logo

À la une de la presse américaine et européenne, ce mercredi 4 mai, les réactions, aux États-Unis et en Europe, au projet, encore en discussion, de la Cour suprême américaine d’enterrer l’arrêt Roe vs Wade qui avait, en 1973, accordé le droit à l’avortement au niveau fédéral. 

Le + : Recevez tous les matins la Revue de presse de France 24 sur votre iPhone ou sur tout autre téléphone portable. Et également en devenant fan de la page Facebook.

À la une de la presse, "l’accord de principe" conclu entre la France insoumise et le Parti socialiste en vue des législatives de juin. Après les écologistes et le Parti communiste, le parti de Jean-Luc Mélenchon semble avoir remporté son pari, en parvenant à s'entendre aussi avec les socialistes. L'Humanité, qui avait mis sous presse avant cette annonce faite mercredi 4 mai, évoquait déjà hier soir un accord "historique", s’il venait à se concrétiser. Un accord présenté comme "le fruit de l’exigence du peuple de gauche, qui (se serait) puissamment exprimé en faveur de (cette) union". "Sans cette amicale pression, sans cette aspiration massive, l’alliance n’aurait probablement pas vu le jour", salue L'Huma, soulagé de voir "la gauche remonter si vite sur le ring après son élimination brutale de la course à l’Élysée".

L' humanité du mercredi 04 mai 2022 chez les marchands de journaux et dès ce soir 22h00 sur ordinateur https://t.co/s4nZf9skga tablettes et smartphones avec nos applis IOS https://t.co/Nwm028Ng9C et Android https://t.co/AzRCWAjIRD pic.twitter.com/dcVfYpjVhc

— L'Humanité (@humanite_fr) May 3, 2022

À la une, également, les réactions au projet, encore en discussion, de la Cour suprême américaine d’écraser l’arrêt qui avait accordé le droit à l’avortement, en 1973.

"La décision d’écraser l’arrêt Roe vs. Wade n’est pas un choix conservateur, c’est un choix radical" : indignation et mise au point du New York Times. "Être conservateur, c’est penser que les changements brusques et profonds des lois sont totalement destructeurs du respect de ces lois et des institutions établies pour les faire respecter", mais annuler la décision de 1973 reviendrait à "allumer un feu culturel supplémentaire dans un pays déjà enflammé par les questions raciales, les programmes scolaires, la justice pénale, les lois électorales, ou encore les diverses théories du complot", prévient le journal.

"La Cour suprême risque de ne jamais se remettre d’une annulation de Roe vs. Wade" : The Washington Post évoque lui aussi un projet "radical" et une "preuve supplémentaire de la dérive politique de la Cour suprême". "Annuler Roe vs. Wade restreindrait la liberté et serait une répudiation répugnante de la tradition américaine, selon laquelle la liberté s'étend à un cercle toujours plus large d’individus". (...) En trahissant cet héritage et en se rangeant du côté (d’une) minorité d'Américains hostiles (à la décision de 73), les juges ne se comportent pas en juristes impartiaux mais en idéologues imprudents, dangereusement déconnectés et hostiles à ce qui est au cœur de l’éthique américaine".

The Washington Post souligne les conséquences politiques d'une éventuelle remise en cause de l'arrêt de 1973. D’après le journal, une telle une décision risque de "bouleverser les élections de mi-mandat", en novembre prochain et de polariser encore un peu plus la campagne, avec une "mobilisation massive", à la fois des démocrates et des républicains, autour des questions de l’avortement, des droits individuels et de tout ce qui oppose leurs philosophies "contrastées". Dans le sillage de Joe Biden, qui a appelé ses compatriotes à défendre le droit à l’avortement dans les urnes, le dessinateur Pat Byrnes accuse la Cour suprême de ne pas vouloir s’arrêter là. "Ce n’est pas une décision finale. Il y a d'autres droits que nous souhaitons annuler", fait-il dire à un juge. Une inquiétude partagée par Adam Zyglis, qui montre la barque de statue de la liberté et des droits des femmes prendre l’eau, menaçant de couler.

The Roe Boat... @TheBuffaloNews #RoeOverturned #SCOTUSnhttps://buffalonews.com/the-roe-boat/image_365cfd78-cb24-11ec-8463-97355478662b.html pic.twitter.com/ZcrKLlBFHf

— Adam Zyglis (@adamzyglis) May 3, 2022

Bob Englehart, lui, s'indigne de voir les juges menacer le droit des femmes à disposer librement de leur corps, avec un dessin montrant un utérus devenu "propriété de la Cour suprême des États-Unis".

