A la Une de la presse, ce mardi 19 avril, l’intensification de l’offensive russe dans le Donbass, qui fait redouter un déchaînement de violence contre les civils. La popularité renforcée, en Russie, de Vladimir Poutine, qui hausse le ton vis-à-vis d’Israël. La campagne de l’entre-deux tours, vue par la presse étrangère. Et la fascination des quotidiens anglo-saxons pour le torse (velu) d’Emmanuel Macron.
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A la Une de la presse, l’intensification de l’offensive russe dans le Donbass, à l’est de l’Ukraine.
"Nous pouvons maintenant affirmer que les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass", a annoncé hier Volodymyr Zelensky - une déclaration à la Une du Guardian, qui rappelle la volonté de Vladimir Poutine de s’emparer totalement du poumon économique du pays, déjà contrôlé en partie par les séparatistes pro-russes. Cette escalade militaire "majeure" "augmente les peurs concernant les civils ukrainiens": The I, autre quotidien britannique, évoque notamment la crainte que la principale route d’évacuation des réfugiés, se retrouve coupée, à cause des bombardements russes sur Lviv, à l’ouest du pays. Cette nouvelle phase des combats sera "sans doute différente de la campagne ratée pour prendre Kiev mais ce qui ne changera probablement pas, c'est la brutalité avec laquelle les soldats russes se comportent envers les civils ukrainiens", prévient The Washington Post, alarmé par la tactique hybride employée par les forces russes, partout où elles ont combattu, en Tchétchénie, en Géorgie, en Syrie et, maintenant, en Ukraine. Une stratégie combinant "le bombardement aveugle des zones urbaines" et "la cruauté" envers les civils.
Parmi ces actes de cruauté, les violences sexuelles commises sur les femmes. Près de deux mois après le début de la guerre, les témoignages de victimes de violences sexuelles se multiplient, et les Nations Unies appellent au lancement d’une enquête indépendante, d’après Libération, qui souligne que l’ampleur (de ces crimes) est "difficile à estimer dans un conflit toujours actif", sans compter que "la plupart des victimes, traumatisées", ne sont pas encore en mesure de parler. "J’avais peur des conséquences au cas où les Russes reviendraient. J’ai donc signé un papier, comme quoi je n’avais pas été violée", raconte l’une d’entre elles dans Le Temps. Le quotidien suisse confirme la multiplication des témoignages de femmes violées mais rapporte que les experts estiment qu’il est encore "trop tôt" pour considérer le viol comme une "arme de guerre" de l’armée russe.
En Russie, où une grande partie de la population n’a pas accès aux témoignages de ces exactions, la popularité de Vladimir Poutine semble renforcée par la guerre en Ukraine. Interrogée par La Croix, une jeune Moscovite témoigne de ce qu’autour d’elle, les indécis sont devenus des partisans de l’"opération militaire", comme on l’appelle en Russie: "Non pas qu’ils veuillent une guerre. Mais, pour eux, les sanctions prouvent que les Occidentaux attendaient une occasion pour punir la Russie. Du coup, beaucoup se sont radicalisés dans leur soutien au Kremlin", constate-t-elle.
Vladimir Poutine, qui réclame à présent l’église Nevsky à Jérusalem et presse Israël de ne pas soutenir l’Ukraine. D’après Le Figaro, le président russe a adressé une lettre au Premier ministre Naftali Bennett, réclamant ce complexe religieux promis il y a trois ans par son prédécesseur, Benyamin Netanyahou, à l’occasion d’un échange pour la libération d’une jeune Israélienne accusée en Russie de trafic de drogue. Un échange non validé par la Cour suprême israélienne et que Vladimir Poutine a rappelé au bon souvenir de l’Etat hébreu, après que celui-ci a voté pour l’exclusion de la Russie de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, à cause de la guerre en Ukraine. "Le délicat exercice d'équilibre d'Israël, partagé entre son désir de plaire à ses alliés occidentaux et sa volonté de contrôler la Syrie, son puissant voisin influencé par la Russie, ne suffit toujours pas à Moscou", critique The Jerusalem Post, en rappelant que l’Etat hébreu "n'a pas rejoint les sanctions des pays occidentaux contre la Russie et refuse de vendre des armes à l'Ukraine".
La Russie de Vladimir Poutine, envers laquelle Marine Le Pen a longtemps été accusée de complaisance. Dans une longue tribune publiée par Le Figaro, la candidate du RN à la présidentielle expose ce qu’est "la France (qu’elle) aime et qu’(elle veut) défendre". Un texte dans lequel elle promet, entre autres, que "les milliers de quartiers en sécession feront l’objet d’une reconquête républicaine systématique", et qu’un "strict contrôle des flux migratoires sera organisé", pour "face à la pression migratoire".
Marine Le Pen et Emmanuel Macron, dont les programmes ont été passés au crible par la presse étrangère. Selon The Financial Times, cette présidentielle aurait entériné la disparition du traditionnel clivage français entre la gauche et la droite - clivage dont le journal rappelle que les origines remontent à la Révolution de 1789, lorsque les partisans du veto royal se tenaient à droite de l'Assemblée nationale et ses opposants à gauche. Effacé, donc, ce clivage, remplacé par un affrontement entre les "patriotes", incarnés par Marine Le Pen et les "globalistes", avec Emmanuel Macron. Pour le quotidien espagnol El Pais, une éventuelle arrivée de Marine Le Pen à l'Elysée "poserait un risque existentiel pour l’Europe", puisque pour la première fois depuis 75 ans, "l'un des membres de l'axe franco-allemand passerait de la tête du projet européen, à une guerre d'usure contre lui". "Une victoire de Le Pen serait catastrophique pour l'UE et mettrait même en danger son existence", estime également le journal saoudien Arab News, qui attribue l’ascension du RN au "virage progressif vers la droite" d’Emmanuel Macron, notamment sur l’islam. Une évolution qui aurait "indirectement aidé Le Pen en normalisant le racisme".
On ne se quitte pas là-dessus. Depuis deux jours, la presse anglo-saxonne semble fascinée par un cliché d’Emmanuel Macron, photographié samedi dernier dans les coulisses d’un meeting chemise ouverte sur un torse velu. Ce détail nourrit une avalanche d’articles. The Daily Telegraph relève que "tous les dirigeants mondiaux ont leur petite botte secrète, quand ils cherchent désespérément à gagner des votes. Joe Biden, ses lunettes d’aviateur, Donald Trump sa casquette rouge" et Emmanuel Macron, donc, ses poils. Une "forêt de virilité", que le journal compare à celles d’Austin Powers, l’espion déluré, ou de Barry Gibb, le chanteur des Bee Gees. "Déployer un tel trésor de guerre pour séduire les électeurs, est-ce une stratégie acceptable?", s’interroge The Telegraph, qui conclut que sur ce point, du moins, Marine Le Pen n’a "aucune chance".
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