Le président américain, Joe Biden, se rend mardi à Buffalo, dans l'État de New York, théâtre samedi d'une tuerie raciste dans un supermarché qui a fait dix morts dans la communauté afro-américaine. Un nouvel épisode de violence par arme à feu qui a choqué le pays.
La mort de dix Afro-Américains dans une tuerie raciste à Buffalo samedi a provoqué une nouvelle onde de choc aux États-Unis et à l'étranger. Signe que le pays est une nouvelle fois groggy, le président Joe Biden sera mardi 17 mai à Buffalo pour "partager la douleur d'une communauté qui a perdu dix des siens dans une tuerie de masse horrible et insensée", a annoncé la Maison Blanche, qui a dénoncé "la haine qui reste une tache sur l'âme de l'Amérique".
"Terrorisme intérieur"
Même l'ONU, par la voix du porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres, a condamné un acte "ignoble d'extrémisme raciste et violent".
Dans cette ville de Buffalo, à l'extrême nord de l'État de New York au bord du lac Erié et de la frontière canadienne, les habitants rendent hommage depuis deux jours aux personnes assassinées dans un supermarché Tops d'un quartier surtout peuplé d'Afro-Américains : les dix personnes tuées sont toutes noires, a précisé le procureur du district d'Erié, John Flynn, et leur meurtrier est un jeune suprémaciste blanc accusé d'avoir perpétré "un crime raciste motivé par la haine" et un acte de "terrorisme intérieur", selon les autorités.
Le tireur présumé plaide non coupable
Payton Gendron, 18 ans, a conduit plus de 300 killomètres depuis chez lui dans le sud de l'État pour perpétrer ce massacre, effectuant même un voyage de reconnaissance en mars et la veille du massacre, a révélé le chef de la police de la ville, Joseph Gramaglia.
"Cet individu est venu avec l'objectif de tuer le plus de personnes noires possible", a dénoncé le maire afro-américain de Buffalo, Byron Brown, tandis que le chef de la police de la ville, Joseph Gramaglia, a révélé lundi sur CNN que le suspect "projetait de continuer son carnage et de tirer sur des gens" pour en tuer davantage.
Payton Gendron, poursuivi pour "meurtre avec préméditation", a plaidé non coupable lors d'une première comparution ce week-end et doit repasser devant la justice jeudi.
Le jeune homme portait une caméra et a diffusé son crime sur Twitch même si la plateforme a assuré avoir supprimé le contenu "deux minutes" après le début de sa diffusion. Il a aussi publié avant le massacre un "manifeste" raciste de 180 pages, qui l'associe selon les médias aux suprémacistes blancs et aux complotistes d'extrême droite, tenants de la théorie du "grand remplacement".
"Week-end en Amérique"
Voix quasiment unique chez les conservateurs de la Chambre des représentants à Washington à s'opposer à l'ancien président Donald Trump, la parlementaire républicaine Liz Cheney a accusé sur Twitter "la direction du parti à la Chambre d'avoir permis [l'expression] du nationalisme blanc, du suprémacisme blanc et de l'antisémitisme".
Cette tuerie est survenue dans un cycle de violences résumé par le gouverneur démocrate du New Jersey Phil Murphy dans un tweet où il décrit "un week-end en Amérique" : une personne asiatique tuée et quatre autres blessées par un homme qui a tiré dans une église en Californie ; deux morts et trois blessés à Houston ; cinq morts à Saint-Louis dans le Missouri et cinq autres à Chicago ; 21 blessés à Milwaukee, dans le Wisconsin, lors de fusillades après un match de basket. Les autorités ont dû imposer un couvre-feu.
Les violences par armes à feu sont un fléau quotidien qui ne cesse de grossir depuis 2020. Les statistiques dans ce pays de 330 millions d'habitants font froid dans le dos : près de 45 000 morts en 2021, dont environ 24 000 suicides, selon l'organisation Gun Violence Archive qui compile chaque jour chacun de ces drames sur tout le territoire.
Avec AFP