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Le général Éric Vidaud, le chef du renseignement militaire français, remercié

Éric Vidaud, le chef du renseignement militaire français, quitte son poste, sept mois après sa nomination. Ce départ prématuré est le résultat d'une insuffisance de ses services sur l'invasion russe en Ukraine, mais aussi d'une réorganisation en interne, rapportent des sources à l'AFP.

Le chef du renseignement militaire français, le général Éric Vidaud, quitte ses fonctions. Il se voit notamment reprocher une mauvaise analyse des intentions russes vis-à-vis de l’Ukraine avant le déclenchement du conflit, rapportent des sources militaires et proches du dossier à l'AFP, mercredi 30 mars. 

Une source militaire a confirmé le départ immédiat du patron de la Direction des renseignements militaires (DRM), conformément à une information du site l'Opinion. Ce dernier cite une source interne au ministère des Armées évoquant des "briefings insuffisants" et un "manque de maîtrise des sujets".

Selon la source militaire contactée par l'AFP, la DRM était dans le viseur de l'état-major des armées depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Mais la DRM "fait du renseignement militaire sur les opérations, pas sur l'intentionnalité", a-t-elle estimé. Les productions du service concluaient que la Russie avait les moyens d'envahir l'Ukraine. "Ce qui s'est passé lui donne raison", a-t-elle fait valoir.

"On ne peut pas résumer ce changement à la seule situation ukrainienne. Il est aussi question de réorganisation du service", a souligné pour sa part une source proche du dossier.

Un poste occupé durant sept mois

Selon une autre source militaire interrogée par l'AFP, qui a elle aussi requis l'anonymat, le départ du haut-gradé faisait l'objet de rumeurs depuis quelques jours au sein de l'armée. Mais il était question qu'un autre poste lui soit confié, ce qui n'aurait finalement pas été le cas.

Le général Vidaud avait été nommé à ce poste l'été dernier, en provenance du Commandement des opérations spéciales (COS). Un de ses faits d'armes était la neutralisation, le 3 juin 2020, d'Abdelmalek Droukdel, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, tué lors d’une opération conduite dans le nord du Mali par les forces françaises. Il était notamment revenu sur la traque de ce chef jihadiste lors d'un entretien accordé en juin 2021 à France 24.

Sa nomination à la DRM avait été le fruit de jeux de chaises musicales qui avaient fait du bruit au sein de la communauté militaire.

La DRM jugée "défaillante" 

Début mars, peu après l'invasion de l'Ukraine par les forces russes, le chef d'état-major des armées, le général Thierry Burkhard, avait admis dans Le Monde des divergences d'analyses entre Français et Américains sur la question d'une possible invasion de l'Ukraine. "Les Américains disaient que les Russes allaient attaquer, ils avaient raison. Nos services pensaient plutôt que la conquête de l'Ukraine aurait un coût monstrueux et que les Russes avaient d'autres options" pour faire chuter le président Volodymyr Zelensky, avait-il reconnu.

De fait, les Américains ont obtenu du renseignement de très grande qualité sur les préparations russes et avaient décidé, plusieurs semaines avant l'invasion, d'en publier une partie pour tenter notamment de faire pression sur le président russe Vladimir Poutine.

"Le renseignement américain a battu la mesure et a utilisé le renseignement comme un moyen de pression. Cela marque le retour du renseignement comme levier de communication politique", a expliqué à l'AFP Alexandre Papaemmanuel, professeur à l'Institut des études politiques (IEP) à Paris et spécialiste du renseignement.

"La France fait de même. Elle dit en interne, au sein de la communauté et au reste du monde, qu'elle a été défaillante", a-t-il ajouté. Pour autant, il estime que la DRM ne saurait être la seule à blâmer et qu'elle souffre en particulier de moyens insuffisants, d'un problème d'image et d'une organisation des services en silos.

Avec AFP