
Noélie votera pour la première fois à l'élection présidentielle. Issue d'une famille de gauche qui ne votait pas particulièrement, la jeune étudiante s'est jetée à corps perdu dans la campagne en soutenant… Éric Zemmour. Portrait d'une ardente militante.

À tout juste 18 ans, Noélie compte, fébrile, les semaines qui la séparent du premier tour de l'élection présidentielle. "Je suis sûre qu'une fois dans l'isoloir, je serai très émue", confie dans un sourire la jeune fille qui se dit très émotive. L'impatiente ne ratera ce moment pour rien au monde. "C'est vraiment important de se rendre aux urnes : c'est une manière de s'exprimer, chaque vote compte. Je n'oublie pas que, lorsque ma grand-mère est née, les femmes n'étaient pas autorisées à voter en France". Voter n'est pourtant pas une pratique ancrée dans la tradition familiale. "Ma mère s'est invariablement abstenue et mon père a toujours voté blanc."
La jeune étudiante, en première année de lettres modernes à la Sorbonne, qui a passé son enfance à déménager au gré des mutations de sa mère, principale de collège, a d'ailleurs choisi d'aller plus loin dans sa démarche citoyenne. Depuis juin, elle est devenue militante au sein de Génération Z, l'équipe de jeunes qui soutient Éric Zemmour dans sa campagne. "J'aimais beaucoup les prises de position de l'intellectuel quand il passait à la télévision. Et quand j'ai entendu les rumeurs d'une possible candidature à la présidentielle, j'ai frappé à la porte de l'organisation pour savoir comment je pouvais être utile."
Nous sommes de nombreuses équipes dynamiques et très mobilisées pour soutenir Eric Zemmour. ????????????#JeNeSuisPasUnRobotEtJeSoutiensZemmour pic.twitter.com/RmokPpA80w
— Marie Durand (@MarryDrnd) February 3, 2022Peur du déclassement
Depuis, la jeune militante, plus convaincue que jamais, tracte et colle sans relâche. Elle déroule tantôt des banderoles pour le collectif "Les femmes avec Zemmour", tantôt pour "Génération Z". Issue d'une famille de gauche, la jeune adhérente de Reconquête ! s'est cependant toujours sentie plus réceptive aux idées portées par la droite. "Mais jusque-là, je ne trouvais pas de candidat qui incarnait vraiment mes idées. Valérie Pécresse représente tout ce que je déteste dans la droite : une candidate qui n'est pas en phase avec son discours et qui prône un libéralisme économique dans lequel je ne me reconnais pas. Et Marine Le Pen a complètement viré de bord. Finalement, plus j'en apprends sur Éric Zemmour, plus je suis confortée dans mon choix."
Originaire du monde rural, avec des grands-parents ouvriers qui ont connu la lente désindustrialisation du bassin minier de Moselle, la jeune militante est avant tout sensible au discours en faveur des campagnes porté par le candidat d'extrême droite. Notamment la prime exceptionnelle de 10 000 euros qu'Éric Zemmour souhaite attribuer à chaque nouvelle naissance dans une famille "de la France rurale" pour compenser les frais de transports, de garde d'enfants, ou de logement. Plus généralement, la jeune femme se reconnaît dans cette France décrite par le candidat qui se sent déclassée. "J'ai l'impression que l'école ne parvient plus à assurer l'ascension sociale qui existait au temps de mes grands-parents. Aujourd'hui, je sens que je ne peux que régresser."

Prier "très fort"
D'ailleurs, l'étudiante qui projetait un temps de devenir enseignante, ne sait plus bien quel métier exercer plus tard. Grisée par la campagne présidentielle, elle n'exclut pas de travailler un jour dans la communication politique. Même si la politique peut être violente. "Il nous arrive souvent de nous faire insulter quand on tracte. Certains se sont même pris des coups. C'est dur. Il faut une vraie force morale. Mais je crois tout de même que ça vaut le coup, car je suis persuadée que ça peut changer la vie des gens".
En attendant, Noélie sait déjà ce qu'elle fera le jour des élections. Issue d'une famille athée, celle qui est devenue catholique pratiquante sur le tard, se rendra à l'église et priera "très fort" pour son candidat avant de rejoindre les autres jeunes militants pour fêter les résultats. "Même si on ne gagne pas, on a fait tellement de bruit, qu'on ne pourra plus ignorer nos idées." Prochain objectif pour la jeune militante et ses nouveaux amis : obtenir un maximum de sièges aux élections législatives.