armes à feu, 16 % en voudraient moins et 30 % souhaiteraient que les choses restent comme elles sont", explique le correspondant de France 24 à Los Angeles, Pierrick Leurent.
Avec AFP