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À la une de la presse américaine, ce mercredi 25 mai, les réactions à la nouvelle tuerie de masse qui a eu lieu dans une école à Uvalde, au Texas, où au moins 19 enfants et deux enseignants ont été tués.

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À la une de la presse américaine, ce mercredi 25 mai, les réactions à la nouvelle tuerie de masse qui a eu lieu dans une école à Uvalde, au Texas, où au moins 19 enfants et deux enseignants ont été tués.

"Horrible, incompréhensible", a réagi le gouverneur du Texas George Abbott. "Horrible, oui, le mot est approprié, pour ces mères et ces pères qui ont déposé leurs petits à l’école mardi matin. Horrible a été le moment où ils ont appris la nouvelle. Horribles seront leurs nuits de larmes sans fin. Horribles seront les matins lumineux et ensoleillés, quand ils se souviendront que ce n'était pas un rêve, qu’ils verront que le lit est vide, sans petite bosse sous les couvertures, attendant d'être réveillée". "Mais 'incompréhensible', le deuxième mot employé par le républicain George Abbott, relève autant de la lâcheté que du mensonge éhonté", cingle The Houston Chronicle. "Personne, et surtout pas le gouverneur d'un État dont les lois sur les armes à feu sont les plus ineptes, les plus irresponsables et les plus dangereuses de ce pays, ne devrait se sentir confus, ou incapable de comprendre les raisons de cette tragédie sans fin des fusillades de masse aux États-Unis".

La presse conservatrice a une autre explication. Pour le Fort Worth Star Telegram, le problème relève moins des armes à feu que d'une "épidémie de maladie mentale", qui pousserait des enfants à tuer d'autres enfants. Le tueur présumé, tué par la police dans la fusillade, serait âgé de 18 ans. Le quotidien local évoque une jeunesse "en colère, déconnectée, voire désespérée", touchée par des problème que la pandémie aurait "amplifiés", "l'isolement, la perte de lien social, la dépendance aux écrans" étant présentés comme "un mélange toxique" s’ajoutant aux "difficultés inhérentes à l'adolescence". À en croire le journal, l'une des solutions consisterait simplement à tenir les armes à feu "hors de portée des personnes dangereuses".

Les statistiques publiées par les médias américains sont accablantes : 27 fusillades dans des écoles américaines depuis le début de cette année, selon la radio publique NPR, qui fait état de 34 "incidents" de cet ordre en 2021. La fusillade de l’école d’Uvalde intervient dix jours, seulement, après la tuerie de Buffalo, où 10 personnes avaient été tuées dans un supermarché. The New York Times fait état d’au moins 215 fusillades à-travers tout le pays depuis le début de 2022  et de 693 fusillades en 2021.

The front page of The New York Times for May 25, 2022.

Follow our updates on the shooting at Robb Elementary School in Uvalde, Texas: https://t.co/h7HlnHyvd5 pic.twitter.com/atvROP49S7

— The New York Times (@nytimes) May 25, 2022

Joe Biden a réagi en déclarant qu’il était "temps d'agir" contre le lobby des armes à feu. Mais cet appel à l’action du président laisse sceptique The Washington Post, qui l’accuse d’avoir "joué un rôle central dans les efforts infructueux pour promulguer une législation significative sur les armes à feu", malgré dix ans de fusillades de masse, "de Sandy Hook en 2012 à Uvalde, en passant par Buffalo". Le journal rappelle notamment que Joe Biden avait été chargé par Barack Obama de mener, en tant que vice-président, la bataille auprès du Congrès, pour modifier en profondeur la législation sur les armes à feu - une bataille que Joe Biden n'a pas su, ou pas pu, remporter jusqu'à présent.

L'échec de ce combat, et la répétition des tueries de masse nourrissent la colère des pourfendeurs des armes à feu. "L’Amérique a du sang sur les mains" : The Atlantic se dit ulcéré par l’adresse "ad nauseam" des "thoughts and prayers" ("pensées et prières") rituellement adressés aux victimes de tueries et à leurs proches. "Au départ, ces mots étaient un cliché, puis ils sont devenus une plaisanterie, avant de se putréfier en honte nationale", s’indigne la revue américaine, qui cite les propos d’un ancien dirigeant de l'industrie des armes à feu, qui avait déclaré que les fusillades de masse étaient "bonnes pour les affaires". The Los Angeles Times, qui évoque un "suicide national", cite, lui, Abraham Lincoln, l’un des pères fondateurs américains, qui prédisait que les États-Unis ne seraient jamais renversés par un ennemi étranger et que le principal danger pour la nation américaine serait elle-même. "Est-ce là que meurt le rêve américain, non pas sur un champ de bataille mais dans nos propres maisons et dans nos écoles, de nos propres mains et des mains de nos voisins ?", s’interroge le quotidien.

Editorial: National suicide plays out one murderous mass shooting at a time (via @latimesopinion)https://t.co/9MFg2inXmp pic.twitter.com/w9GJr4BjPt

— Los Angeles Times (@latimes) May 25, 2022

Ce sentiment d’indignation mêlé d’impuissance, est partagé par les dessinateurs de presse. Walt Handelsman, dont le dessin est publié par The New Orleans Advocate, voit le débat tourner en rond et son pays enfermé dans un cercle vicieux : un fou, provoquant une tuerie de masse, la colère de l'opinion, les pensées et les prières, des lois laxistes sur les armes à feu, des discours de haine, et ainsi de suite. La répétition des tueries de masse a fini par créer des réflexes conditionnés - à voir avec le dessin de Nate Beeler, pour The Columbus Dispatch, où l’on assiste aux réactions des uns,  appelant à l’interdiction des armes à feu, et des autres, adressant leurs pensées et aux prières.

Nate Beeler, The Columbus Dispatch @natebeeler pic.twitter.com/eqAnZ69i2H

— Editorial & Political Cartoons (@EandPCartoons) May 24, 2022

Dans le dessin d'Adam Zygus, pour The Buffalo News, l’oncle Sam partage son héritage avec la jeune génération : l’épidémie d’armes à feu, la terreur, le racisme. "Un jour, tout cela sera à toi, mon fils..."

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