
Les mines de charbon ont longtemps été une cause de grave pollution à l'impact dévastateur sur le climat. Mais aujourd’hui, au Royaume-Uni, un vaste programme les transforme en source d’énergie renouvelable grâce à la géothermie.
L'eau souterraine comme ressource
Stephen Williams-Dixon, ancien mineur à la retraite, nous fait revivre ses anciennes conditions de travail à la mine de Dawdon, où il a passé 23 ans dans les galeries. Il explique la présence de l'eau : "Sous terre, il y a toujours des failles et partout où il y a une faille, l'eau s'infiltre. À l’époque, l'eau était un gros problème. Il fallait la pomper, sinon on se serait noyés. C'était terrible de travailler là-dedans, vraiment de mauvaises conditions de travail".
Aujourd'hui, les mines sont fermées et l'eau a repris ses droits, mais les autorités anglaises ont décidé d'en tirer partie.
Gareth Farr, de la British Coal Authority – l'institution chargée de gérer l'ancien parc minier –, explique : "Sous terre, l'eau est quasiment à 20°C, toute l'année. Une fois que nous avons extrait l'eau de la mine du sous-sol, nous pouvons la faire passer dans des pompes à chaleur pour récupérer cette chaleur de l'eau".
Avec 23 000 puits abandonnés, le potentiel est énorme. Quelque deux milliards de mètres cube d'eau chaude sont stockés sous terre dans les anciens puits, ce qui suffirait à chauffer des millions de foyers. Ce serait un des gisements d'énergie bas carbone les plus importants du pays. Et pour l’instant, il est encore largement inexploité.
La neutralité carbone en ligne de mire
Non loin de là, la ville de Gateshead a de grandes ambitions : la neutralité carbone d'ici 2030. L'eau des mines, ou plutôt la chaleur que l'on peut en tirer, va aider la commune à atteindre son but.
"En ce moment, nous investissons 16 millions de livres", explique John McElroy, conseiller municipal chargé de l’Environnement. Cette eau des mines pourrait sérieusement concurrencer le gaz, énergie fossile, comme principale source de chauffage du pays. D’ailleurs, le gouvernement s'est engagé à ce qu'aucun nouveau raccordement au gaz ne soit fait dans les maisons et les entreprises d'ici 2025.
"Je pense que c'est un bon investissement pour un avenir plus vert. Ce que nous faisons ici est incroyable", poursuit John McElroy. "Nous étions un leader de la révolution industrielle il y a 200 ou 300 ans, nous sommes maintenant un leader de la révolution verte."
La boucle est bouclée ?
Et si les puits de géothermie pouvaient à leur tour renfermer des minerais ? Détour par la France, à Rittershoffen en Alsace, dans une centrale géothermique où un test concluant a été mené pour extraire de l'eau du lithium, une ressource précieuse.
Christophe Neumann, président d'ES Géothermie, se réjouit : "Si on extrait toute l’année sur cette seule centrale, on pourra extraire l’équivalent de près de 2 000 tonnes de lithium par an. Rien que sur cette unité, on représente 4 % de la production mondiale."
Un minerai crucial, très convoité pour fabriquer des smartphones ou des batteries électriques. Pour autant, pour l'instant, l'extraction des eaux géothermales coûte bien plus cher que l'extraction d'une mine.
"Le potentiel dans le bassin rhénan est là et offre des solutions et des opportunités pour que la France puisse s’approvisionner sur son territoire sans être dépendante d’importations sur un matériau stratégique pour l’avenir", conclut Christophe Neumann.