
La police suspecte un allié de la présidente philippine Gloria Arroyo d'avoir conduit le groupe qui a arrêté les hommes politiques, les avocats et les journalistes massacrés lundi dans le sud du pays.
Onze nouveaux corps ont été retrouvés, ce mercredi, sur le site du massacre perpétré lundi dans le sud des Philippines, portant à plus de 50 morts le bilan de la tuerie. Les premiers éléments de l’enquête indiquent que ces exécutions sont liées à des rivalités électorales. Le convoi visé par l’attaque se rendait en effet dans une localité de la région pour y déposer la candidature d'Esmael Mangundadatu au poste de gouverneur de la province de Maguindanao, sur l'île de Mindanao, en vue des élections de 2010.
Andal Ampatuan Jr, le fils de l’influent gouverneur de la province qui est également un allié politique de la présidente Arroyo, est considéré par la police comme le "suspect numéro un" du massacre. "Selon le rapport préliminaire, ceux qui ont été enlevés et tués à Saniag ont d'abord été interceptés par un groupe conduit par le maire de Datu Unsay [Andal Ampatuan Jr, ndlr]", affirme le porte-parole de la police nationale, Leonardo Espina.
De son côté, Gloria Arroyo, la présidente des Philippines, a promis que les auteurs de la tuerie n’échapperaient pas à la justice. "Il s'agit d'un acte de totale inhumanité qui fait planer une ombre sur notre nation", a-t-elle déclaré dans un communiqué, alors qu'un jour de deuil national a été décrété. Mardi, Mme Arroyo s'était attirée de nombreuses critiques en envoyant sur le lieu du massacre un émissaire spécial chargé de réclamer la coopération du clan mis en cause, plutôt que d'interpeller le suspect numéro un.
Rivalités claniques
“La question est de savoir si la police et les militaires vont réellement pouvoir arrêter les suspects, le gouverneur et son fils étant défendus par des milices privées", avance Dean Bernardo, le correspondant de FRANCE 24 à Manille, qui rappelle aussi que la région "est le théâtre de fortes rivalités claniques".
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L'armée et des proches des victimes avaient déjà relevé, mardi, la possible implication dans la tuerie de ce clan proche de la présidente. "Les suspects sont des gardes du corps de Ampatuan, des fonctionnaires locaux de la police, et des éléments incontrôlables", avait déclaré le porte-parole de l'armée, le colonel Romeo Brawner.
Parmi les victimes figurent la femme d'Esmael Mangundadatu et au moins 13 journalistes qui l’accompagnaient pour constater le dépôt de la candidature de son mari. "La communauté des médias est sous le choc, indique Sébastien Farcis, correspondant de RFI à Manille, pour FRANCE 24. On a affaire ici à la plus grande tuerie de journalistes dans le pays."
Le massacre a fait l'objet de nombreuses condamnations de la communauté internationale et du secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, qui l'a qualifié de "crime odieux", ce mercredi.