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Une longue bataille juridique s'engage à partir de mardi à la Cour internationale de justice,(CIJ) qui, saisie par la Serbie, doit donner son avis sur la légalité de la déclaration d'indépendance du Kosovo.

AFP - La déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo constitue "un défi" qui menace l'ordre juridique international, a assuré mardi la Serbie devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, chargée de rendre un avis consultatif.

"La déclaration d'indépendance du Kosovo est un défi pour l'ordre juridique fondé sur le principe de la souveraineté des Etats", a déclaré à l'ouverture des audiences le chef de la délégation serbe, Dusan Batakovic.

"La question dont vous êtes saisis est essentielle pour mon pays, le Kosovo étant le berceau historique de la Serbie, et essentielle pour son identité", a poursuivi M. Batakovic, ambassadeur de la République de Serbie en France, s'adressant aux quinze juges du principal organe judiciaire des Nations unies.

La Serbie avait obtenu le 8 octobre 2008 de l'Assemblée générale de l'ONU qu'elle saisisse la Cour sur la légalité de la proclamation d'indépendance du Kosovo le 17 février 2008. L'avis de la CIJ, qui est non contraignant, devrait être rendu dans plusieurs mois.

La déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo est "une tentative pour mettre fin à l'administration de l'ONU et à la souveraineté de la Serbie sur sa province méridionale", a continué M. Batakovic, rappelant que le Kosovo a été placé sous l'administration des Nations unies en 1999 en vertu de la résolution 1244 du Conseil de sécurité.

Soixante-trois pays, dont 22 des 27 pays de l'Union européenne et les Etats-Unis, ont reconnu l'indépendance du Kosovo, qui compte 2 millions d'habitants, dont 90% sont Albanais.

La délégation serbe a pris la parole en premier mardi matin. Le Kosovo devait lui succéder dans l'après-midi. Vingt-neuf Etats participeront à la procédure orale, avec des exposés de 45 minutes, jusqu'au 11 décembre.

"La résolution 1244 a mis en exergue la nécessité de préserver l'intégrité territoriale de la Serbie sur la province du Kosovo", a expliqué M. Batakovic, qui est aussi directeur adjoint de l'Institut des études balkaniques de Belgrade.

Plusieurs experts en droit international sont venus étayer la position de la Serbie, dont le professeur de droit international de l'université de Potsdam, Andreas Zimmermann.

"Cela constituerait un précédent des plus dangereux (...) si les Etats constataient que la mise en place d'une administration par les Nations unies n'était rien d'autre que la première étape d'un processus de sécession", a-t-il dit.

Le chef de la délégation serbe a réaffirmé le souhait de Belgrade de reprendre des négociations avec Pristina sur le statut du Kosovo en cas d'avis de la CIJ favorable à la Serbie. "La Serbie rejette l'affirmation selon laquelle toutes les alternatives de négociations ont été épuisées", a-t-il assuré.

"Une fois que la Cour aura apporté son éclairage juridique sur la question, les conditions seront créées pour atteindre un compromis sur le statut futur du Kosovo", a-t-il dit.

Si la Cour rend un avis favorable à la Serbie, "il faut s'asseoir et soigneusement, avec beaucoup de réflexion et de patience, négocier jusqu'à ce qu'un compromis soit trouvé", a indiqué de son côté à la presse le ministre serbe des Affaires étrangères Vuk Jeremic.

Depuis sa création en 1946, la CIJ, chargée de régler les différends entre Etats, a rendu 25 avis consultatifs.

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