La presse conservatrice américaine accuse les démocrates de chercher à instrumentaliser la question de l’avortement. The Wall Street Journal considère que les fuites sur les discussions au sein de la Cour suprême américaine constituent "un abus de confiance sans précédent", un acte de "malveillance" face auxquels les juges ne devraient pas "se laisser intimider". "Comme toujours, la question est de savoir à qui profiter le crime" : le quotidien pointe du doigt "la gauche et les médias" américains, dont la "réaction apocalyptique" aurait pour but de "discréditer" la Cour suprême, presque totalement acquise au camp conservateur. "Renverser Roe ne serait pas la fin de l'avortement en Amérique mais renverrait simplement l'affaire aux États", qui seront "libres de restreindre, d’interdire ou de faciliter le droit à l'avortement", tempère le journal.

The Washington Times tente lui aussi de minimiser la portée d’une éventuelle remise en cause de l’arrêt de 73, en assurant que le nombre d’avortements aux États-Unis est de toute façon à un niveau "historiquement bas". Le journal cite le commentaire de l'animateur de radio conservateur Erick Erickson : "Vous avez plus de chances de connaître un couple homosexuel marié que de connaître quelqu'un qui a avorté".

Les réactions sont également nombreuses dans la presse européenne. "Revenir sur l’arrêt Roe vs. Wade serait une catastrophe pour les droits humains" : The Guardian évoque  le sombre aboutissement d'une croisade menée par des fanatiques contre la volonté de la majorité. Une menace pour la santé, le bonheur et la vie des femmes», favorisée par "l’héritage juridique de Donald Trump".

Guardian front page, Wednesday 4 May 2022 - Biden: leaked anti-abortion ruling ‘imperils civil rights’ pic.twitter.com/ZLcQbFaeXO

— The Guardian (@guardian) May 3, 2022

En Allemagne, le Frankfurter Allgemeine Zeitung dénonce "un combat culturel mené sur le dos des femmes", en prédisant qu'une remise en cause de la décision de 73 conduira les États gouvernés par les républicains "à se lancer dans une course à celui qui sera le plus rapide et le plus impitoyable pour interdire l’avortement".

En France, Libération cite ­Simone Veil, qui avait porté la loi encadrant la dépénalisation de l'avortement, adoptée en France en 1974, un an après l’arrêt Roe vs. Wade. "N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant", avait déclaré à l'époque la ministre, reprenant les mots de la féministe Simone de Beauvoir. Libération appelle à défendre le droit à l’avortement aux États-Unis et partout ailleurs, y compris en Europe, où l’on empêche actuellement les Ukrainiennes ­victimes de viols d’avoir accès à l’IVG en Pologne. "Les 'auto proclamés pro-vie' ne laisseront jamais les femmes tranquilles. Mais nous ne les laisserons jamais revenir en arrière tranquillement", promet le journal.

A la une de @libe ce mercredi :

???? #IVG aux Etats-Unis : les femmes en fin de droitshttps://t.co/nj2k4mQp7h#RoeVWade #avortement pic.twitter.com/sx25P3wvw3

— Libération (@libe) May 3, 2022

Un mot, enfin, des élections générales, lundi 9 mai, aux Philippines, où Ferdinand Marcos Jr est donné largement favori à la présidentielle. Le quotidien local The Manila Times annonce la "victoire inévitable" du fils de l'ancien dictateur Ferdinand Marcos face à l’actuelle vice-présidente Leni Robredo. Selon le journal britannique The Financial Times, qui parle de "l'élection la plus importante aux Philippines depuis qu'un soulèvement populaire a renversé Ferdinand Marcos et restauré la démocratie en 1986", "le dictateur déchu n'est pas sur les bulletins de vote mais son héritage se perpétue à-travers son fils, qui se présente avec la promesse de restaurer 'l'âge d'or' du règne de son père". Un récit qu'il serait parvenu à s’imposer parmi la nouvelle génération de Philippins qui n’ont pas connu l’ère Marcos, dont le fils est par ailleurs soutenu par le président sortant Rodrigo Duterte, qui s’est surtout activé, au cours de son mandat, à "museler la dissidence, réprimer les droits et à déclencher une guerre contre la drogue qui a tué des milliers de personnes".

Retrouvez tous les matins sur France 24 la Revue de presse (du lundi au vendredi, à 7h20 et 9h20 heure de Paris). Suivez également tous les week-ends en multidiffusion la Revue des Hebdos.