
Selon des résultats quasi complets, les conservateurs perdent une dizaine de conseils et plus de 400 sièges, au profit du Labour mais aussi des libéraux-démocrates. Ce scrutin, dont les résultats définitifs sont attendus vendredi, avait valeur de test pour le Premier ministre, Boris Johnson. En Irlande du Nord, les premiers décomptes donnent une nette avance du Sinn Fein. Un tournant historique les nationalistes.
Le parti conservateur du Premier ministre Boris Johnson, affaibli par les scandales, a essuyé, vendredi 6 mai, de lourdes défaites à Londres, lors d'élections locales qui laissent également augurer un tournant historique en Irlande du Nord.
Au total, selon des résultats quasi complets, les conservateurs perdent une dizaine de conseils et plus de 400 sièges, au profit du Labour mais aussi des libéraux-démocrates, qui progressent fortement.
En Écosse, le parti nationaliste SNP se renforce, suivi par les travaillistes qui ont ravi la deuxième place aux conservateurs. Le Labour reste premier au Pays de Galles.
Boris Johnson a évoqué des résultats "mitigés", mais s'est dit déterminé à rester en place pour s'attaquer notamment à la perte de pouvoir d'achat des Britanniques.
Enhardi par les résultats à Londres, le chef du parti travailliste Keir Starmer a salué un "tournant" avant les législatives prévues en 2024.
Pour la BBC, l'expert en élections John Curtice a souligné que le Parti conservateur était à son point bas électoral depuis la victoire triomphale de Boris Johnson en 2019.
En Irlande du Nord, les indépendantistes du Sinn Fein, partisans de la réunification avec l'Irlande, arrivent largement en tête, selon des résultats encore partiels, laissant entrevoir un séisme politique dans la province.

"Partygate" contre "Beergate"
Bien que marqués traditionnellement par des enjeux très locaux et une faible participation, ces élections jaugent, pour la première fois, les effets du scandale des fêtes à Downing Street pendant les confinements, une affaire qui a valu à Boris Johnson d'être sanctionné par une amende.
Au pouvoir depuis 12 ans, les conservateurs se voient aussi reprocher leur soutien insuffisant à des ménages étranglés par l'inflation, qui devrait culminer cette année à plus de 10 %, selon la banque centrale.
Le président du parti conservateur, Oliver Dowden, s'est efforcé de tempérer, mettant ces "résultats difficiles" dans la droite ligne de ce que l'on peut attendre d'un scrutin qui intervient à mi-mandat.
La popularité de Boris Johnson, 57 ans dont bientôt trois à Downing Street, s'est effondrée après le "partygate". Il a pour l'instant traversé la tempête, mettant en avant son rôle moteur dans le soutien occidental à l'Ukraine, et se dit déterminé à rester au pouvoir et mener la bataille des prochaines législatives en 2024.
Le Labour, principal parti d'opposition, espère bien tirer profit de ses faiblesses. Mais Keir Starmer, qui a plusieurs fois appelé Boris Johnson à la démission, est à son tour visé par une enquête de police, soupçonné d'avoir enfreint les règles sanitaires pour avoir partagé bières et currys avec son équipe fin avril 2021 avant une législative partielle.
Risque de paralysie
En Irlande du Nord, où sont renouvelés les 90 élus de l'assemblée locale de Stormont, les premiers décomptes - qui se prolongeront samedi - donnent une nette avance du Sinn Fein, avec 16 des 29 sièges déjà déclarés à 19h15 GMT, contre 4 pour les unionistes du DUP.
Ce serait la première fois que ce parti prônant la réunification avec la République d'Irlande arriverait en tête de l'Assemblée locale en cent ans d'histoire de la province britannique, sous tensions depuis le Brexit.
Réélue, sa vice-présidente Michelle O'Neill a évoqué sur Twitter une "élection du vrai changement".
This is the election of a generation, it is time for real change! pic.twitter.com/4EpL1mkIw0
— Michelle O’Neill (@moneillsf) May 6, 2022À relire : L'Irlande du Nord vers une percée historique des nationalistes aux législatives
Une victoire du Sinn Fein, l'ex-vitrine politique de l'organisation paramilitaire Armée républicaine irlandaise (IRA), propulserait sa vice-présidente, Michelle O'Neill, au poste de cheffe du gouvernement local, qui doit être dirigé conjointement par nationalistes et unionistes en vertu de l'accord de paix de 1998.
Elle amorcerait une possible redéfinition du Royaume-Uni : le parti prône une réunification avec la République d'Irlande, même s'il a relégué cette revendication au second plan au profit des questions sociales. Le score du centre non-aligné sera également scruté.

Le risque d'une paralysie politique plane. Le chef des unionistes du DUP, Jeffrey Donaldson, a répété que sa formation refuserait de participer à un nouvel exécutif si le gouvernement britannique refusait d'agir face aux difficultés posées par les contrôles douaniers post-Brexit, qui selon les unionistes menacent la place de la province au sein du Royaume-Uni.
Avec AFP et Reuters